Il y a de ces combos incroyables capables de vous pondre un lot d'albums à l'aide de la même sauce sans pour autant vous apporter une once d'ennui. Certains afficcionados du genre pourront affirmer sans réfléchir que
Endstille possédait ce talent, une formation de Black brutal apparue dans le nord du continent germanique en 2002 formée de quatres gorilles en cartouchière. Avec un Lars Wachtfels comme stratège, la tactique du combo reposant essentiellement sur une averse de riffs monolithiques, uniques et obsédants, les dégâts furent jusqu'ici considérables.
Le noir, huileux et terrifiant
Operation Wintersturm ne se contentait pas de mettre cartes surtable. Il creusa à coups d'obus un cratère au diamètre concurrençant celui du cirque Hyparque. Il y eu le gris et morose
Frühlingserwachen. L'impérieux et glacial
Dominanz, second chef-d’œuvre du groupe. Le lourd et brumeux
Navigator. Le brûlant et massif
Endstilles Reich.
Ce petit rappel démonstratif en guise de preuve à cette suite parfaitement logique. Illustrations en couverture tirées d'archives de la seconde guerre mondiale, couleur unie et terne, toujours parfaite représentation graphique du contenu musical de chaque pièce.
Et en cela,
Verführer est atterri comme une mouche à merde dans le potage...
Ce dernier album sorti un an après
Endstilles Reich, signé sur le label Regain Record, fut façonné par un groupe en quête de davantage de reconnaissance mais incapable de renouveler.
Il faut tout d'abord absolument savoir que le charmant personnage dessiné façon manga de série B sur la très laide pochette de l'album n'est personne d'autre que Wilhelm II, dernier roi de Prusse. En arrière-plan, les cartes politiques du terrain conquis à l'époque. Sans ces précisions, on pourrait y voir une grotesque auto-caricature de la part du groupe ( l'air de rien, cette démarche en a fait vendre quelques-uns... ).
On ne peut pas dire qu'ils ne m'avaient pas prévenu. Je revois un Lars vanter la pochette tricolore et parler de ses prochaines conquêtes à l'aide d'une méthode davantage gonflée en atmosphères. A l'écoute de ce dernier album, force est de constater que le reich tire sur ses réserves...
Durant les années 40, la raison du succès militaire d'Adolf Hitler tenait principalement à sa manière de gérer la guerre éclair. Envoyant 75% de ses troupes au combat et usant d'une tactique d'affaiblissement rapide, la
Wehrmacht se montrait pratiquement invincible. Jusqu'au jour où, engagée dans une guerre longue sur le front soviétique et prise à revers par ses adversaires ayant compris sa manière d'agir, son incapacité à se replier et le manque de stratégie alternative sonnèrent le début de la fin pour le troisième reich.
Endstille a suivis le même chemin que le boche moustachu. Verfuhrer n'est rien d'autre qu'une suite logique à leur passé, un
Endstilles Reich manquant de soufre et d'inspiration.
Au niveau de la production, le groupe a choisit la puissance technique. Un son beaucoup plus propre, certes ne manquant pas de mordant, mais luisant comme une toute nouvelle pièce d'artillerie conçue pour des tirs d'une précision chirurgicale.
Endstille ne sait décidément pas utiliser ce matos. Telle fut ma première constatation lors de l'écoute du premier titre « ...of disorder » qui s'annonçait plutôt bien avec ce riff nerveux, mais répété d'une façon boulimique provoquant un sentiment de lassitude très déplaisant. Je fut assez enthousiaste avec «
Verführer me... god? », ses accords tristes et son matraquage continuel marqué de mid tempos puissants. Mais cette sensation d'éternel recommencement combinée avec cette foutue perte d'impact dirige ma main vers le boîtier de
Dominanz en quête d'un Monotonus III bien plus convaincant.
Depressive /
Abstract /
Banished /
Despised n'existe que pour l'inutile longueur de son titre. En dehors de ça, hormis une utilisation de la batterie cinglante et plutôt intéressante, autant se repasser l'énorme « Discovering
Rapture as an Art » de
Operation Wintersturm, c'est le même principe en 1000 fois mieux.
