Katatonia est un groupe suédois de métal qu’aujourd’hui, tout le monde connait et apprécie. Mais avant d’être une formation de doom-gothique,
Katatonia fut un groupe de dark métal typé doom death, sombre dans ses écrits et orienté doom funéraire dans ces compositions. Je vais comparer
Katatonia au papillon, créature fragile et splendide, majestueuse et éphémère. Mais avant tout, c’est une larve, fascinante et embryonnaire, tout comme
Katatonia de 1987 à 1993, année où les suédois sortent leur premier opus, «
Dance of December Souls », imparfait mais attirant et attachant, avec ses vocaux à la lisière du dark black et ses compositions lentes et inquiétantes faisant penser au doom funéraire de
Xasthur et
Nortt ou encore au DSBM (Depressive Sucidal Black
Metal) de l’infâme Varg Vikernes.
Vînt ensuite le véritable second album, du nom de «
Brave Murder Day », sortit en 1996, plus sobre sur le plan musical car s’appuyant sur un quarto composé de Mikael Akerfeldt pour le chant guttural, Anders Nystrom et Fredrik Nordmann aux guitares et
Jonas Renske, pour le chant mélodique où il n’apparaitra que sur deux titres (« Day » et « Rainroom ») l’album ne comporte que six titres baignant dans une atmosphère réellement vaporeuse
Et la larve se mue en une chrysalide métallistique froide et dure…
Suivront deux albums, dans les bacs en 1998 et 1999, d’abord «
Discouraged Ones », qui amorce le changement de cap du groupe, passant de doom death à métal-rock gothico-doom et « Tonight’s Decision » , qui annonce, lui, clairement, le changement de style de
Katatonia et l’importance prise par
Jonas et sa voix incroyable. En 2001, la formation nordique se métamorphose et accueille en son sein Mattias Nordmann, bassiste, et Daniel Liljekvist, batteur. Un album en résulte, le cinquième de
Katatonia, «
Last Fair Deal Gone Down », un très bon disque, qui est celui de la transformation.
Jonas Renske prend ici son envol avec ses vocaux touchants d’émotion et de maitrise. Les musicos suivent en nous offrant quelque chose d’unique et d’émouvant. La transition finale viendra de «
Viva Emptiness », sortit deux ans plus tard, une réussite qui installe
Katatonia dans le monde du métal gothique. C’est l’album de la révélation.
Et le papillon pu sortir de son cocon…
Tout est dans le titre. »
The Great Cold Distance » signifie grosso modo La Grande et Froide Distance.la distance est inévitablement froide et grande, surtout en amour .Cet album, à mon avis, est froid de par la sobriété grandiose de ses compositions doom, de par la beauté ingénue de ses chants gothiques mélodiques et de par la principale émotion véhiculée…la tristesse. Que ce soit la tristesse provenant d’une déception avec « Consternation » rythmé avec talent par Daniel à la batterie et le duo Nystrom/Normann aux six-cordes , emmenée avec brio à son apogée par les chants aériens de l’admirable
Jonas Renske ;Où bien la tristesse dont à peur, celle qu’on redoute et qui, inexorablement, arrive et provoque en nous la mélancolie des beaux jours. L’exemple avec le fabuleux «
My Twin », qui alterne parfaitement entre couplets doom mélodique et refrains gothiques. Un titre dans lequel tout est dans la voix de l’auteur/interpréte. Celui-ci nous livre une prestation magnifique. Toujours dans le registre du chagrin pressenti et craint, « Soil’s Song », avec sa composition épurée et ses lyrics ultra sobres, vous prend aux tripes tant l’émotion y est sincère et palpable. Le vide émotionel se présente à nous avec « Follower »,ce titre, sur la base d’un riff léger et de percussion omniprésentes, est impressionnant de dureté, de sécheresse émotionnelle, et la guitare, lointaine, très lointaines, vous rappelle ces rêves dont vous etes prisonnier et qui n’ont aucunes chances de se réaliser.
Plus fougueux et travaillé, « Increase » est introduit en force par des guitares affairées et une batterie aux tambours plus présents.la seule voix de
Jonas habille avec délicatesse les passages dénudés et éthérés avant que les refrains ne nous montre un sublime paradoxe entre l’énergie des instruments et la volupté des vocaux du chanteur de
Katatonia.Pour terminer, le féerique «
July » et sa composition gothico-mélodique où
Jonas chante avec nonchalance, frayant avec les puissants riffs des grattes et la présence assez anecdotique de la batterie. Le texte poétique de la chanson se marie à merveille à la composition recherchée, délicate et également vigoureuse dont bénéficie le titre. Ici, c’est la tristesse du cœur qui est mise à l’honneur car «
July » parle d’une rupture vécue comme injuste par le narrateur.
L’album de la confirmation et de la consécration pour
Katatonia. Il a tout pour lui : chants merveilleux, compositions alliant la puissance à la force tranquille sans pour autant tomber dans la guimauve servie actuellement par certains groupes de métal gothique et métal symphonique. Un classique du métal gothique.
Bj
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire