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Michael Romeo, nous rappelle, sans ambiguïté, que c’est bien lui, et personne d’autre, le taulier du genre »
Rock
Hard (Fr)
C’est exactement la conclusion à donner à la critique de ce disque. Le power progressif n’est pas forcément le style qui produit le plus de disque dernièrement et la qualité est finalement assez relative. Beaucoup d’opus, peu d’élus et encore moins des albums qui restent dans le temps, que l’on ressort années après années et, qu’ils soient fondamentalement originaux ou pas, marquent le genre.
Symphony X n’étant pas spécialement le combo le plus productif du monde (un album tous les quatre ou cinq ans…),
Evergrey voyant son chanteur rejoindre
Redemption (qui vient de sortir un album très intéressant),
Pyramaze restant toujours aussi discret, les sorties marquantes semblent toujours aussi peu nombreuses. Qu’attendre de cet opus solo ? Une volonté de sortir des sentiers battus comme Russell Allen avec son projet solo ou
Adrenaline Mob ? Un disque de guitar hero comme Petrucci ?
S’adonnant à ses démons pour base de l’opus (les technologies artificielles et surtout "La Guerre des Mondes" de H.G Wells qui donne le nom à l’album), Romeo, allons-y directement, vient de créer le formidable chainon manquant entre deux des meilleurs disques de son groupe, à savoir "The Odyssey" (2002) et "
Paradise Lost" (2007).
Plus agressif que le premier, plus lyrique que le second, "
War of the Worlds – pt I" (ce qui laisse augurer un second chapitre) est le lien entre les deux pour ceux qui avaient subi un certain choc auditif lorsque le destructeur "
Paradise Lost" avait été dévoilé il y a plus de dix ans.
Débutant en reprenant le thème de John Williams, "Introduction" est déjà un savant mélange des genres, entre soundtrack, émergence de riffs à la technicité effarante et envolées solistes redoutables. L’américain prend son temps avec cet instrumental de trois minutes qui va lancer sur orbite "Fear the Unknown" qui nous offrira la première énorme surprise : la voix de Rick Castellano. Sorti de nulle part, ayant déjà participé à des tournées de plusieurs groupes mais effectuant son premier travail studio, le chanteur fait forte impression puisque c’est bien à Allen que nous pensons quand nous écoutons le style si caractéristique du guitariste. Si son timbre contient des similitudes, il efface rapidement les comparaisons par son talent, sa propension à placer un refrain redoutable dès le premier titre pendant que Romeo livre un riff destructeur, bougeant constamment et donnant mal au crâne aux apprentis guitaristes. Rythmiquement, le ‘sieur s’est entouré de personnes de confiance, avec notamment John Macaluso (qui a joué avec
Ark ou justement
Symphony X en live quand
Jason Rullo suit son traitement). Ce premier titre regorge d’idées, dans son solo ou la reprise justement, qui attend une mesure pour reprendre le refrain, surprenant l’auditeur et prouvant que le guitariste cherche à ne pas tomber dans des schémas éculés et évidents.
Lorsque "Black" arrive derrière, on pense forcément à l’énorme "
Domination", tant la puissance du titre est impressionnante. Produit de main de maitre, pétant littéralement à la gueule de l’auditeur, "Black" est une bombe du genre, entre arrangements grandiloquents et riff principal dantesque. La rythmique donne une envie irrépressible d’headbanger et de sauter comme un forcené. La ligne vocale se fait plus dure, plus directe, le riff est moderne mais le pré-refrain est une merveille mélodique qui monte en puissance et se noircie jusqu’à la fin du refrain. Le break est tétanisant de puissance (ce riff diantre !!) et prouve, pour ceux qui en doutaient encore, que Romeo est bien plus qu’un shreddeur et privilégie la puissance brute à la simple dextérité démonstratrice. Il n’y a qu’à écouter le riff de "Differences" pour s’en convaincre, surplombé par des orchestrations de grande qualité et un travail de titan sur les lignes vocales, enivrantes dans les parties mélodiques et surpuissantes lorsque la musique le demande.
Cependant, plus qu’un simple opus solo, "
War of the Worlds" est la continuité d’un travail commencé il y a plus de vingt cinq ans, toujours porté vers l’avant et l’expérimentation. Ecoutez donc ce fabuleux "F*ucking Robots", thème déjà évoqué dans "
Iconoclast", qui se permet le luxe de mêler de solides orchestrations, une multitude de sonorités électroniques, de la dubstep et un riff dans la pure veine de Romeo ! Sans structure classique, Castellano y chante par des envolées mais n’y incorpore aucun vrai refrain, rendant ce titre (de presque cinq minutes quand même) comme un long intermède absolument génial qui ouvre "
Djinn" qui lui s’ouvre à des ambiances plus orientales, avec toujours ce travail faramineux de guitare (on comprend mieux le temps qu’il met à travailler ses titres) et une ambiance plus ésotérique dans les chœurs et les claviers. Un long break instrumental de trois minutes survole le titre, de son solo de guitare à ses ambiances arabisantes, faisant encore une fois très BO de film. Un aspect qui atteint son paroxysme sur "Believe", évoquant assez nettement (presque trop) le morceau-fleuve "The Odyssey", surtout sur les parties instrumentales et le côté « peplum » du rendu final. C’est la même chose sur "
War Machine", instrumental de trois minutes qui comporte certaines parties ahurissantes de techniques mais aussi des passages qui ressemblent énormément à "The Odyssey" mais avec la puissance des albums qui ont suivi, d’où la sensation de chainon manquant comme évoqué précédemment. Il sert d’introduction à "Oblivion" sur lequel le vocaliste subjugue proprement dans son attaque vocale et le coffre qu’il développe (s’il chante comme ça en live, c’est bingo !).
Une conclusion ?
Michael Romeo donne la leçon et colle la branlée de l’année à tous les progueux, ceux qui veulent être khalife à la place du khalife ou encore ceux qui pensent que la technique est une fin en soi et non un moyen. "
War of the Worlds" est le meilleur album du genre depuis un petit bout de temps et nous fait déjà saliver à l’évocation de sa suite. Est-ce que ce sera avant ou après un futur
Symphony X ? En plus d’être entre les mains du guitariste, c’est peut-être du côté des musiciens très occupés (Allen bien sur mais aussi Michael Lepond) que la réponse se dessinera. En attendant, profitez-en. Le maitre nous a donné un festin, régalons-nous.
Très belle chronique Eternalis, et je confime que cette album est une très belle réusite à tout niveau, je rajoutérais juste, vivement la Pt.2!!
lynch42 : non non, Tom reste évidemment dans Evergrey :)
Roméo confirme que c'est lui le taulier de Symphony X et que sans lui, il ne resterait rien du groupe..Preuve en est ce savant mélange entre Iconoclast, odyssey et paradise lost.= ou tous les fans de symphony x se retrouveront sans problème..
Musiciens excellents, production pas trop démonstratrice avec une bon mixage des instruments. Même si la gutare est bien sûr omniprésete elle sait laisser la place au chant notamment.
Excellent
Je le savoure depuis un bon moment, il est terrible, le seul infime bémol c’est qu’il rappelle énormément SYMPHONY X sans s’en détacher vraiment.
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