Urn

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17/20
Nom du groupe Ne Obliviscaris
Nom de l'album Urn
Type Album
Date de parution 27 Octobre 2017
Style MusicalDeath Progressif
Membres possèdant cet album58

Tracklist

1.
 Libera (Part I) – Saturnine Spheres
Ecouter09:52
2.
 Libera (Part II) – Ascent of Burning Moths
Ecouter02:36
3.
 Intra Venus
Ecouter07:29
4.
 Eyrie
Ecouter11:51
5.
 Urn (Part I) – And Within the Void we Are Breathless
Ecouter07:30
6.
 Urn (Part II) – As Embers Dance in Our Eyes
Ecouter06:38

Durée totale : 45:56

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Ne Obliviscaris



Chronique @ Pingu

08 Novembre 2017

Chaque seconde d’Urn respire la méticulosité, le soin du détail

*Avertissement, le rédacteur de cette chronique est une putain de groupie (proche du fanatisme) lorsqu’il s’agit de Ne Obliviscaris. Ce papier sera donc dithyrambique (il vient d’apprendre ce mot y’a 2 heures) et totalement pas objectif du tout.*

Dire que j’attendais la sortie de Citadel en 2014 avec impatience, c’est comme dire que Scarlet Johansson (ou votre actrice/acteur favori(e), j’m’en fous) est juste potable dans son genre : c’est un euphémisme. Après avoir poncé et décortiqué et re-poncé leur démo, puis Portal of I dans tous les sens lors de sa sortie, en avoir fait mon skeud du cœur et Forget Not l’hymne officiel de la portion d’iceberg où réside mon igloo. Après avoir été jusqu’à pondre mon premier torchon sur SOM (on fait tous des erreurs de jeunesse, la mienne est encore consultable) à propos de cet album, bien entendu que j’avais putain de hâte de découvrir la prochaine bombe de Ne Obliviscaris. Et puis là, c’était le drame. J’avais été un tantinet déçu : trop d’attentes, seulement 3 vrais morceaux dont un qui ne m’évoquait pas grand-chose (Pyrrhic, bien qu’il poutre en live) et le sentiment de rester un peu sur ma faim. Départ du basiste historique, tout le ramdam fait autour de leur Patreon... Font que je n’étais pas plus enthousiaste que ça concernant la sortie d’Urn, plutôt dans l’expectative même.

Et parfois on a tort, il faut savoir le reconnaître. Aussi, j’aimerais m’excuser, je n’aurais pas dû douter de la capacité de mes Australiens préférés à sortir la putain de bombe que j’attendais. Oui, voilà, Urn encule sec avec du verre pilé, défonce, poutre sa grand-mère et je n’arrive pas à écouter autre chose depuis que mes oreilles sont tombées dessus.

On kidnappe Robin Zielhorst (One Godless, ex-Cynic et futur ex-Exivious) à la basse, on fait chauffer le violon et on est partis pour 46 minutes – soit 4 morceaux (dont deux découpés en deux parties, c’est compliqué les maths) – de Metal Prog Extrême divin.

Premier constat, la disposition des morceaux et la non-présence de 3 instrumentales acoustiques donnent l’impression que l’album est plus homogène que son prédécesseur et offre plus de contenu à se mettre sous la dent. Même si Libera et Urn sont séparées en deux parties, ces dernières se complètent tout en ayant leur identité propre : Libera Part I représente le cœur du morceau alors que la Part II joue le rôle d’outro acoustique (oui bon il en fallait une), Urn Part I et Urn Part II sont complémentaires et apportent chacune leur pierre à l’édifice. La production est nickel comme d’hab’, on discernera tous les instruments aisément, mention spéciale côté basse, ça fait plaisir.

