Que se racontent deux fous quand ils se rencontrent…des histoires de fous.
Que se racontent deux vieux quand ils se rencontrent… des histoires de vieux.
Que se racontent deux Rockers quand ils se rencontrent… des histoires de Rockers.
Et quand deux vieux fous de Rockers se rencontrent… ils se parlent de leurs jeunes temps, leurs succès et leurs projets.
J’imagine assez bien la scène, deux sexagénaires confortablement installés sur un canapé moelleux, les pieds douillettement enfoncés dans une moquette épaisse, un verre du meilleur scotch à la main, papotant souvenirs, la discussion dérivant vers les projets de chacun, les deux en ayant un qui implique l’autre, mais pas le même.
Alice, a bien envie de faire une suite avec Bob Erzin aux manettes à son dernier album "
Along Came a Spider…" il manque toujours une patte à son «
Spider». Mais Bob, lui, en cette année 2010, verrait bien pour fêter les 35ans du plus gros succès d’
Alice Cooper, une suite à "
Welcome to My Nightmare", album qu’il avait lui-même produit, comme maints albums d’
Alice. La discussion a dû être longue et animée, mais c’est Bob Erzin qui arrache le morceau.
Parlez en à
Ace Frehley, c’est bien connu, Bob Erzin est l’un des producteurs les plus persuasifs et intrusifs qui existe. Mais, force est de constater que même si parfois, il peut faire mal à l’égo de certains membres des groupes avec lesquels il travaille, le résultat est souvent à la hauteur des quelques vexations endurées.
Spider attendra bien encore un peu… mais surement pas 35ans.
Et pour l’occasion, pourquoi pas ne pas marquer un grand coup… la reformation du
Alice Cooper Group de la grande époque (qui, entre parenthèses, venait de splitter juste avant l’enregistrement de "
Welcome to My Nightmare").
C’est donc avec allégresse que les deux vieux compères se sont attelés à la tache. Commencent par co écrire la majorité des titres (12 sur 14) aidé dans la tache par quelques requins de studio, anciens et nouveaux acolytes. Des titres à la façon
Old School, variés et ouverts, flottant entre le Rock, le
Hard et le Heavy à l’Américaine.
Y ajoutant un son et des influences actuelles.
Donnant un résultat, pas forcément dans l’attente des fans actuels.
Qui ne déroutera pas forcément les anciens.
Mais en tout cas, et à quelques égards, surprenant.
Dès les premières mesures de l’intro de "I Am Made of You", nous retrouvons le thème de "Steven", le héro de "
Welcome to My Nightmare" (coécrit avec Desmond Child coauteur du mythique "
Poison" et de… "I Was Made for Lovin’ You" de
Kiss… Entre autres) petite ritournelle au piano, digne du rappel de l’épisode précédent en générique de début d’un film d’angoisse, qui nous prépare au découpage très cinématographique de cet album, chaque titre étant une atmosphère musicale pour chaque scène de ce nouveau cauchemar.
"I Am Made of You" poursuit sur un rythme lent et mélancolique, la voix vocoder d’
Alice cooper accentuant cette atmosphère, un beau morceau profond orné d’un superbe solo de guitare lumineux et salvateur. Un des rares titres "sérieux" de "Welcome 2 My
Nightmare" plutôt axé second degré, pour un cauchemar plus Scary Movie que
Scream.
Comme le Rock and Rollant "Caffeine" ou le désopilant "Disco
Bloodbath Boogie Fever" espèce de mix entre le "
Genius of Love" de Tom Tom Club (pour la mélodie), le Eminem moqueur des débuts (pour la voix) et les Leningrad Cow Boy (pour les Chœurs style armée rouge avec 0.5 gramme de sang dans la Vodka), le metalleux proche de la crise d’apoplexie devra attendre l’accélération du dernier break pour reprendre des couleurs avec un solo de
John 5 qui le remettra d’aplomb.
