We Have Arrived

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16/20
Nom du groupe Dark Angel (USA)
Nom de l'album We Have Arrived
Type Album
Date de parution Mars 1985
Style MusicalThrash Metal
Membres possèdant cet album143

Tracklist

1.
 We Have Arrived
 04:07
2.
 Merciless Death
 04:28
3.
 Falling from the Sky
 04:23
4.
 Welcome to the Slaughter House
 05:23
5.
 No Tomorrow
 06:31
6.
 Hell's on Its Knees
 04:14
7.
 Vendetta
 04:27

Durée totale : 33:33

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Dark Angel (USA)


Chronique @ largod

05 Septembre 2012

Brutal, vous avez dit brutal ?..

Casque de walkman vissé sur les oreilles. Brosse à dents, main droite. Dentifrice, main gauche. C’est parti. Le brossage de dents matinal en ce printemps 1985 se fait avec Dark Angel à fond les ballons dans les esgourdes ! Année du BTS pour ma part et année teintée de thrash metal naissant, par pelletées remplies à ras bord. Pour autant, je ne concède aucun arrachage de dent par mégarde ou écorchure de la gencive, occasionnés par un massage inapproprié dépassant la vitesse du son. Le risque n’était pourtant pas neutre quand on se penche sur la brutalité primaire de ce disque, sorti durant la période dorée des pionniers du riff main droite défiant les lois de la mère Nature.

Tout commence en 1981.
En France, l’alternance politique voit le jour, un soir de 10 mai sous l’orage, alors que l’underground californien, de l’autre côté des océans, accouche dans ses garages, ses bars et ses clubs de combos dont l’attitude et la musique laissaient penser que le punk avait semé avec un certain succès les graines d’urgence et de violence au cœur du mouvement de la scène rock du coin. Comme au Royaume-Uni, le renouveau du hard-rock, qui vit le jour avec une nouvelle vague de jeunes groupes tous aussi intrépides et imaginatifs les uns que les autres, prit sa source dans le substrat du punk des années 75, qui telle une comète traversa un monde jusqu’alors « propriété » des Noirs américains. Le blues et le rock basculèrent en deux décennies dans un univers expérimental et libertaire où les styles successifs renouvelaient en permanence un genre et une musique dont on ne parvenait plus à distinguer les limites.

Dans ce fourmillement de groupes déversant une toupie de décibels à chacun de leurs gigs se trouvait Shellshock, issu de l’association de trois étudiants de l’université de Downey, banlieue de Los Angeles.
L’écumage des salles débuta avec Don Doty au micro, Jim Durkin aux guitares ainsi que Rob Yahn à la basse auxquels se joignit Mike Andrade aux fûts. Ils s’illustrent immédiatement dans un style saccadé et sauvage, offrant des titres rapides ou heavy avec les changements de tempos nécessaires sans oublier des parties instrumentales assez longues, espaces de créativité accordés à ces croisés de la NWOHM version US.
Leur première démo 8 pistes de 1982 « Gonna Burn » abordait un registre malin sans être forcément satanique, alliant l’enthousiasme de leur jeunesse à une envie d’agresser leur auditoire avec un heavy-metal ouvertement affiché. Une seconde démo vit le jour en 1983 « Hell’s on its knees » où figurait déjà le morceau « We Have Arrived » en titre introductif. Shellshock change alors de patronyme au profit de Dark Angel. La voie du thrash est désormais toute tracée pour ce groupe ayant gagné en confiance avec ses deux premières démos et prenant un virage moins heavy-metal virulent classique mais plus crade et indubitablement violent.
Le travail de sape commence à porter ses fruits en 1984. Après avoir conclu l’arrivée d’un lead guitariste en la personne d’Eric Meyer et un changement de batteur, poste désormais occupé par Jack Schwartz, Dark Angel attire les convoitises de Metalstorm records, eux-mêmes associés pour l’Europe avec la légendaire maison de disques Axe Killer. Les sessions d’enregistrement d’un premier album débutent durant l’été 1984 aux studios Track Records d’Hollywood avec un certain Bill Metoyer au pupitre de producteur.

