Vertige : Aux Solitaires !

Atmospheric Black / France
(2022 - Transcendance)
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Lyrics

1. LES SOLITAIRES

Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceuls
Goûtent la volupté divine d’être seuls.
Leur sagesse a pitié de l’ivresse des couples,
De l’étreinte des mains, des pas aux rythmes souples.

Ceux dont le front se cache en l’ombre des linceuls
Savent la volupté divine d’être seuls.
Ils contemplent l’aurore et l’aspect de la vie
Sans horreur, et plus d’un qui les plaint les envie.

Ceux qui cherchent la paix du soir et des linceuls
Connaissent la terrible ivresse d’être seuls.
Ce sont les bien-aimés du soir et du mystère.
Ils écoutent germer les roses sous la terre

Et perçoivent l’écho des couleurs, le reflet
Des sons… Leur atmosphère est d’un gris violet.
Ils goûtent la saveur du vent et des ténèbres,
Et leurs yeux sont plus beaux que des torches funèbres.

(Poème de Renée Vivien)


2. VERTIGE

Vertige,
Valse au pas que la mélancolie dirige
Vertige,
Tango que l’effroi de tomber de haut érige
Vertige,
Malaise dont le froid des falaises afflige
Vertige,
Manège des sensations au cirque de haute voltige

Vertige, recherche d’émoi dont les masos se grisent
Vestige des traumas que les abîmes figent

Vertige m’agrippe et me submerge
Chute libre à l’intérieur de mon être
Frisson dévorant, me tire dans le néant
Ivresse accablante, engourdit tous mes sens

Quand tout se meut en dedans et valse à l’intérieur
Je pense que je meurs et me sens si vivante.


3. LA PEUR DES REGRETS

Je ne supporte plus personne… Etre entourée m’angoisse et m’oppresse…
Leurs conversations m’ennuient, je n’arrive pas à me sentir concernée…
Leur présence m’étouffe, et je m’enfuis en pensée…
Et si mon enveloppe charnelle est là,
Mon esprit vagabonde de questions en questions…

Comment font-ils pour glisser sur la vie avec un tel détachement,
A se préoccuper de futilités et ne pas se pencher sur les choses importantes?
On dirait qu’ils ignorent que le temps est compté,
Que chaque embranchement est un choix lourd de conséquences,
On dirait qu’ils se laissent traverser par l’existence sans y goûter pleinement,
En prétendant que le soleil ne se couchera jamais…

Qu’est ce qui cloche chez moi?
Pourquoi dès que je suis ici tout devient simple et limpide?
Pourquoi c’est tellement plus facile de créer des liens avec un poulain sauvage,
Un beau caillou ou un bâton de bois?
Pourquoi le retour à l’état primitif me procure autant de satisfaction?
Pourquoi le monde moderne me fait aussi mal au ventre?
Et puis, qu’est-ce que je vais laisser ici?
Quels souvenirs vais-je emmener avec moi…?
Quels choix faire pour ne pas regarder derrière soi?
Et surtout, surtout!

Comment vivre pleinement sans avoir aucun regrets…?

Regretter les compromis, les discordes et les dilemmes,
Quand je ne parviens déjà pas à être en accord avec moi-même
Regretter d’avoir ruiné ma vie,
A suivre le mouvement plutôt que mes envies

Regretter d’avoir préféré les nuits sans sommeil
Pour la chaleur d’un corps qui sera parti un beau matin
Quand le froid, lui, ne m’abandonnera point
Et les chênes, chaque soir, m’endrapent de leur étoffes tissées de vermeil

Regretter une vie bien pleine qui me file la nausée
A porter autant de peines, de remords, de conflits
Quand c’est un décor épuré qui de joie m’emplit
Et ce vide que je porte rend mon cœur léger

Regretter d’avoir respiré à voix basse et marché à tâtons
Au lieu d’hurler a plein poumon les mots qui m’embrasent
Regretter d’avoir toujours choisi le silence et fait partie du décor
Plutôt que souffler dans un cor pour clamer l’écho de ma présence

La solitude c’est la liberté!
La solitude c’est la liberté!
La solitude c’est la liberté!


4. LA BALADE DE L'ETERLE

(Instrumental)


5. SEULE

Seule, émergeant tout sourire
Germe pâle d’une fraicheur bouillonnante d’énergie
Encre profond ses espoirs dans la course à la vie,
Bouton de rose timide qui va s’ouvrir.

Seule, confiante et pleine d’avenir
Au coeur jade d’une jeunesse débordante de passion
Surmonte la sécheresse des jours les plus longs
Rose fougueuse prête à s’épanouir.

Seule, l’insouciance envolée à souffrir
Dans le crépuscule ocre des sols gorgés de larmes
Des maintes et maintes déceptions a fait ses armes
Belle rose qui ne demande qu’à s’offrir.

Seule, impuissante en voyant la lumière faiblir
Par l’hiver à blanc saignée, se détourne du monde
Trop longtemps tiraillée, entre soleil et ombre
Rose fanée qui va s’évanouir.

Seule, courbant le dos dans un ultime soupir
Pour admirer au sol les stigmates de son trépas
Ramassis de feuilles entachées que l’hiver effacera
La tige couverte d’épines que personne n’est venu cueillir.


6. AUX INCOMPRIS DES INCOMPLETS

A ceux qui se vident au contact des autres
Et que seul le silence recharge
A ceux qui ne vivent pas pour le partage
Mais ont besoin de l’absence pour éclore
A ceux qui n’ont pas besoin d’un autre pour exister
A ceux qui ne redoutent pas les longs silences
A ceux que les foules dissolvent et marchent à contre sens.

A l’isolement comme rempart ultime!
A la solitude comme force suprême!
A ceux qui traînent la compagnie comme un boulet…

Aux solitaires! Aux orphelins!
A la gloire des farouches destins!
Aux êtres pleins qui se suffisent!
A l’ascète, au moine et à l’ermite!
Aux célibataires! Aux écorchés!
Aux humanistes désabusés!
Aux âmes sauvages et indomptables
Qui savent la joie d’être seuls à table.

Aux rejetés, aux non choisis, à ceux qui gênent et font tâche
Aux inadaptés, à ceux qui s’ennuient,
Qui n’arrivent jamais à trouver leur place
Aux impertinents, aux esprits crus, aux amoureux de la liberté absolue
Pas prêts à renoncer à leur autonomie.

A ceux qui peinent depuis trop longtemps
Dans les plaines verdoyantes de vos printemps
A qui la rudesse de l’hiver semble si douce
Et s’épanouissent là-haut loin de tous.

Aux être purs qui se contentent
D’un crépuscule ou d’une aube naissante
Pour s’enivrer de l’insolence de la vie
Et en saisissent toute la mélancolie.

A l’isolement comme rempart ultime!
A la solitude comme force suprême!
A ceux qui trainent la compagnie comme un boulet…
Aux incompris des incomplets!

Aux solitaires! Aux orphelins!
A la gloire des farouches destins!
Aux êtres pleins qui se suffisent!
A l’ascète, au moine, et à l’ermite!
Aux célibataires! Aux écorchés!
Aux humanistes désabusés!
Aux âmes sauvages et indomptables
Qui savent la joie d’être seuls à table.

Aux misanthropes! Aux cœurs déçus!
A la diète sociale comme seul salut!
Aux hommes trop grands pour être deux!
Aux âmes trop belles pour ces lieux!

Aux indestructibles puisqu’on crèvera seuls!
A soi-même et chacun pour sa gueule!
A la contemplation, dans le silence,
A l’introspection et à l’indépendance!
Au loup fuyant! Au vieux berger!
Au mouton noir et à l’ours isolé!
A la brebis galeuse qui traine la patte,
Et n’a pas peur de regarder la mort en face.


7. LES GRANDS PRECIPICES

C’est les grands sommets ou rien!
Si tu veux pas me suivre, attends-moi au refuge,
Et si je reviens pas, attends le déluge!
Tous les oiseaux, même les plus sauvages,
Ont besoin d’une branche pour se poser.
Comment fuir s’il n’y a pas de nid à quitter?
C’est les grands sommets ou rien!
Si tu viens pas tant pis, je pars en solitaire!
Faut que j’aille faire pleurer ma guitare,
Ecorcher ma gorge et coucher mon corps
Sous les pins centenaires,
Les gorges écorchées et les pics sanguinaires.
Faut que j’aille trouver le plus beau point de vue,
Bivouaquer au bord des plus grands précipices,
Pas de triomphes sans lourds sacrifices!
De toute façon, j’étouffe ici, trop de monde,
Trop de chaleur et trop de bruit,
J’arrive plus à m’entendre exister,
Besoin d’air pur et de simplicité…

