Après le culte
The Ten Commandments et l’excellent
Retribution, voici
Stillborn, le troisième album de
Malevolent Creation, sortant en cet automne 1993 sous couverture du label Roadrunner, son écurie avec laquelle les relations se dégradent sérieusement à cette époque. Entre temps, la formation floridienne perd le redoutable Rob Barrett qui rejoint les rangs de
Cannibal Corpse, sacré guitariste heureusement remplacé au pied levé grâce au retour de l’excellent Jon Rubin, de retour au bercail après son passage chez
Monstrosity le temps du mémorable
Imperial Doom.
A travers la nouvelle illustration de Dan Seagrave, très réussie au passage,
Stillborn annonce la couleur d’un deathmetal toujours aussi manifestement ancré dans la tradition floridienne. Tandis que Death,
Carcass ou
Entombed montrent de leur côté des signes d’évolution notables, marqués par la sortie des ambitieux Individual Thought Patterns, Hearwork et
Wolverine Blues cette même année,
Malevolent Creation ne change effectivement pas d’un iota, lâchant son death toujours aussi écrasant à la façon d’un 38 tonnes.
Bien que
Stillborn reste relativement conventionnel, il n'en demeure pas moins d’une qualité technique toujours aussi notable, à l’image des très bons titres Way Of All
Flesh & Disciple of
Abhorrence, sans occulter le morceau éponyme tout aussi incisif et impeccablement mis en place. La force de
Malevolent Creation réside dans ses rythmiques dévastatrices, avec le martèlement du géant Alex Marquez à la batterie, au jeu puissant & carré et redoutable à la double pédale, sur lequel s’appuient les guitares lourdes et acérées du duo Fasciana / Rubin et le chant arraché de Brett Hoffmann.
Tout comme son confrère
Suffocation,
Malevolent Creation a toutefois dû se détourner des Morrisound Studios, boudé par son label opportuniste Roadrunner, qui baisse sensiblement les crédits pour ses poulains jouant du deathmetal. Le quintet change donc de lieu d’enregistrement et d’ingénieur du son, tentant l’expérience avec Mark Pinske au Pro Media Studio en Floride, tout comme
Atheist ou le plus méconnu
Demented Ted sur leur album respectif
Elements et
Promises Impure parus cette même année. La production de
Stillborn étouffe malheureusement les morceaux, loin de la clarté et du mordant des deux précédentes captures effectuées par Scott Burns. La batterie manque de punch et les guitares de tranchant, noyées dans un mixage relativement confus, conférant à
Stillborn ce certain manque puissance, qui symbolise pourtant l’essence même de
Malevolent Creation.
Lâchant des titres certes moins mémorables que ses deux précédents efforts, servi de surcroît par une production en demi-teinte,
Malevolent Creation rate donc partiellement le coche du troisième album. En roue libre et sans soutien de son label, le groupe est dès lors délaissé par de nombreux deathsters, premier signe d’une scène qui commence à se mordre la queue. Heureusement, la pureté et qualité intrinsèque de
Stillborn qui ne peuvent être remises en cause, en ajoutant également à la foi inébranlable de Phil Fasciana, permettent à la formation de conserver une légion de fans dévoués et de continuer son chemin avec la force qu’on lui connait.
Fabien.
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