Après 5 ans d'absence, la Bête est de retour et pourtant, c'était loin d'être une certitude, voir
Behemoth revenir aussi vite, relève presque du "miracle". En effet, ce laps de temps fut certainement le plus difficile de toute la carrière du groupe, puisque son leader incontesté et incontestable,
Nergal, a dû combattre une leucémie, combat qu'il a remporté avec courage et ténacité. Là où d'autres se seraient mis en retrait pour un repos salvateur,
Behemoth décida de reprendre la route en octobre 2011, bien décidé à montrer à la face d'une humanité asservie que le monstre était bien vivant, et de s'atteler à donner un successeur à l'incroyable "
Evangelion", véritable chantre de brutalité et de rapidité.
La maladie a changé la perception et la vision de l'existence de
Nergal qui a découvert combien la vie peut être précieuse et, que "demain" n'arriverait pas obligatoirement, il décide donc de faire de "
The Satanist", une oeuvre définitive qui, si elle devait être la dernière, serait un final en apothéose. L'artwork est tout simplement magnifique et, même si c'est souvent le cas chez
Behemoth, celui-ci dépasse tout ce que le groupe a pu proposer jusque là,
Nergal a choisi de mêler son propre sang à cette oeuvre d'art illustrant "
The Satanist" et bien montrer que
Behemoth coule toujours dans ses veines, le contenant marque déjà les esprits, quant au contenu....
Le disque débute par "
Blow Your Trumpets Gabriel", morceau bien connu, qui tourne sur le web avec son clip très évocateur, représente une sorte de passerelle entre "
Evangelion" et "
The Satanist".
Behemoth, qui avait l'habitude de débuter ses opus par des titres rapides, prend déjà tout le monde à contre-pied, même si la fin de la composition s'emballe complètement, nous noterons un gros travail au niveau des arrangements et des ambiances sur le break et le final absolument grandiose.
La brutalité très présente sur le triptyque "
Demigod/
The Apostasy/
Evangelion" resurgit dès la deuxième composition "
Furor divine" qui porte très bien son patronyme, ainsi que sur "
Amen", un des morceaux parmi les plus violents de l'ensemble de la discographie de
Behemoth,
Inferno s'en donne à coeur joie et nous prouve par la même occasion qu'il n'a rien perdu de sa technicité et de sa vivacité, tant ses parties de batteries semblent surhumaines.
Mais voilà, "
Blow Your Trumpets Gabriel" aurait dû nous mettre la puce à l'oreille,
Behemoth a changé. Le groupe ne mise plus essentiellement sur une brutalité maîtrisée mais prend le temps de développer des atmosphères noires et mélancoliques, "
The Satanist" se fait plus sombre et plus obscure que jamais, avec notamment le morceau éponyme, "Ben sahar" mais surtout sur "O Father O
Satan O Sun", véritable pièce maîtresse, qui clôt la galette de manière éclatante.
Behemoth sait même se faire mystique, par cette énergie si particulière qui émane de "Oro pro nobis
Lucifer" aux riffs assez simples mais très prenants, sur la fin de "
The Satanist" absolument énorme, sur le "break" presque "folk" de "In the absence ov light" ou encore "
Messe Noire" (initialement nommée "
Leukemia") qui dresse littéralement les poils.
Nergal avait déclaré que sa maladie ne le rapprochait pas de Dieu, force est de constater, qu'à l'issu de l'écoute de cette oeuvre, le bougre n'avait pas menti. Le titre de l'album est assez évocateur sur le thème abordé, mais
Nergal ne considère pas
Satan comme un démon maléfique mais comme l'être le plus mal interprété de la Bible, un ennemi de l'oppression représentant la libération, la force, l'indépendance, l'ambition, l'autonomie et le désir d'amour, valeurs pour lesquelles tout un chacun se bat au quotidien. Son chant si typique et reconnaissable se fait plus "humain" mais il vocifère sa rage de vaincre avec une conviction, une force et une authenticité qui force le respect. Hormis
Inferno, fidèle à lui même mais qui étonne également dans ses parties de batteries plus "mid-tempo" empreint de feeling ("
The Satanist", "Ora pro nobis
Lucifer" ou encore "O Father O
Satan O sun"), une place considérable a été laissé à la basse de
Orion qui ajoute à ce ressenti obscure, oppressant et inquiétant. "
The Satanist" est également illuminé de solos d'une efficacité redoutable.
Le travail d'orfèvre de compositions et d'interprétation du disque est sublimé par une production en tous points, parfaite. Il est vrai que
Behemoth n'a pas opté pour un son massif comme sur ses précédentes offrandes, mais pour un rendu plus aéré et plus authentique. En écoutant "
The Satanist" a fort volume,vous aurez l'impression que le groupe est dans votre salon, tant l'ensemble sonne "live" (ceux qui ont déjà vu
Behemoth sur scène, comprendront de quoi je parle) et, vu le niveau d'exigence de
Nergal, ce ne fut sans doute pas une mince affaire puisque Colin Richardson (
Machine Head,
Carcass) jeta l'éponge après 4 mois de mixage, laissant place à Matt
Hyde (
Slayer,
Hatebreed) qui, après plusieurs essais, a su trouver le "grain" qui convient au groupe et à ses compositions.
Vous l'avez compris, je suis à genou devant l'autel de
Satan. "
The Satanist" ne possède aucun points faibles et, est parfait de bout en bout, il est vrai que la première écoute m'a un peu dérouté, mais interpellé par cette ambiance dégoulinante de noirceur, votre serviteur s'est fait happé par ce
Behemoth nouveau. Cet album est l'oeuvre la plus aboutie d'un
Behemoth qui a peaufiné son art jusqu'aux moindres détails, il porte l'essence même du groupe qui a accouché d'un disque d'une qualité ultime et qui m'a complètement pris aux tripes.
Behemoth a su se ré-inventer et entame une nouvelle mue salvatrice, le véritable challenge sera de pouvoir donner une suite à une telle oeuvre d'art sans perdre qualitativement.
"
The Satanist", qui va surement trouver son lot de détracteurs", est un monument érigé en pierre angulaire du style et du métal en général, un de ces albums qui ne sort qu'une fois tous les 10 ans et, qui se posera assurément en référence.
TITANESQUE!!!!!!!!!!
HelMist: ça à la rigueur, c'est un argument que je peux entendre sur The Satanic, l'importance du concept, le retour de Nergal après un expérience personnel décisive, etc... Même si pour moi, c'est un peu du blabla, cela dit, mais je peux comprendre.
Mais avant c'est du Death avec deux trois ambiances (genre les choeurs/trompettes sur The Apostasy) à la Morbid Angel... (et c'est pour ça que j'apprécie énormément le groupe).
Après tout n'est pas à jeté sur The Satanic loin de là, le dernier titre est pas mal du tout, ont n'a l'impression qu'il veut au bout de leur démarche atmosphérique et ça rend bien. Et la prod est globalement excellente.
Andras "pas un chef d'oeuvre" ; "17/20" T'es sérieux ?
Tellement rafraîchissant...
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