Mais si tu veux t’encorder avec moi,
Poser tes crampons dans les traces de mes pas,
Tenter de vivre une belle aventure,
Donne ta main, et enfile tes chaussures!
Qu’est-ce qu’on risque à côtoyer les grands précipices?
Des flots d’adrénaline, des poils qui se hérissent?
Tu sais, moi non plus je suis pas entraînée, pas endurante,
Un peu flippée et certainement pas confiante…
Mais les balades prudentes sans relief, c’est pas pour moi…
Pour allumer un feu de forêt, faut bien craquer une allumette,
Alors prends ma main, et enfile tes raquettes!

Ce sera peut-être la plus belle randonnée,
Des panoramas majestueux, des lacs turquoises,
L’impression de toucher les cieux et les troupeaux de chevaux sauvages,
Un vent à décorner les isards et des cascades de sentiments…
Peut-être pas, mais alors, on aura essayé!
Et si on n’atteint pas le sommet cette fois,
On trouvera une rivière pour y noyer nos passés,
Un belvédère pour contempler demain,
Une corniche pour observer hier,
Et les ravins jonchés de cadavres qui gisent,
Ceux qui ont abandonné…
Alors on rejoindra la clairière pour s’y reposer
Et tenter une nouvelle ascension quand on sera prêts! Mais…

C’est les grands sommets ou rien du tout!
Si tu me suis pas, je m’en fous!
On se retrouve en bas, descends, je te retiens pas!
Tout comme rien me retiens ici-bas!
Putain, c’est quoi le sens de tout ça?!

Moi, je veux que toute la vie soit une enfance à la ferme,
A se rouler dans la paille, le crottin et l’insouciance,
S’allonger sous les pis des vaches pour s’abreuver du bonheur chaud et âcre
Que nous offre chaque jour, glaner des instants de joie brute,
Se salir les mains dans la naïveté la plus pure.
Je veux cueillir des fruits juteux et siroter de grands cépages à même le goulot,
Déguster des fromages coulants avec les doigts et se laver dans les cours d’eau,
S’allonger au hasard d’un verger ou d’un chemin caché
Lorsque l’envie de se dévorer nous attrape,
Créer des moments de pure romance avec un simple soupir,
Je veux m’appliquer à faire du présent éphémère une volupté parfaite
Pour fabriquer les plus beaux souvenirs!
Qu’on courre dehors quand un orage éclate
Pour fusionner dans une danse charnelle de pluie et de sueur,
Je veux des crépuscules enflammés et des nuits qui jamais ne finissent,
A faire l’amour au bord des plus grands précipices!
Mais pas demain, c’est tout de suite ou jamais!
C’est maintenant que je veux boire l’univers par toutes mes pores,
Je veux palper, humer, écouter la pluie, le vent, le soleil,
Sentir les pulsations de mon sang et l’air glacé qui brûle mes poumons!
Je veux m’enivrer chaque matin du sourire bienveillant de l’aube
Comme une offrande pleine de nouveaux espoirs,
Je veux frotter du silex et répandre des étincelles de hargne sur nos chemins,
Remplir nos poumons des bruyères et des embruns,
Des pinèdes et des côtes escarpées.
Je veux embrasser chaque instant à m’imprégner de la nature,
Et que nos noirceurs se complètent dans une osmose de lumière pure!
Et chaque soir, semer des feux grégeois dans une candeur émue.
Je veux bouffer du sable, de la neige, vomir des poèmes et des arpèges,
Je veux peindre ces paysages avec mon sang et mes crampes,
Je veux graver dans la roche nos deux noms comme une estampe!
Je veux aimer, à m’en donner le vertige,
Ouvrir mes bras à qui me tirera loin des fleuves tranquilles,
Et si le destin encore et toujours me fustige,
Je tomberai droite, les bras en croix, et le regard qui brille!
Je veux rire et pleurer de passion,
Je veux ramper de chagrin en souhaitant crever,
Terrassée par la perte à fixer le ravin!
Je veux que résonnent dans toute la vallée les hurlements de mon supplice,

Je veux me casser la gueule du haut des plus grands précipices!

Il parait qu’il faut pas crever sans cicatrices!

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