Vous tenez dans les mains une galette qui ressemble plus à une grenade dégoupillée qu’à une jeune vierge prenant son bain dans un épisode de Game of Thrones. Chose difficilement envisageable pour cette dernière, je dois le concéder… Les trente trois minutes de cette première œuvre discographique offre un creuset incandescent de titres vicieusement rapides et outrageusement violents et puissants. Ce n’est pourtant pas la qualité du son qui vous cloue aux murs tant elle est perfectible et le résultat d’une recherche d’équilibre impossible entre tonalité brute et propreté quasi clinique. La batterie finit par se trouver mise en avant dans une sonorité de casserole sur la caisse claire et la plupart des toms alors que la basse « mange » presque une des deux guitares jouées pourtant en doublette sur les riffs. Heureusement, il y a ce divin bruit de double pédale, ce chant aux confins du delirium et l’originalité des tempos de guitares. Et Gene Hoglan n’a pas encore pris place sur le tabouret du forgeron…

L’introduction martiale et monumentale de « We Have Arrived » illustre à la perfection le style de Dark Angel : roulement de grosses-caisses, basse de plomb, arpège de guitares et go ! On fonce dans le tas, dans le gras de la viande, tout en esquivant le moindre accroc de monotonie ou de manque de rapidité. Le chant parfois aigu mais gravement énervé de Don Doty se pose sur un rythme thrash post punk saccadé où le bourdonnement des guitares et le bump de basse se saupoudrent d’une pointe de Slayer époque « Show no Mercy ». Ca déménage fort et le style propre à Dark Angel s’installe insidieusement dans un thrash que l’on écoute avec recueillement pour en distinguer la substantifique moelle, comme une envolée d’orgue dans une cathédrale (et toc, Sam !).

Le groupe se lance aussi, peut être à l’insu de son plein gré, dans d’improbables clins d’œil comme l’excellent « No tomorrow » où l’on y retrouve un chant à la Dan Beehler d’Exciter et une structure proche de son « ainé » canadien. Une introduction lente et lourdingue puis l’accélération fait décoller ce heavy rock en un morceau thrashisant complexe mais redoutable au combat en corps-à-corps. De bons soli agrémentent ce titre punchy à souhait aux relents de sonorité orientale et sur lequel l’ami Schwartz pédale et castagne avec allégresse. Deuxième pied de nez flagrant sur le divin « Vendetta ». Alors que sa construction, basée sur une monstrueuse harmonie basse/batterie, donne l’effet d’un rythme de sauvagerie sans cesse contenue, le break s’aventure sans égard et furtivement je le conçois dans l’univers d’Iron Maiden. Les retours de corde de la basse de Rob Yahn plantent ensuite le décor derrière de magnifiques soli des deux compères guitaristes. Le refrain d’école de Don Doty nous accompagne jusqu’à la fin d’un titre sclérosé par le chromosome du thrash-core.

Après la sirène annonciatrice de bombardement imminent de la Seconde Guerre Mondiale, « Falling from the Sky » déboule tel un déluge de feu avec un riff tranche-bidoche et un cri d’horreur. Omniprésente en arrière plan, la basse fait office de beurre sur une tartine au petit déjeuner, cette dernière prenant l’allure d’une ligne de batterie torturée utilisant la double pédale for à propos. Les guitares découpent à la scie circulaire un tempo de damné bien punkcore et Don Doty nous met en garde avec son « Watch the sky, death is near », entonné dans un style désormais bien singulier.

Ce premier album aborde aussi les rivages de l’hyper speed, j’allais dire de l’hyper espace, avec trois morceaux qui figurent au Panthéon du Thrash, balbutiant tel un nouveau-né au milieu de ces années 80. A n’en point douter, il s’agit d’un garçon, bien couillu et déjà peu avare en rots aussi sonores que salvateurs…
Première salve avec « Merciless Death » dont l’introduction de guitare solo est bien vite rattrapée par un riff en acier trempé, administré sans ménagement en doublette et largement au-delà de la zone rouge du compte-tours. La partie de double grosse-caisse est d’anthologie et se hisse au niveau de vitesse que Jim Durkin et Eric Meyer imposent à ce brulot de mastodonte. Le chant de Don Doty atteint des sommets de virulence. La reprise du main riff après le fabuleux refrain, le pont ou les soli donnent aussi l’occasion à la basse de bulldog de Rob Yahn d’épouser la rythmique implacable des guitares et de son collègue derrière les fûts. Grand moment, grand classique.
Seconde attaque en règle avec « Welcome to the slaughterhouse » assez normalement entamé sur un extrait de « Massacre à la tronçonneuse », connu à l’époque pour être un des films d’horreur les plus terrifiants. Force est de reconnaitre que depuis, le septième art a largement dépassé avec effets spéciaux et images numériques les confins du sordide et de l’absolue abomination. Plombées par une basse à la Slayer et un blast timide mais brutal de batterie, les guitares plantent leurs riffs subsoniques dans nos petits cerveaux de jeune Padawan du thrash. Mention spéciale encore une fois à Jack Schwartz qui tire son épingle du jeu avec quelques brèves mais efficaces intrusions sur ses toms medium et un pilonnage de malade sur sa double pédale, qui rehausse un refrain dantesque et largement passé à la prospérité. Don Doty conserve dans son chant un timbre de possédé au milieu d’un déluge de décibels.
Troisième coup de semonce avec l’orgiaque « Hell’s on its knees » qui cache bien son jeu derrière un début de titre à la guitare sèche très en vogue avec Metallica, moment de répit avant le lâchage des fauves. Surgissent alors blast de batterie et riffs de meuleuse tranchant le plus dur des granit comme une feuille de papier à cigarette. Le shredding à tous les étages donne une teinte cosmique à la doublette Durkin-Meyer et Don Doty se lâche dans des cris de porcs que l’on égorge. L’avalanche de furie musicale et la brutalité primaire du propos tissent une toile mystique à ce défouloir ultime.