Pour la suite de cet album qui pourrait bien se révéler un véritable cauchemar auditif pour les plus réfractaires au style très varié de cet opus qui pour d’autres, dont je suis, est un régal.
Variété qui passe par le Rock Hillbilly et assez ébouriffant de "A Runaway Train", le Jazz New Orléans de "Last Man on
Earth", le
Hard Rock teinté de Prog de l’excellent "The
Congregation", ou le Punky façon Ramones de "
Ghouls Gone
Wild", la berceuse schizophrène "
The Nightmare Returns" ou la très
Kisséenne balade "Something to Remember Me by" sur laquelle la voix d’
Alice Cooper ressemble furieusement à celle de
Along Came a Spider, ce n’est d’ailleurs pas la seule référence qui me rappelle
Kiss, mais il n’y a là, rien de particulièrement étrange,
Kiss et
Alice Cooper étant de la même école, et Bob Ezrin étant un autre point commun entre les deux dinosaures du Heavy Rock made in USA.
En effet, le fan des 2 (dont je suis…) ne pourra que trouver une certaine ressemblance entre "All for the
Glory" (Sonic Boom) au niveau du phrasé du refrain et "What Baby Wants", le titre qui suscitera surement le plus de controverses, et finira d’achever le pauvre metalleux cité plus haut. Duo de chant et d’écriture surprenant entre
Alice Cooper et une égérie de l’Electro Pop Dance moderne, Kesha qui pourrait entrainer des envies d’éradication du genre humain à n’importe quel Black Metalleux un peu fragile.
Alice a eu le coup de cœur pour cette jolie blondinette sur la scène des Grammy Award où il lui a proposé la botte, et dont est né ce titre Electro Dance qui devrait faire un carton sur la bande FM US.
Un titre surprenant, que je trouve très bon et qui fait bien la synthèse de ce "Welcome 2 My
Nightmare", une production impeccable d’une qualité sonore irréprochable, et des titres pleins d’audace, quitte à déconcerter la frange dure de l’auditoire d’
Alice Cooper, même si après plus de 40ans de carrière on peut s’attendre à tout (et même n’importe quoi) de la part du psychotique Vincent Furnier.
Autre réminiscence
Kisséenne (à mes oreilles) les "Yeah Yeah" ("Say Yeah" "Sonic Boom") et un petit air de "
Radioactive" ("
Gene Simmons" Solo
Kiss) sur le très Rolling Stonien et magnifique "I Gotta Get Outta Here".
L’album se finit sur un instrumental, "The Underture" faisant la part belle bien sur au Group, générique de fin, qui reprend comme souvent maintenant au cinéma, quelques extraits des meilleures scènes, un montage intelligent des nouveaux titres et du titre éponyme du premier épisode.
Un album qui, pour ma part, est une vraie surprise et un plaisir que je ne boude surtout pas.
Bien sûr, il est en rupture avec les dernières productions d’
Alice Cooper. Il serait plutôt un hommage à l’époque lointaine de ses débuts et à la reformation provisoire du
Alice Cooper Group. Un album classieux, drôle, ouvert et varié, à la production exemplaire.
Qui plaira surement plus aux vieux Hardos (dont je suis) qu’aux Metalleux friands de Headbanging.
Plus rare en musique qu’au cinéma, les suites, si elles ne sont que des suites non prévues au départ (comme les Star Wars) sont bien souvent décevantes. Ceux qui s’attendaient à une vraie suite au "
Welcome to My Nightmare" de 1975 resterons surement sur leur faim.
"Welcome 2 My
Nightmare" serait plutôt à prendre comme un album de retrouvailles et de souvenirs remémorés vu avec les yeux d’aujourd’hui ? Comme le souligne la pochette, qui n’a pas la classe de celle de 1975, mais reprend les mêmes codes mais réactualisés 2011, plus
Trash, plus kitch, et plus second degré.
fabkiss
J'ai honte.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire