*Avertissement, le rédacteur de cette chronique est une putain de groupie (proche du fanatisme) lorsqu’il s’agit de
Ne Obliviscaris. Ce papier sera donc dithyrambique (il vient d’apprendre ce mot y’a 2 heures) et totalement pas objectif du tout.*
Dire que j’attendais la sortie de
Citadel en 2014 avec impatience, c’est comme dire que Scarlet
Johansson (ou votre actrice/acteur favori(e), j’m’en fous) est juste potable dans son genre : c’est un euphémisme. Après avoir poncé et décortiqué et re-poncé leur démo, puis
Portal of I dans tous les sens lors de sa sortie, en avoir fait mon skeud du cœur et
Forget Not l’hymne officiel de la portion d’iceberg où réside mon igloo. Après avoir été jusqu’à pondre mon premier torchon sur SOM (on fait tous des erreurs de jeunesse, la mienne est encore consultable) à propos de cet album, bien entendu que j’avais putain de hâte de découvrir la prochaine bombe de
Ne Obliviscaris. Et puis là, c’était le drame. J’avais été un tantinet déçu : trop d’attentes, seulement 3 vrais morceaux dont un qui ne m’évoquait pas grand-chose (Pyrrhic, bien qu’il poutre en live) et le sentiment de rester un peu sur ma faim. Départ du basiste historique, tout le ramdam fait autour de leur Patreon... Font que je n’étais pas plus enthousiaste que ça concernant la sortie d’
Urn, plutôt dans l’expectative même.
Et parfois on a tort, il faut savoir le reconnaître. Aussi, j’aimerais m’excuser, je n’aurais pas dû douter de la capacité de mes Australiens préférés à sortir la putain de bombe que j’attendais. Oui, voilà,
Urn encule sec avec du verre pilé, défonce, poutre sa grand-mère et je n’arrive pas à écouter autre chose depuis que mes oreilles sont tombées dessus.
On kidnappe Robin Zielhorst (One
Godless, ex-
Cynic et futur ex-
Exivious) à la basse, on fait chauffer le violon et on est partis pour 46 minutes – soit 4 morceaux (dont deux découpés en deux parties, c’est compliqué les maths) – de
Metal Prog Extrême divin.
Premier constat, la disposition des morceaux et la non-présence de 3 instrumentales acoustiques donnent l’impression que l’album est plus homogène que son prédécesseur et offre plus de contenu à se mettre sous la dent. Même si Libera et
Urn sont séparées en deux parties, ces dernières se complètent tout en ayant leur identité propre : Libera Part I représente le cœur du morceau alors que la Part II joue le rôle d’outro acoustique (oui bon il en fallait une),
Urn Part I et
Urn Part II sont complémentaires et apportent chacune leur pierre à l’édifice. La production est nickel comme d’hab’, on discernera tous les instruments aisément, mention spéciale côté basse, ça fait plaisir.
La construction des morceaux reste « classique » pour du
Ne Obliviscaris : intro, riffs rapides et alambiqués, alternance chant clair et chant Black/Death, rythme soutenu et blasts dans tous les sens, parties instrumentales hyper-mélodiques saupoudrées de touches de violon magique, claquage de solos finger in the nose et apothéose finale où les deux voix se mélangent pour n’en former plus qu’une. On remarquera une forte influence latine (déjà bien présente par le passé) sur
Urn, notamment au niveau des grattes (l’intro d’Intra Venus par exemple) et également des sonorités Jazz manouche (dans une interview, Benjamin Baret expliquait qu’il s’inspirait de ce style et qu’il utilisait des accords Jazz avec de la disto comme base pour les compos de NeO). On notera également quelques passages aux sonorités baroques et une part d’inspiration côté scène Death Melo : je pense tout particulièrement à
Urn Part II (et Part I dans une moindre mesure), démarrant sur les chapeaux de roue avec un riff casse-nuque ultra-mélodique et un déclamé typé Death de la part de Xenoyr sur fond de blast beat. Sûrement un des passages les plus brutaux vu sur un morceau de NeO et qui m’a donné, je le confesse, une semi-molle.
Même si la formule ne change pas forcément en apparence,
Ne Obliviscaris évolue de manière subtile en incorporant des éléments rarement entendus dans leur musique : l’apparition de chœurs sur Libera Part I (lesquels ont été enregistrés par des membres de leur communauté Patreon, six jeunes m’abusent), la présence de refrain qui poutrent sur Intra Venus, les sonorités dissonantes au début d’
Urn (Parts I & II) et bien d’autres. Le chant clair de l’ami Tim Charles s’est clairement amélioré, on le remarquera notamment sur les refrains d’Intra Venus, et Dan Presland est en putain de grande forme. Ça blaste à tout va, la vitesse de croisière de la double pédale ne descend pas en dessous des 400 bpm, accélérations dans ta face, cassures rythmiques dans tes rotules. De la même manière, Zielhorst dans son rôle de musicien de session livre une exécution parfaite des parties de basse et nous gratifie de nombreux solos disséminés au détour de chaque morceaux (Intra Venus,
Urn...). Bref, la section rythmique casse tout.