Les bases sont donc là. Celles du speed-thrash sans concession, puisant dans les racines du rock et l’anarchie du punk-core les chromosomes nécessaires à son identité.
Dark Angel ne révolutionne pas, il suit une évolution et un mouvement de fonds, digérant dans son style brutal et efficace les influences passées avec un bonheur et une pointe de réussite évidents. Il y aura ensuite un nouveau stade de brutalité avec « Darkness Descends », étape suivante et logique du parcours initiatique des « adolescents » d’un style façonnant ses limites au gré de l’imagination sans fin de ses musiciens.
Brutal, vous avez dit brutal ?

Didier – juillet 2012

26 Commentaires

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largod - 17 Septembre 2012: Sempiternel débat sur la notation.
Fabien le remet en perspective.
En ce qui me concerne, l'effet de nouveauté à l'époque m'a laissé cette affection primaire et donc 18. Grenade dégoupillée pour les 80...
largod - 18 Septembre 2012: Tout se discute wodulf et je respecte ton point de vue.
J'avais en ce qui me concerne un mal fou à écouter Bathory plus de 3 minutes à l'époque.
Depuis mes oreilles et tympans ont maturé comme toi...
LeMoustre - 19 Juin 2013: Bon, 11/12 , c'est peut-être un peu dur, mais bon, je ne le trouve pas déterminant, même pour l'époque. A comparer avec un "Hell Awaits" sorti la même année, on est quand même un gros ton en dessous. Mais bon, je suis sur ce coup là peut-être un peu sévère. Et puis, je trouve le son assez pauvre, ce qui n'aide pas, il est vrai à aller plus haut.

Je révise ma note à 13.
grogwy - 16 Novembre 2016:

Un album sur lequel l'influence du "Show No Mercy" (1983) de Slayer est plus qu'évidente (les deux groupes sont natifs de Los Angeles).
Malgré une production très brute (palpable dès les premières secondes du titre "we have arrived"), Dark Angel nous livre un disque de très bonne qualité.
Un grand merci au petit label français Axe Killer Records pour avoir distribué cet album chez nous, et avoir permis la découverte de ce talentueux groupe.

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Commentaire @ GLADIATOR

23 Octobre 2008
Le thrash "old school" revient en force, ce n'est pas un hasard, et c'est tant mieux !

Warbringer, Dekapitator, Blood Tsunami et plus récemment Toxic Holocaust font un tabac avec leurs albums (excellents). Je vais vous parler d'un album "thrash" plus ancien et un peu moins connu : "We Have Arrived", le premier album du groupe Dark Angel.

Sorti en 1984, mais heureusement réédité en 2007, cet album pose les bases d'un "thrash metal" brutal et sans concession.

Les cinq musiciens de Dark Angel ne sont pas des virtuoses, mais s'y entendent pour dévaler les pentes du thrash à grands renforts de riffs-tronconneuses, de rythmes (très) rapides et de vocaux suraigus (Don Doty est plutôt un bon vocaliste).
Bien sûr, la production est rudimentaire, la mise en place parfois "bancale" ( un peu comme sur les premiers Destruction), mais l'intention est bien là : nous passer les tympans au papier de verre ! Et c'est réussi ! (aîe !)

Amateurs de subtilités progressives, passez votre chemin...

Amateurs d'émotions fortes et authentiques ; si vous avez aimé les premiers Destruction et le premier Slayer, ou si vous écoutez Testament, Exodus ou les premiers Kreator :
bienvenue chez Dark Angel !

17/20 Glad.

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