Si le Dubstep est à la mode aujourd'hui,
Korn a cessé de l'être depuis un bon bout de temps déjà. Tel un serpent qui se mord la queue, le groupe tourne en rond depuis
Untouchables, se cherche sans se trouver, et finalement, largue en chemin un peu plus de son public en chemin à chaque nouvelle sortie d'album. Car voilà presque dix ans maintenant que
Korn nous pond des albums, qui ont certes le mérite de l'audace et de la prise de risque ( si on excepte Remember You Are, qui n'a aucun mérite, car il n'est ni audacieux, ni risqué ), mais qui sont surtout emmerdants comme c'est pas permis. Voilà presque dix ans que
Korn succombe sous le poids de son propre héritage, presque dix ans que le groupe a le cul assis entre 2 chaises, entre hier et demain, entre un passé glorieux ( mais passé ) et un avenir incertain, entre le deuil mal assumé et le nouveau départ mal placé, entre les tentatives de retours aux sources foireuses et les nouvelles expérimentations ratées. C'est un équipage malade et déclinant qui reste persuadé de pouvoir encore diriger vers de nouveaux horizons un navire devenu trop gros pour lui. En cette fin d'année 2011,
Korn s'essaie donc au Dubstep, et comme d'hab', se vautre complètement…
A la base, "
The Path of Totality " n'était destiné qu'à être un simple EP, mais quand le groupe s'est entendu dire que leur dernier single " Get Up" ( avec Skrillex ) était " pas si mal ", eux qui n'avaient pas eu de retours positifs depuis un bon paquet d'années, certainement se sont ils dits : " Sapristi maismaismais c'est bien sûr !! Le Dubstep, mais c'est là qu'est notre voie ! Allez dédé, branche les platines, ce soir, on prend des amphets et on fait un album avec pleins de wobbles bass et de sons bizarres qui font ziou ziou ". Faut bien innover les copains. Encore une fois,
Korn prend à contre-pied son public, joue la carte de l'expérimentation, et peut même se targuer d'être le 1er groupe de "
Metal/Dubstep " de l'histoire, et qui sait, d'ouvrir la brèche d'un style inédit, qui nous gavera peut-être les intestins d'ici peu. Ce nouveau virage musical ayant été pris très au sérieux, le combo de Baskerfield s'est entouré de DJ réputés ( Skrillex bien sûr, mais aussi Noisia,
Excision, Downlink… ) pour la production. Si certains esprits taquins reprocheront au combo de Baskerfield de bouffer à tous les râteliers, ou souligneront que la soudaine ouverture à un genre éminemment hype est d'un opportunisme crasse, le groupe a néanmoins le mérite de se réinventer à nouveau, de reproposer quelque chose de neuf, après un "
Korn III " qui suintait la naphtaline et puait le formol ( et où Davis s'est aperçu qu'il ne rentrait plus dans son survet' adidas des grands jours ). Oui, ce dernier album, c'est un tournant radical, c'est une audace, c'est une prise de risque. Ça, c'est indéniable…
… Sauf que c'est nul ! "
The Path of Totality " est un album juste nul ! La production est grosse mais grossière ; lourdingue, synthétique, plus maquillée qu'un camion volé, elle noie guitare, basse et batterie dans un gros mix plastique et dégoulinant. Et si Jonathan Davis est le seul membre à être mis en avant , y'a pas de quoi pavoiser, tant sa voix est bardée d'effets, et fait même étrangement penser à du Manson sur certains passages ( " Sanctuary " en est un exemple flagrant ). Pour ce qui est des titres, les singles sont les rares bonnes idées de l'album ( même si le refrain de " Narcissistic Cannibal " est franchement pénible ). Mais pour le reste, oh peuchère… On passe du très (très) médiocre ( "
Illuminati ", "
Kill Mercy Within " ) au franchement ridicule ( "
Burn the Obedient ", très rigolo avec ses sirènes bidonnantes, " Let's Go " qui, dès son titre, laisse déjà présager la franche rigolade ). Gros refrains grandiloquents à la "
Untitled ", où Davis braille plus qu'il chante, sur fond de grosse electro pompière, ça entre dans une oreille et ça ressort par l'autre.
