Pour ma première chronique, j’ai décidé de m’attaquer à ce groupe relativement peu connu originaire de Philadelphie œuvrant dans un sludge/post-hardcore inspiré de plusieurs étalons du genre tels que
Neurosis et ISIS.
Rosetta est formé en 2003 par quatre potes se connaissant depuis le lycée ayant depuis sorti trois albums studios et plusieurs splits (avec
Year Of No Light notamment). Évoluant au départ dans un sludge puissant et planant, ils ont peu à peu rajouté des parties instrumentales plus douces et éthérées rappelant immédiatement le post-metal d’ISIS sur les derniers albums.
Bien, la présentation du groupe étant faite, penchons-nous dorénavant sur leur premier album,
The Galilean Satellites, sorti en 2005. Se plaisant à dire qu’ils jouent du «
Metal for astronauts », on les croit volontiers à l’écoute de cet album. Sur un magnifique artwork d’Aaron Turner (ISIS), le groupe nous montre sa fascination pour l’astronomie, l’espace, les astres, tous ces éléments composant notre univers. Le titre de l’album évoque les lunes galiléennes, les 4 plus grands satellites de
Jupiter découverts par Galilée : Ganymède,
Callisto, Io et celui auquel les paroles font le plus souvent référence,
Europe.
Sorti sur un format 2 disques, le premier est surtout composé de titres typés sludge atmosphérique tandis que le deuxième propose uniquement des morceaux plutôt ambient. La particularité étant que les titres sont à quelques secondes près de même durée d’un disque à l’autre (Départe a la même durée que
Deneb, Europa-Capella, etc.). Le but est donc d’écouter simultanément les deux disques sur deux stéréos pour enrichir l’expérience, pratique inspirée par
Neurosis avec son fabuleux Times of Grace superposé avec Grace de
Tribes Of Neurot.
Départe nous plonge directement dans l’ambiance avec une ligne de basse bien groovy précédant un départ légèrement brouillon mais nous permettant de découvrir les talents du chanteur Michael Armine qui nous livre un growl puissant, lâchant toutes ses tripes comme les derniers cris d’un écorché vif. S’ensuit un break avec la même ligne de basse planante du début avant un final époustouflant, dévastant tout sur son passage.
Nous retrouvons régulièrement des intros indus à la Cult of
Luna sur des morceaux comme Europa et Au Pays Natal, montant progressivement en intensité avant d’asséner des riffs sludgy écrasants accompagnant les hurlements d’Armine ainsi que des finish accélérant le tempo (Europa,
Absent), donnant un résultat limite bruitiste mais concluant parfaitement les titres avec une intensité atteignant son paroxysme.
La longueur des titres (en moyenne neuf minutes) et leur petit nombre leur confèrent une diversité extrêmement riche, comme on peut le découvrir sur
Absent, un instrumental achevant (déjà !) de nous plonger dans l’ambiance spatiale avec une intro nous permettant encore une fois d’apprécier le talent de David Grossman à la basse (très bien mise en avant tout au long de l’album d’ailleurs) avant de nous lâcher un riff sortant de nulle part nous clouant à notre fauteuil avec un de ces finish qui progresse de plus en plus rapidement, se terminant par des cris lointains.
Itinérant tranche avec les autres morceaux, nous permettant de souffler un peu grâce à des notes de piano harmonieuses agrémentées de samples reposants qui ne sont aucunement dérangées par l’arrivée des cris d’Armine qui, au contraire, s’avèrent plutôt bénéfiques à la détente et la tranquillité que dégage ce titre. C’est ce que j’ai toujours adoré dans ce style de musique, qui donne un effet apaisant malgré son aspect sombre et violent grâce à l’émotion véhiculée par certaines paroles, certains riffs, certains éléments pouvant paraître insignifiants à la première écoute.
Comment finir cette chronique sans évoquer le dernier titre qui, long de plus de treize minutes, transcende complètement l’expérience, le voyage spatial proposé par
Rosetta dans cette galette ? Car s’il y a bien une chose que
Rosetta maîtrise, c’est la conclusion de leurs albums ! Au Pays Natal sur celui-ci,
Monument sur
Wake/Lift et le titre éponyme de
A Determinism of Morality, aucun de ces morceaux ne vous laisse sur votre faim au moment de terminer le voyage.
Démarrant une fois de plus sur une intro indus de plus de trois minutes, le groupe nous emmène découvrir de nombreux lieux, étoiles lointaines à travers des breaks nous plongeant de plus en plus profondément dans les abysses du vide spatial. On ressent réellement toute la rage bouillonnante d’Armine dans ses derniers hurlements avant de ne nous laisser plus qu’un son brouillé, comme si la communication était coupée, que l’astronaute avait finalement atteint son but, fuir la Terre pour trouver la solitude absolue auprès d’
Europe.
Au plus près des étoiles.
Alors, que dire de cet album ? Il n’est évidemment pas parfait, les passages bruitistes pouvant déplaire à certains, mais il s’en rapproche fortement grâce à ses titres riches et variés, proposant de plus la superposition des deux disques pour nous plonger encore plus dans l’ambiance. Pour un premier album,
Rosetta exécute un véritable coup de maître en fusionnant parfaitement les éléments de
Neurosis et d’ISIS pour sortir une petite perle d’émotions, planante et atmosphérique.
Si vous avez déjà accroché à l’un des trois groupes cités plusieurs fois tout au long de cette chronique, il ne fait nul doute que vous accrocherez aussi à
Rosetta.
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