La construction des morceaux reste « classique » pour du Ne Obliviscaris : intro, riffs rapides et alambiqués, alternance chant clair et chant Black/Death, rythme soutenu et blasts dans tous les sens, parties instrumentales hyper-mélodiques saupoudrées de touches de violon magique, claquage de solos finger in the nose et apothéose finale où les deux voix se mélangent pour n’en former plus qu’une. On remarquera une forte influence latine (déjà bien présente par le passé) sur Urn, notamment au niveau des grattes (l’intro d’Intra Venus par exemple) et également des sonorités Jazz manouche (dans une interview, Benjamin Baret expliquait qu’il s’inspirait de ce style et qu’il utilisait des accords Jazz avec de la disto comme base pour les compos de NeO). On notera également quelques passages aux sonorités baroques et une part d’inspiration côté scène Death Melo : je pense tout particulièrement à Urn Part II (et Part I dans une moindre mesure), démarrant sur les chapeaux de roue avec un riff casse-nuque ultra-mélodique et un déclamé typé Death de la part de Xenoyr sur fond de blast beat. Sûrement un des passages les plus brutaux vu sur un morceau de NeO et qui m’a donné, je le confesse, une semi-molle.

Même si la formule ne change pas forcément en apparence, Ne Obliviscaris évolue de manière subtile en incorporant des éléments rarement entendus dans leur musique : l’apparition de chœurs sur Libera Part I (lesquels ont été enregistrés par des membres de leur communauté Patreon, six jeunes m’abusent), la présence de refrain qui poutrent sur Intra Venus, les sonorités dissonantes au début d’Urn (Parts I & II) et bien d’autres. Le chant clair de l’ami Tim Charles s’est clairement amélioré, on le remarquera notamment sur les refrains d’Intra Venus, et Dan Presland est en putain de grande forme. Ça blaste à tout va, la vitesse de croisière de la double pédale ne descend pas en dessous des 400 bpm, accélérations dans ta face, cassures rythmiques dans tes rotules. De la même manière, Zielhorst dans son rôle de musicien de session livre une exécution parfaite des parties de basse et nous gratifie de nombreux solos disséminés au détour de chaque morceaux (Intra Venus, Urn...). Bref, la section rythmique casse tout.

Et on ne s’arrêtera pas en si bon chemin avec des parties de violon mémorables comme l’intro d’Eyrie (où j’ai bien cru à une Forget Not bis avec une intro gratte/violon à chialer mais la transition est ici un peu plus marquée par l’arrivée d’un gros riff qui tâche), des solos de gratte qui tuent (toujours sur Eyrie, un des solos les plus mélodiques et bandant qu’il m’ait été donné d’entendre) et toujours ce jeu de questions/réponses entre le chant clair et les growls (Libera, Intra Venus, Eyrie, Urn Part I...). Cette alternance entre les deux types de chant, entre ces deux univers confère tout son caractère à la musique de Ne Obliviscaris. La présence du violon renforce la construction de ces univers, ajoutant des couches mélodiques supplémentaires à l’ensemble.

Derrière la musique d’Urn se cache toute une symbolique : la plupart des morceaux fonctionnent de manière cyclique, et les éléments présents en début de morceaux viendront se superposer et boucler avec le reste du morceau. De manière plus simple, la structure progressive des différents titres est souvent interrompue par un break rappelant la mélodie d’introduction ou les premières minutes du morceau (Intra Venus ou Eyrie par exemple, où une pause calme et mélodique nous est offerte avant le grand final où la superposition de l’ensemble des instruments et des vocaux vient délivrer la décharge auditive salvatrice). Cette forme cyclique est évoquée également par la géométrie des éléments présents sur la pochette de l’album ou par la structure de l’œuvre elle-même (1 morceau en deux parties, deux titres en milieu d’album dont un présentant un passage d’accalmie, axe de symétrie de l’album, puis un morceau final en deux parties de nouveau)... Vais-je trop loin ? Sûrement.

Je pourrais essayer de trouver des défauts à Urn. Dire que j’ai trouvé quelques passages longuets par-ci par-là (et pourtant je l’écoute régulièrement, sans rien faire d’autre et sans trouver le temps long). Je pourrais également reprocher un trop plein de technique et de complexité Prog rebutant l’auditeur aux dépends de la sincérité du propos et du facteur émotion, mais ce serait être de mauvaise foi. Finalement, je pourrais reprocher au groupe son manque de prises de risque malgré les nouveautés disséminées au fil de l’eau, mais quand on produit une œuvre de cette qualité, fuck le changement, ce sera demain.

Comment reconnaître un bon disque ? Quand il est impossible de déterminer un morceau supérieur en termes de qualité par rapport à un autre (ça marche aussi pour les mauvais albums, quand tous les morceaux sont nuls à chier, mais c’est plus rare). Urn a la magie de proposer des titres renfermant une personnalité propre et affirmée, contenant chacun « LE » passage bandant où il est compliqué de ne pas dodeliner de la tête ou bien de fermer les yeux de satisfaction.

Au-delà de toute considération technique ou symbolique, la musique de Ne Obliviscaris prend véritablement aux tripes, touche l’âme et c’est le plus important à mon sens. Elle a le pouvoir de vous transporter dans un autre endroit, un autre univers. Chaque minute, chaque seconde d’Urn respirent la méticulosité, le soin du détail et sont révélatrices du travail d’orfèvre réalisé sur ce bijou. Lors de la sortie de Portal of I, j’avais eu du mal à mettre un mot sur cette sensation / perception s’étant affinée avec le recul : si on venait à me demander de décrire ma vision de la musique, ce seraient les morceaux de Ne Obliviscaris qui l’illustreraient le mieux.

Et du coup, bim ! La note ultime. Et c’est largement mérité.


5 Commentaires

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David_Bordg - 14 Novembre 2017:

je suis decu de voir aussi peu de commentaires sur un super album, groupe, et deux excellentes chroniques en plus SNIF......

Pingu - 15 Novembre 2017:

@David_Bordg : Trop de sorties Prog cette année entre Pain Of Salvation, Enslaved, Leprous... Les gens ont fait une overdose ! frown

Plus sérieusement, je ne sais pas trop s'il y a tant de matière à débat sur cet album, soit on accroche, soit c'est pas le cas ! Quel est ton point de vue à toi ?

David_Bordg - 16 Novembre 2017:

oui c'est une année de folie et dans tous les genres du métal, c'est dingue, effectivement les albums que tu cites sont supers je rajouterai en outre SOEN et le colossal SONS OF APOLLO. Pour celui-ci je l'adore tout comme toi, génial et ton 18 n'est pas usurpé avec en prime une très bonne chronique

David_Bordg - 16 Novembre 2017:

Un album d'une grande finesse meme sur les passages les plus brutaux, qui plus est avec grande poésie. Les vocaux clairs sont fantastiques, la ligne rythmique basse/batterie est halucinante et la basse virevolte comme jamais. Le seul bémol, c'est un très grand album mais dans une année unique ou au moins quarante albums sont fabuleux, j'ai donc peur qu'il passe un peu inapercu. Espèrons que non.

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Chronique @ Keir

08 Novembre 2017

Superbes avec des titres mélodiques, ils sont seulement très bons avec des titres plus sombres

L'Histoire de Ne Obliviscaris est teintée de réussite et auréolée d'un succès durement gagné. Après s'être fait connaitre avec " Portal of I " devenu culte, c'est avec le superbe " Citadel " que le monde s'est ouvert à eux, suivi d'une renomée internationale. En quelques années les australiens ont su s'imposer comme des musiciens hors-pair doués d'un talent de composition complexe et unique en leur genre. En cette année 2017, c'est pratiquement trois ans après que leur nouvel album va enfin voir le jour, intitulé " Urn ".

Une fois n'est pas coutume, c'est encore Xenoyr qui s'est chargé de la pochette. Plus sombre et plus chaude que les autres, elle est probablement la moins réussie de tous leurs disques ( Sans parler du placement douteux et de la structure du mot " Urn " sur la pochette ).
Mais avant de se lancer plus loin dans l'album, il faut noter sa promotion hasardeuse avant sa sortie. Premièrement, 3 single tirés d'un opus de seulement 6 titres est un choix assez étrange. Sans parler du fait que parmis ces 3 titres figurent " Urn ( Part II ) : As Embers Dance In Our Eyes " qui est la chanson de cloture, et sortir en single une chanson de cloture est généralement la pire idée possible.