"
The Path of Totality " est aussi creux que l'intérieur du crâne d'Eve Angeli et aussi boursouflé qu'un Guy Carlier qui se serait fait attaquer par un essaim de frelons. La démarche était attirante, mais le groupe prend un malin plaisir à refroidir nos ardeurs à coups de pétards mouillés, à l'image de cet hideux " Sanctuary ", aussi excitant qu'une première communion, mais tout aussi long et laborieux. Si certains passages de l'album se distinguent (le malsain " My Wall ", le refrain de " Way Too
Far " et surtout le puissant " Get Up " qui porte bien son nom ), si les titres deluxe sont plutôt bien foutus ( mention spéciale à "
Tension " ), dans l'ensemble, c'est l'ennui qui subsiste et le néant artistique qui prédomine. "
The Path of Totality " laisse un gout amer d'inachevé. L'expérimentation est au rendez-vous, mais l'inspiration n'a toujours pas été invité à l'enregistrement (on dit qu'elle serait fâchée avec Jonathan Davis depuis que celui-ci serait devenu gros, du moins la période coïncide ). Et
Korn, encore une fois, patine dans la choucroute en croyant avancer.
Alors, certes, se réinventer avec brio n'est pas une chose facile. Et, au fond, je préfèrerait toujours un groupe comme
Korn, qui n'arrête pas de se casser les dents mais qui au moins innove, à un groupe comme AC/DC, qui fait depuis 30 ans la même daube. Mais bon, n'empêche que se réinventer, c'est bien beau, mais se réinventer en faisant un bon album ( ou du moins, un album qui ne laisse pas un sentiment d'inabouti ), c'est mieux quand même. Et ça fait un peu trop longtemps que
Korn n'a pas fait de bon album, ou même d'album abouti. Alors maintenant, il serait peut-être temps d'arrêter de chier dans la colle, de sortir un disque à la va-vite tous les 2 ans, et de se poser 5 minutes pour prendre de bonnes résolutions ( ça tombe bien, on approche du nouvel an en plus ! ). Comme plus espacer entre chaque album par exemple. Ou encore se réconcilier avec Inspiration, qui est quand même une fille super sympa, et surtout de bon conseil. Ou peut-être tout simplement raccrocher, par égard à un passé glorieux qui n'en finit plus d'être terni. Parce que bon, l'auto flagellation, j'sais pas vous, mais moi, c'est pas trop ma tasse de gnôle. Et voir un groupe qu'on aimait bien s'auto flageller ainsi, et se traîner lui-même dans la boue, et avec le sourire en plus, et dans la joie et la bonne humeur, franchement, ça fait peine à voir…
Je trouve sincèrement qu'ils ont baclé leur travail, trop vite, trop d'un coup, ils ont vu le succès de get up, tac direct, en même pas 6 mois, voilà un album. Non.
Les titres "My Wall" "Sanctuary" et les deux hits, sont vraiment tops, mais le reste, c'est fade. Pour moi le dubstep est un genre encore en pleine expension, attendre 6 mois voire un an pour korn aurait été parfait, des titres comme Get up, il y en aurait eu certainement d'autres. De plus, ils auront créer un nouveau genre, qui est très bon malgré tout ce qu'on peut dire.
Et d'un sens valait mieux cela, qu'un énième Korn III... donc 15/20 pour le côté vraiment "neo" de korn, mais un 7/20 pour la qualité de l'ensemble.
Je ne devrais peut-être pas partager ma crainte avec vous autres, mais selon vous, quelle sera la suite de korn ?
Ils ne reviendront surement pas en arrière, mais dans ce cas, où iront-ils ? car à ce rythme, ils perdent leurs premiers fans, et pas sûr qu'ils en gagnent autant auprès des amateurs de dubstep. Bref, moi je crains la suite.
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