Le temps passe. Les années passent. Les albums passent. Et rien ne change vraiment. Non, rien ne change vraiment …
Étrange préambule certes à l’heure d’aborder le nouvel opus (le douzième, soyons précis) de
Kamelot mais il faut bien avouer que, depuis quelques temps, rien ne ressemble autant à
Kamelot qu’un autre
Kamelot (oui, ça fait beaucoup de fois le mot
Kamelot dans une chronique de
Kamelot, mais n’est-ce pas logique puisque l’on est sur la page de
Kamelot ?). Trêve de bavardages inutiles, venons-en aux faits, "
The Shadow Theory" débarque et rien ne porte à croire qu’il dérogera à aucunes règles instaurer par Thomas Youngblood depuis toutes ces années.
"
Haven" avait déçu une certaine frange de fans mais en avait attiré d’autres, probablement plus jeunes, chose que Thomas aime rappeler à l’heure d’évoquer les compteurs Youtube d’un morceau comme "
Liar Liar" qui a atteint la barre des 8 millions de vues. Mais une écoute sur le site de Google ne faisant pas un bon disque, il faut bien avouer que "
Haven", annoncé comme un disque de rupture, décevait au contraire par son manque de prise de risques, sa relative mollesse (ressortant de plus en plus avec le temps), la multiplication des vocodeurs, des effets vocaux, d’un univers trop sombre mais pas assez développé, bien moins empreint de la finesse qui avait fait de "
The Black Halo" ou "
Ghost Opera" les chefs d’œuvres qu’ils sont.
"
The Shadow Theory" s’inscrit, tout du moins dans le discours de son leader, comme la continuité de l’édifice créé par le groupe. Un producteur inchangé (l’indéboulonnable Sascha Paeth, véritable sixième membre du groupe), un chanteur complètement intégré en la présence de Tommy Karevik, un concept sombre et tragique et surtout le refus de Thomas de se faire accompagner par un orchestre, lui préférant sa banque de sons synthétique pour un total contrôle en studio, au risque de sonner plus synthétique. Bref, rien de vraiment neuf…
Tout cela se confirme dès "
Phantom Divide (
Shadow Empire)", titre speed évoquant autant "Sacrimony [
Angel of
Afterlife]" que "When the Lights are
Down", les interventions en growl pour l’un et la double pédale continuelle pour l’autre. Un titre rapide, efficace, sans surprise mais bien plus efficace que "
Fallen Star" pour débuter un disque. Le refrain rentre facilement, Tommy est parfait, bien plus naturel que sur l’album précédent et témoigne d’une personnalité enfin affirmée chez
Kamelot, le temps de Roy Khan étant désormais définitivement révolue (il est temps). "
Ravenlight" poursuit sur un riff plus tordu, plus progressif, composé en majeure partie par Tommy lui-même et on se surprend à trouver que le son de la caisse claire et de la double de Casey Grillo (dont c’est la dernière intervention chez
Kamelot, remplacé par Johan Nunez, le frappeur de
Firewind) ont un son très synthétique, triggé et froid. C’est étrange pour
Kamelot mais lui confère en même temps une force de frappe plus clinique, plus agressive. Le solo de guitare est court mais rapidement repris par une intervention d’
Oliver Palotai presque néo-classique, comme à la bonne époque pour repartir ensuite sur un nouveau refrain, tout aussi prenant que sur son prédécesseur.
Tout commence donc plutôt bien. Rien de révolutionnaire mais tout est propre, parfaitement exécuté et composé par des plumes expertes. Sans doute un peu trop puisque, aussi parfait soit ces titres, le frisson ne se ressent pas vraiment. C’est sans doute le défaut de ce
Kamelot trop conventionnel, tellement professionnel que l’album s’écoute d’une traite, s’apprécie, se digère mais ne se déguste réellement jamais. Tout est attendu. Prévisible. Prouvant que la perfection n’a finalement pas que du bon.
Néanmoins, il serait cruel de dire que "
The Shadow Theory" ne renferme pas des trésors ou qu’il est un mauvais disque. Il est non seulement supérieur à son prédécesseur mais dans l’absolu probablement plus abouti que "
Silverthorn", dont la plupart du crédit tient surtout dans le fait qu’il est l’opus du changement de vocaliste. "Amnesiac" par exemple tente une ambiance plus froide, notamment par un riff parfois syncopé et un refrain fabuleux de beauté, accompagné de claviers électroniques discrets mais bien présents, dans l’esprit de ce que
Stratovarius avait tenté avec "
Halcyon Days" sur "
Nemesis". Le solo de guitare déboule rapidement et surprend dans le bon sens par une fluidité et une grâce qui sort un peu Thomas d’un certain manque de fantaisie derrière sa guitare, lui qui confère un détail monstrueux sur les arrangements bien plus que sur ses propres parties. En parlant d’arrangements, "Vespertine (My Crimson
Bride)" en comporte énormément avec son côté symphonique très léger et sa ligne vocale presque poétique, très délicate, presque innocente. On regrette qu’un ensemble à cordes ne viennent pas apporter encore plus de densité à un titre très beau, malheureusement un peu noyé dans un certain ventre mou.