Le disque s'ouvre avec " Libera ( Part I ) : Saturnine Spheres ". Pas réellement de surprise, on retrouve tout ce qui fait la recette gagnante de Ne Obliviscaris. C'est puissant, c'est beau, c'est technique et maitrisé à la perfection. Ce titre est comme une montée en puissance de presque dix minutes se terminant par une explosion d'émotions absolument magnifique ( Un peu comme sur " Tryptich Lux " de " Citadel " ).

C'est à partir de ce moment là que les problèmes commencent à apparaitre. L'album continue sur la deuxième partie de Libera, un interlude au violon de deux minutes. C'est doux, c'est appaisant ... mais la frustration commence à se faire sentir, car le titre d'après est déjà bien connu. " Intra Venus ", accompagné d'un clip d'une beauté froide, n'avait pas fait l'unanimité. Un titre puissant mais pas réellement marquant. Un titre sombre, lourd et inhabituellement violent pour le groupe.

C'est arrivé au quatrième morceau que le voyage peut continuer avec " Eyrie ". Cette fois la ligne directrice est identique à celle de " Saturnine Spheres ". On retrouve le Ne Obliviscaris qui frappe fort. C'est une énorme pièce de presque douze minutes qui fusionne parfaitement la pureté des émotions, la puissance et la technicité et la douceur hypnotique qu'apporte Tim Charles.
Malheureusement, c'est après cette claque que la frustration revient. Car le voyage se termine bientôt par deux titres déjà mis en ligne, et même si certains ont eu le bon sens de garder la surprise la douche froide est inévitable.
" Urn ( Part I ) : And Within The Void We Are Breathless " et " Urn ( Part II ) : As Embers Dance In Our Eyes " forment le duo final de l'album, et suivent la même direction qu'avait instauré " Intra Venus ". Ce sont deux titres extrêment ténébreux, bien plus violents qu'à l'accoutumé. Les violons se font malsains et Xenoyr apporte une violence inouïe.
C'est un chemin assez inattendu de leur part, et cela fonctionne presque totalement.

Presque.
Car voilà le principal problème qui se pose avec " Urn " ; Il manque cruellement de moments de grâce, de passages marquants, ce genre de passages qui prend aux tripes et fait frissoner l'échine, tel qu'on avait eu avec " Triptych Lux " ou " Devour Me, Colossus ". Ou encore avec " Xenoflux " ou " Forget Not ".
Ce qui est important, c'est que la voix de Tim n'a jamais été aussi belle et que Xenoyr n'a jamais été aussi surpuissant avec ses growls, ce qui donne à " Urn " un duo unique. Tout comme le duo " Saturnine Spheres " et " Eyrie " qui sont deux oeuvre-d'arts d'une beauté étourdissante. Malgré ces points ( très ) forts, cela ne peut sauver cette frustration qu'apporte cet album. Là où les australiens sont superbes avec des titres mélodiques, ils sont seulement très bons avec des titres plus sombres. C'est à ce moment que l'on peut réaliser ce qui manque à cet album : l'étincelle qu'ils nous ont habitué à faire naitre en nous avec " Portal of I " et " Citadel ".

14/20

Keir

2 Commentaires

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Fonghuet - 08 Novembre 2017:

Très bonne chro qui reflète ma déception quant à cet album. Merci aussi pourla précision de l'emplacement du titre sur la pochette; je l'avais pas vu jusqu'à présent et bordel ça fait grincer les dents

Ne O est le genre de groupe qui pond des oeuvres magistrales et ces oeuvres demandent du temps à assimiler. Comme tu mentionnes, c'est du Ne O, "mais pas réellement marquant"

Il va me falloir plusieurs écoutes patientes pour dresser un constat final, mais pour le moment c'est du Ne O, mais sans les frissons le long de la colonne, sans cette magie à couper le souffle sur les précédents albums. 

Je dirais même qu'il est moins bon que les démos sortis. 

Mais pour balancer ma critique, on a reçu une musique de très (très) haute qualité avec ce groupe et en mettant la barre toujours plus haute, c'est toujours plus dur à atteindre et dépasser pour un groupe

David_Bordg - 08 Novembre 2017:

Avis plus teinté de doutes pour KEIR

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