Non, cette production ne se marie pas, mais alors pas du tout avec le concept musical d'
Endstille. Trop claire, trop pâle, avec un groupe qui ne fait qu'exécuter sans réelle conviction sa seule et unique manière de jouer.
Iblis... il fut excellent... il assure un max sur scène... il devenait envahissant sur
Endstilles Reich... ici, il en devient carrément agaçant. Il s'époumone le
Iblis, il se bombe les pectos le
Iblis, il s'énerve le
Iblis et ils commence à me les gonfler le
Iblis !
Mayhemic
Destructor ? Bah ouais il cogne ( merci Tascam ! ), et c'est tout... Sa sacro-sainte Gatling a prit la flotte ou c'est moi qui, à force d'entendre les même blasts, le même jeu sans aucune prise de risque, y reste totalement hermétique ? D'accord, c'est un peu le but recherché. Mais vu cette noirceur, cette débauche huileuse et haineuse d'une faiblesse abyssale ici, il faudrait peut être se remettre en question, non ?
Cruor et sa basse n'ont pas changé d'un poil. Au moins, on ne s'en plaindra pas, que pourrait-il faire d'autre ?
Finalement, on se rend compte que le vieux Lars reste le pilier du groupe, ou plutôt ce qu'il en reste.
Car voulant créer un nouveau répertoire de riffs dissonant et lancinant, il arrive avant tout à nous bâcler un mur sonore fade au possible.
Pas convaincu ? Écoutez Monotonus, éternelle série de nappes de génocides audio qui faisaient la gloire du combo jusqu'à
Navigator. Alors celle-ci est non seulement insipide mais franchement énervante ( qui a dit que
Iblis en faisait de trop ? Il devrait fermer sa grande gueule ouais ! ), les riffs sans aucune saveur sont collés comme des affiches de pub sur un mur en briques molles. On est à des années-lumière du monstrueux morceau du même titre sur
Dominanz. Le personnage a eu tout de même la présence d'esprit de nous pondre des harmoniques intéressantes sur Symptoms,
Dead ou encore ce riff principal de
Suffer in
Silence plutôt bien branlé. Enfin... on a pas grand chose à se mettre sous la dent, ni même ce dernier titre éponyme, tenant plus du remplissage casse burnes qu'autre chose.
Finalement, il n'y a qu'un seul titre qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout : Ursprung. Son intro opaque épaulée de larsens judicieusement placés, titre entièrement mid tempo mais gardant le meilleur répertoire que Wachtfels ait pu proposer sur tout le disque. Des harmoniques hurlantes aux passages moroses, et ce riff final grinçant jouissif... pendant ces 7 minutes, j'ai faillit espérer que
Endstille était bel et bien de retour. Le plus long morceau du cd. Probablement le dernier coup monumental que leurs forces armées ont pu nous envoyer à la face.
Une armée à la dérive, un empire prit au piège par sa propre vanité en quête d'acquérir plus de territoire en se fourvoyant de a à z. Le groupe a beau nous servir la même recette, son identité ne transparaît que faiblement. En train de noyer sa substance dans une eau trop claire, il en perd sa rugosité et sa force brute. Il lui suffira de rester encore quelque temps embourbé pour que cette dernière se dissolve totalement. J'ai été indécis au début. Je l'ai trouvé mou, puis j'ai repéré quelques bonnes choses, pour finir par me rendre à l'évidence :
Verführer, dont le but semble effectivement être de séduire plus d'adeptes et de proposer une musique moins personnelle, signe probablement la fin du reich.
Soyons honnêtes... Quelque part, on s'y attendait, non ? Enfin, il nous reste une discographie jusque là excellente pour nous consoler de cet échec...
en effet, R.I.P (Retour Immédiat au Pays...)
en effet, R.I.P (Retour Immédiat au Pays...)
Merci pour cette très bonne chronique.
Je pense tout de même que cette galettes mérite un petit 14/20.
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