Et on ne s’arrêtera pas en si bon chemin avec des parties de violon mémorables comme l’intro d’Eyrie (où j’ai bien cru à une
Forget Not bis avec une intro gratte/violon à chialer mais la transition est ici un peu plus marquée par l’arrivée d’un gros riff qui tâche), des solos de gratte qui tuent (toujours sur Eyrie, un des solos les plus mélodiques et bandant qu’il m’ait été donné d’entendre) et toujours ce jeu de questions/réponses entre le chant clair et les growls (Libera, Intra Venus, Eyrie,
Urn Part I...). Cette alternance entre les deux types de chant, entre ces deux univers confère tout son caractère à la musique de
Ne Obliviscaris. La présence du violon renforce la construction de ces univers, ajoutant des couches mélodiques supplémentaires à l’ensemble.
Derrière la musique d’
Urn se cache toute une symbolique : la plupart des morceaux fonctionnent de manière cyclique, et les éléments présents en début de morceaux viendront se superposer et boucler avec le reste du morceau. De manière plus simple, la structure progressive des différents titres est souvent interrompue par un break rappelant la mélodie d’introduction ou les premières minutes du morceau (Intra Venus ou Eyrie par exemple, où une pause calme et mélodique nous est offerte avant le grand final où la superposition de l’ensemble des instruments et des vocaux vient délivrer la décharge auditive salvatrice). Cette forme cyclique est évoquée également par la géométrie des éléments présents sur la pochette de l’album ou par la structure de l’œuvre elle-même (1 morceau en deux parties, deux titres en milieu d’album dont un présentant un passage d’accalmie, axe de symétrie de l’album, puis un morceau final en deux parties de nouveau)... Vais-je trop loin ? Sûrement.
Je pourrais essayer de trouver des défauts à
Urn. Dire que j’ai trouvé quelques passages longuets par-ci par-là (et pourtant je l’écoute régulièrement, sans rien faire d’autre et sans trouver le temps long). Je pourrais également reprocher un trop plein de technique et de complexité Prog rebutant l’auditeur aux dépends de la sincérité du propos et du facteur émotion, mais ce serait être de mauvaise foi. Finalement, je pourrais reprocher au groupe son manque de prises de risque malgré les nouveautés disséminées au fil de l’eau, mais quand on produit une œuvre de cette qualité, fuck le changement, ce sera demain.
Comment reconnaître un bon disque ? Quand il est impossible de déterminer un morceau supérieur en termes de qualité par rapport à un autre (ça marche aussi pour les mauvais albums, quand tous les morceaux sont nuls à chier, mais c’est plus rare).
Urn a la magie de proposer des titres renfermant une personnalité propre et affirmée, contenant chacun « LE » passage bandant où il est compliqué de ne pas dodeliner de la tête ou bien de fermer les yeux de satisfaction.
Au-delà de toute considération technique ou symbolique, la musique de
Ne Obliviscaris prend véritablement aux tripes, touche l’âme et c’est le plus important à mon sens. Elle a le pouvoir de vous transporter dans un autre endroit, un autre univers. Chaque minute, chaque seconde d’
Urn respirent la méticulosité, le soin du détail et sont révélatrices du travail d’orfèvre réalisé sur ce bijou. Lors de la sortie de
Portal of I, j’avais eu du mal à mettre un mot sur cette sensation / perception s’étant affinée avec le recul : si on venait à me demander de décrire ma vision de la musique, ce seraient les morceaux de
Ne Obliviscaris qui l’illustreraient le mieux.
Et du coup, bim ! La note ultime. Et c’est largement mérité.
je suis decu de voir aussi peu de commentaires sur un super album, groupe, et deux excellentes chroniques en plus SNIF......
@David_Bordg : Trop de sorties Prog cette année entre Pain Of Salvation, Enslaved, Leprous... Les gens ont fait une overdose !
Plus sérieusement, je ne sais pas trop s'il y a tant de matière à débat sur cet album, soit on accroche, soit c'est pas le cas ! Quel est ton point de vue à toi ?
oui c'est une année de folie et dans tous les genres du métal, c'est dingue, effectivement les albums que tu cites sont supers je rajouterai en outre SOEN et le colossal SONS OF APOLLO. Pour celui-ci je l'adore tout comme toi, génial et ton 18 n'est pas usurpé avec en prime une très bonne chronique
Un album d'une grande finesse meme sur les passages les plus brutaux, qui plus est avec grande poésie. Les vocaux clairs sont fantastiques, la ligne rythmique basse/batterie est halucinante et la basse virevolte comme jamais. Le seul bémol, c'est un très grand album mais dans une année unique ou au moins quarante albums sont fabuleux, j'ai donc peur qu'il passe un peu inapercu. Espèrons que non.
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