Exploration du passé des membres de
Judas Priest avec le premier disque sur lequel a chanté
Ripper Owens, «
Heart of a Killer », issu en 1993 d’un travail au sein de son premier groupe
Winters Bane. Ce groupe américain natif de l’Ohio, et du reste toujours en activité, était composé à l’époque de outre
Ripper, du guitariste Lou Saint Paul, du bassiste Dennis Hayes et du batteur Terry
Salem. Poussé par la curiosité, j’ai écouté ce disque et ai été agréablement surpris par ce que j’ai entendu.
La musique de
Winters Bane est un heavy metal classique, racé, mélodique et puissant, non sans points communs avec ceux de
Judas Priest et de
Mercyful Fate. «
Heart of a Killer » est un concept album basé sur le personnage fictif de Cohagen, un homme ayant reçu par transplantation le cœur d’un tueur en série. Bien entendu, cette transplantation ne tarde pas à avoir d’inquiétants effets sur le psychisme du personnage qui devient un meurtrier à son tour. L’ambiance est donc plutôt sombre et inquiétante...
Ripper Owens s’avère ahurissant de bout en bout sur ce disque, déployant un arsenal vocal étrangement encore plus impressionnant que durant son travail avec des groupes plus connus comme
Judas Priest ou
Iced Earth dans lesquels il évoluera par la suite. Les morceaux, eux, sont souvent assez complexes (la plupart dépassent les 4 minutes), avec de multiples variations et changements d’ambiances, du reste, très réussis.
Dès l’entame, avec « Wages of
Sin » et « Blink of an Eye », l’auditeur est frappé par la qualité du son, très clair, par l’efficacité des riffs, toutefois assez convenus, et par la beauté des soli très aériens. D'autre part, «
Heart of a Killer », morceau phare du disque doté d’un refrain efficace, voit une superbe envolée aérienne le conclure de la plus belle des manières. « Horror Glances », plus rapide, compact et agressif, traduit bien le trouble intérieur du personnage principal dévoré par ses démons intérieurs, la peur inhérente à son altération mentale, le remords de ses crimes. Presque à chaque fois,
Ripper Owens, tel un Rob
Halford ou un
King Diamond, place de vertigineuses montées des aigus qui donnent le tournis. Enfin, « The Silhouette », encore plus percutant avec un son de batterie renforcé, est une bombe d’énergie et de jouissance auditive pure.
Seule semi-ballade de l’album, «
Reflections Within » s’avère être un authentique chef-d’œuvre.
A l’ambiance introductive d’une cour de justice succède une alternance de passage rapides avec de superbes refrains plus lents et aériens poussés par des chœurs magnifiques où
Ripper se répond à lui-même. Aussi, «
Haunted House » qui prend le relai est un morceau efficace mais plus heurté et laborieux. «
Night Shade », bien que classique, est, lui, plus réussi avec ses refrains convaincants et un superbe passage mélodique en son centre. S’ensuit un instrumental, «
Winter’s
Bane », assez dispensable, montrant néanmoins les belles capacités techniques du groupe. « Cleansing Mother », qui termine l’album, joue toujours sur l’alternance entre couplets agressifs et superbes refrains plus mélodiques extrêmement fédérateurs.
En conclusion, «
Heart of a Killer » semble un album injustement sous-estimé, recelant une musique de haute qualité et d’une grande richesse, si tenté qu’on soit d’aimer le heavy metal classique. Certes, le style développé est très balisé, mais il faut bien reconnaître que le groupe excelle dans son exécution, faisant la part belle aux solos lumineux.
Ripper Owens, quant à lui, se montre impérial, jouant sur la force ou l’émotion, illuminant de mille feux ce petit bijou, à recommander à tout fan de heavy metal de tradition.
De plus, on saluera l’originalité du concept, preuve que certains groupes de hard peuvent réaliser des disques aboutis en sortant des clichés habituels sur les motards gras du bide et les délires pré pubères autour du satanisme ou l’heroic fantasy, trop souvent en vigueur dans ce style de musique.
Pour toutes ces raisons, «
Heart of a Killer » constitue pour moi un véritable coup de maître.
Merci pour la découverte de ce disque inconnu bien que sorti chez Massacre Records (d'où l'importance de la promotion).
De rien Grogwy, je recommande ce disque à tous les fans de heavy metal "de tradition" (Judas priest/Iron maiden)
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire