Formé au milieu des années 80 par Rich Militia au chant (altéré), Brian
Talbot & Jon Pickering à la basse & aux guitares, ces deux derniers membres évoluant également au sein du fameux crust-band
Doom,
Sore Throat est une figure de la scène british HC-grind de l’époque, aux côtés de
Napalm Death, ENT,
Heresy,
Concrete Sox,
Intense Degree,
Electro Hippies, j’en passe et des meilleurs. A partir de ses EP's
Abrahams Ear et
Death To Capitalist Hardcore respectivement capturés en août 1987 et mars 1988, peu avant l’intégration de Paul Halmshaw à la batterie (tout jeune manager de l’écurie naissante Peaceville), le groupe devient un fidèle abonné des
Lion Studios, qui verront un sacré paquet de formations HC, metal ou crusties se bousculer, tel qu’
Hellbastard,
Axegrinder,
Paradise Lost,
Electro Hippies ou Civilised Society.
En 43 titres pour une vingtaine de minutes, le dernier EP cimente les bases de la musique de
Sore Throat, un style articulé autour de morceaux courts, certains expédiés en une poignée de seconde, ancrés entre HC, crust ou grindcore, la dernière appellation étant dominante, l’album
Scum de
Napalm Death se hissant parmi les influences indéniables de notre combo. Paru sur
Acid Rain Records (une version éphémère de Peaceville), l’EP est rapidement suivi d’une nouvelle invasion du quatuor au
Lion Studios, qui investit les lieux avec son nouveau batteur durant deux journées de septembre 1988, pour les sessions de son premier album
Unhindered by Talent à paraitre sur Meantime Records en fin d’année.
En deux jours,
Sore Throat met ainsi en boite 32 minutes réparties en 52 nouveaux titres, plus ou moins inspirés. On retrouve ainsi une ossature principale proche du grindcore du premier LP de
Napalm Death (qui enregistre par ailleurs au même moment son second album F.E.T.O. aux Birdsong Studios), Paul ‘Hammy’ Halmshaw nous larguant d’ailleurs quelques blast-beats n’ayant pas grand-chose à envier à la vélocité des batteurs de ND,
Heresy ou
Intense Degree (Harris, Charleswoth, Pendlebury), décrits comme les frappeurs anglais les plus rapides du moment. L’ancrage dans le crust est également largement palpable, mais pouvait-il en être autrement avec le guitariste et le bassiste de
Doom dans les rangs de notre quatuor ? Ce mélange typiquement british donne ainsi une série de morceaux particulièrement réjouissants, pour citer le très bon
Horrendous Cut-Throat System en ouverture, composition qui aurait largement pu être signée par Bullen, Broadrick ou Harris. En revanche, là où
Napalm Death se détend une seconde top-chrono sur un ‘You
Suffer’ d’anthologie,
Sore Throat multiplie à outrance les plages inférieures à dix secondes, nous lâche en plus quelques chansons à boire sympathiques mais peu appropriées (The Mole Catcher), oubliant de donner plus de cohérence et finalement plus de consistance à son œuvre.
Pris dans sa globalité,
Unhindered by Talent n’en reste pas moins l’un des efforts les plus intéressants de la discographie de
Sore Throat à mon humble avis, un grind/crust percutant qui rappelle tour à tour
Napalm Death,
Doom,
Extreme Noise Terror dans ses meilleurs moments, bref un témoignage supplémentaire de cette scène crust-HC-grind britannique bouillonnante durant la seconde partie des eighties, que d’aucuns nommaient aussi le britcore ou le speedcore, une déflagration rapide et métallique, faite de rage, d’insouciance, et d’une colère saine et salvatrice.
Fabien.
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