L’album est effectivement assez long, et passé "Burns to Embrace" (le cinquième titre), fabuleux titre (l’un des meilleurs de l’album) évoquant le monde que nous laisserons à notre descendance, le temps est long. Le riff est lourd mais les arrangements sont multiples, autant symphoniques que traditionnelles (on jurerait entendre plusieurs gammes de flutes) et Tommy est magnifique sur ce refrain poignant d’une grande émotion. Le break durcit le ton, avec encore une fois un solo de guitare remarquable et une reprise du refrain par le fils de Thomas évoquant une chorale d’enfants, sa voix ayant été démultiplié et superposé pour en donner l’illusion. Un grand moment. Puis un vide. "In
Twilight Hours" est une ballade comme on en entend tant (trop), accompagné par Jennifer Haben au joli grain de voix mais bien plus impersonnelle qu’une Simone Simmons. "
Kevlar Skin" et "Static" n’apportent malheureusement que peu de choses quand on connait
Kamelot, comme des titres semblant trop frêles pour être des premiers choix sur un album. "Mindfall Remedy" en revanche redonne un coup de fouet à l’ensemble par son emphase lyrique et les envolées grandioses de Tommy qui se confrontent aux vocaux démoniaques de Lauren Hart, finalement très proche d’Alyssa White-Gluz. Chanteuse que l’on retrouvera sur "The Proud and the Broken", titre plus ambitieux venant (presque) clôturer l’album avec brio. La structure plus progressive met en avant les qualités d’écritures du titre, sortant enfin des sentiers battus couplet/refrain/break. Tommy rayonne, un premier solo rend l’ambiance plus brumeuse avant une première intervention extrême accompagné d’une partie de batterie très martiale, puis d’une reprise du thème initiale au piano. Le calme avant la tempête qui prend la forme d’un solo de claviers rapide sur un tempo rapide, puis son homologue de guitare avant qu’une furie ne se déchaine comme si
Kamelot se mettait au metal extrême (blast beat et chant black).
Un tel titre provoque un paradoxe. Le bonheur de l’écouter, la déception qu’il n’y en ai qu’un et le malaise de se dire que s’il n’y en avait eu aucun, nous n’aurions pas la sensation de passer à côté de quelque chose de plus grand. Car il semble évident que, depuis quelques albums,
Kamelot compose avec le frein à main, ne faisant que ce qu’il sait (bien, certes) faire sans aller de l’avant, sans proposer plus. Alors oui, le groupe dispose d’une personnalité propre mais il tend parfois à se conformer, autant dans les arrangements que dans certains usages systématiques (le chant extrême, qui ne surprend plus réellement là où les collaborations avec Shagrath ou Bjorn
Strid étaient de vraies surprises à l’époque). En soi, "
The Shadow Theory" est parfait. Le son, la technique, l’interprétation. Tout est parfait. C’est justement son unique défaut.
Je te trouve vraiment tres indulgent avec cet album, je ne lui trouves personnellement aucune qualité. On est a des années lumières de la sensibilité et de la subtilité de Black Halo ou de Ghost Opera. Même Poetry est un bien meilleur album que celui ci, au moins dans Poetry, le groupe a essayé de nous emmener quelque part. Dans celui ci, il se laisse aller sur des mélodies faciles, des riffs on ne peut plus classiques (même si celui de Ravenlight est plutôt bien foutu) et des lignes de chant ultra récurantes..
D'accord avec mon voisin du dessus Jo. Il est objectivement moins mauvais que Haven (difficile a faire? Pas sur...). Mais je ne nierai pas que j'y ai décelé quelques bonnes idées finalement sur ce Shadow Theory. Si je devais dire, musicallement, je préfere encore tres largement Silverthorn, mais en terme de performance de Tommy, c'est clairement sa meilleure dans Kamelot. Peu de Roy Khaneries cette fois, et pas de vocoder!! YES!!!!! Mais les compos assurent vraiment rarement... Encore un album de plus comme Haven en son temps... Mais j'admet y trouver plus mon compte apres quelques écoutes que Haven au final. Légerement. Mais j'en ai tellement marre que Youngblood prenne ses fans pour des cons sur certains titres que je lui ai mis une note sanction. Parceque se foutre de la gueule de ses fans si ouvertement en se disant que ca va passer, baaaa c'est pas trop passé parceque la sur cet album la ca gueule déja beaucoup plus. C'est bizarre. The Shadow Theory est une oeuvre bourrée de paradoxes...
On a droit effectivement à un album de Kamelot en droite ligne des précédents..DE belles lignes mélodiques, des arrangements magnifiques, puissant, orchestral, mais aussi sans renouvellement...Kamelot va droit au but avec des titres directs, bien pensés mais tourne le dos à ses compositions plus progressives..Les fans apprécieront "phantom divine", "ravenlight", "amnesiac", "vespertine", ou les plus complexes "the proud and the broken", "burns to embrace" et "stories unheard" mais passeront sur les plus fades "kevlar skin", "static", "mindfall remedy"..
Pour être honnête, j'apprécie cet album étant fan de métal mélodique bien pensé, mais je comprend aussi la frustration de ceux qui attendent un virage plus audacieux de la part de kamelot..POur moi, cet album s'en sort pas mal, 11 titres (je ne compte pas les intro et outro) dont seuls 3 ne me convainquent pas vraiment...
Je suis en train de me faire toute la discographie de Kamelot, et bien il faut attendre cet album pour qu'un morceau me touche enfin, à savoir Vespertine, qui sans se tapper la tête contre les murs, a un bon potentiel de réécoute. Pour le reste, rien ne m'emporte malheureusement, Kamelot reste un groupe qui n'arrive absoluement pas à me apper, même si tout est toujours réalisé à la limite de la perfection, l'ensemble reste trop lisse à mon goût et les mélodies pas assez prenantes ou trop alambiquées. Je croise les doigts avec Awakening sinon j'aurais perdu pas mal de temps d'écoute!
Edit: Après nombreuses écoutes, Vespertine est finalement à se taper la tête contre les murs, une de leurs meilleures réalisations, si ce n'est pour moi la meilleure!
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