De l'aveu même de son guitariste emblématique François Merle, le processus de composition de Recidive fut complexe et rendu ardu par quelques raideurs auxquelles
Manigance n'était pas accoutumé. Des difficultés mises encore davantage en exergue par les longueurs inutiles dont souffrait cette œuvre bien trop longue. Avec ce nouvel opus baptisé Volte Face, le musicien et ses comparses nous promettent un retour aux sources et ce afin de retrouver une certaine fluidité et un certain appétit pour des constructions plus simples et efficaces, pour des passages moins alourdis de claviers et le tout avec des guitares plus présentes. Un bienfait en somme après un disque trop complexe et trop riche. Cependant, méfions-nous des affirmations trop enthousiastes et trop prometteuses car même l'enfer est pavé de bonnes intentions. Alors qu'en est-il de ce dernier
Manigance?
Afin de nous débarrasser des détails, commençons donc par évoquer les quelques changements importants de line-up qui seront venus secouer
Manigance à l'aune de ce nouvel opus. Parlons du départ du talentueux Daniel Pouylau et de celui de Marc Duffau. Rien moins donc que la section rythmique complète du quintette. Lorsqu'on sait avec quel brio ces deux-là auront transcendé les derniers travaux du groupe, l'inquiétude nous aura alors d'emblée saisis de sa main glaciale. Fort heureusement, Guillaume Rodriguez et Stéphane Lacoude (ex-arsenic, ex-blind
Panther (USA)) viennent assez vite nous rassurer sur ce point. L'assise est ici suffisamment proche de celle d'autrefois, surtout techniquement, pour que l'auditeur ne se sente pas lésé.
Evoquons dès à présent les autres sources de satisfaction de ce plaidoyer. A savoir le chant de Didier Delseaux toujours aussi exemplaire et sa plume tantôt poétique tantôt plus acerbe qui nous régale. Mais aussi ces guitares qui, effectivement, sont bien plus présentes. D'ailleurs l'excellent Leader, et son refrain direct et abouti, fédérateur et facilement assimilable, nous présente un
Manigance à sa quintessence tel que l'auditeur exigeant, amateur des travaux de ce collectif, ne l'avait plus entendu depuis fort longtemps. Sans Relache et son entame quiète avant que ne viennent nous bousculer quelques riffs bien sentis, Planet Zemlya, un morceau au titre ukrainien choisi pour des raisons, malheureusement, évidentes, et dont les accents nous ramènent à Ange ou Démons, sont autant de chansons séduisantes.
Tout comme d'ailleurs cette version de Say it Ain't So, qui fit initialement la renommée de Murray
Head en 1975, et sur laquelle Didier Delseaux aura écrit un texte sombre en français lui rendant sa saveur première puisque, contrairement à ce que d'aucuns crurent, elle n'est absolument pas l'expression d'un romantisme achevé mais celui d'une impuissance face à la trahison et à la corruption.
Les quelques voix gutturales accompagnant Le Côté Sombre et Ultime Atome sont séduisantes et offrent à ces titres un peu de nouveauté salutaire ainsi qu'un charme indéniable. Elles sont l’œuvre de Jean Lahargue, officiant ici en tant que claviériste et qui fut un ancien chanteur de Death
Metal.
En outre, cette impression de retour aux sources est un constat qui nous étreint assez souvent à l'écoute de ce manifeste tant la filiation le rattachant aux travaux proposés par Didier Delseaux et ses camarades durant cette année 2002 est notoire.
Bien meilleur que son prédécesseur, ce disque ne parviendra pourtant pas à nous convaincre pleinement.
Manigance y déclame son Heavy Speed Mélodique aux relents Progressifs avec un talent certain mais en empruntant des chemins et en nous dévoilant des paysages où les surprises sont souvent minimes (Pur Sang, Le
Mirage, Apparence...). Il aurait sans doute été inspiré de prendre davantage de risques. Il aurait sans doute été souhaitable que ces quelques timides incursions en des territoires moins coutumiers soient, par exemple, plus nombreuses.
Toutefois, l'exigence extrême n'étant pas vraiment souhaitable en ces préaux où votre humble serviteur sévit, sachons reconnaître les qualités où elles sont et offrir à ce nouveau méfait des Palois la mention qu'assurément il mérite. Ajoutons-y simplement quelques recommandations de rigueur pour que son propos ne sombre pas dans les facilités et, au final, dans un systématisme sans saveur.
Peut-être une de mes plus grandes déceptions musicales, la première écoute de cette galette m'a juste affligé... Pourtant le départ était pas mal "Pur Sang" et "Leader" sont deux bons morceaux, j'aime le côté moins rapide de "Pur Sang" et il est vrai que le refrain de "Leader" est vraiment pas mal, le chant y fait pour beaucoup !
Mais alors après... "Le Côté Sombre" je ne la trouve absolument pas bonne, le refrain me fait tiqué à chaque fois, je ne sais pas comment expliquer, c'est comme si Manigance "plagiait" mal Manigance, je sais pas si c'est très clair, mais c'est l'impression que j'ai pour une très grosse partie des morceaux. La seule chose que je retiens du reste de l'album c'est le nerveux "Ultime Atome" qui est vraiment bon. Et je pense qu'on atteindra les sommets de mon dégoût pour l'atroce reprise de "Say It Ain't So", c'est bien simple, j'ai envie de tuer Didier Delsaux à chaque fois qu'il le répète... Pareil pour les paroles, là encore déception, peut-être que c'est l'habitude qui me fait dire ça, mais je les trouve d'une platitude, c'est affligeant...
Un très mauvais album pour moi, trois morceaux sur onze à sauvé, c'est limite. Et ça me fait mal de dire ça, quand je repense à tout ce que Manigance m'a apporté, c'est eux qui m'ont ouvert au chant en français dans le Metal, et j'ai découvert de nombreux groupes en partant d'eux.
Ensuite quand tu compares Récidive et celui-ci, il n'y à pas photo, Récidive est pour moi 100 fois mieux, cet album n'a qu'un défaut majeur à mes yeux, c'est sa longueur.
Donc voilà, une de mes plus grosses déceptions musicales et je pèse mes mots, après c'est bien enregistré, produit, bien joué, mais ça ne fait pas tout malheureusement, un gros problème de fond pour ma part. Je donnerais un 10/20 mais tout juste quoi, peut-être juste parce que le groupe s'appel Manigance...
Sinon, je peux comprendre cette frustration concernant mon système de notation. Cela dit, il faut prendre plusieurs choses en considérations. Déjà, pour commencer, le fait que 14/20 n'est certes pas une excellente note mais reste malgré tout une bonne note. Ensuite il faut aussi que je garde une certaine cohérence entre cette note et celles que j'ai attribué aux autres albums du groupe. Et plus généralement à tous les autres que j'ai noté...
Cela étant, je sais que j'ai un peu tendance à noter sévère...On ne se refait pas...
Merci à toi (et aux autres) pour ces commentaires constructifs et éclairés...
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