South of Salem

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16/20
Nom du groupe Witch Mountain
Nom de l'album South of Salem
Type Album
Date de parution 2011
Style MusicalDoom Metal
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1. Wing of the Lord 07:56
2. Plastic Cage 07:05
3. South Sugar 05:40
4. End Game 03:54
5. Hare's Stare 12:29
6. End Game (Slight Return) 01:28
Total playing time 38:32

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Witch Mountain


Chronique @ taylor13

18 Janvier 2013

«South of Salem» surprend, détonne et envoute. Véritable sortilège arrangé par trois sorciers et une sorcière.

«Sire, des forces maléfiques s’activent à Salem ! Oh non monseigneur, il ne s’agit plus de Salem en Massachusetts, mais de Salem capitale de l’Oregon. Sur la côte Ouest, oui.»

Il n’est pas si loin le temps où l’on accusait son voisin d’être un sorcier ou une sorcière aux Etats-Unis. La création de tribunaux tenus par des magistrats publics, avec l’introduction de la criminologie, mais aussi de la psychologie, ont relégué à l’arrière-plan les méthodes de cette époque.
Pourtant, si le procès des sorcières de Salem fait doucement sourire en Europe, dans le folklore américain, la sorcellerie est toujours présente. Celle-ci passionne autant qu’elle inquiète l’Amérique. Que ce soit avec Anton LaVey, les wiccans ou avec les puritains, il existe au Nouveau Monde des croyances que l’église aime à tacler et avec lesquels les marginaux (rockers, hippies et autres metalheads) jouent. Néanmoins, il est grand temps d’ouvrir un nouveau procès !

Formé à Portland, Witch Mountain, dont le nom s’il ne fait pas référence à la nouvelle d’Alexander Key (Escape to Witch Mountain, 1968), fait au moins référence aux films qui en ont été tirés (1975 et 1995). Dans cette nouvelle, l’un des protagonistes, Tony, fait bouger des objets grâce à la télékinésie qu’il développe en jouant justement de la musique.

Ce groupe, dont beaucoup d’éléments évoquent pour le moment les années 1970, après avoir sorti un LP en 2001, c’est brutalement arrêté. Rob Wrong (chant et guitare) et Dave Hoopaugh (basse), leur vie familiales respectives mis à part, se sont concentrés sur leur autre groupe Iommi Stubbs, qu’ils avaient depuis le début des années 1990. Iommi Stubbs ferait-il référence à Tony Iommi, le célèbre guitariste de Black Sabbath et soit disant adorateur du démon ? Allons, comme vous y allez, c’est un procès sérieux ici !
De son côté Nathan Carson (batterie) joue les non moins prestigieux Sunn O))), qui accouchent de leur White 2, mais également Agalloch (géant Dark Metal de la scène Portlandaise pour ceux qui l’ignorent).

Après une pause de «six ou sept ans» selon Wrong, le groupe se remet au travail et compose quelques titres. Cependant quelque chose manque, la magie ne prend plus. Le groupe se met alors en quête d’une voix, qu’il trouve en la personne d’Uta Plotkin. Les trois musiciens sont sous le charme et Rob Wrong (toujours) déclare : «I regret that we didn’t create a bigger body of work over the last 10 years, but those albums wouldn’t have had Uta on them. I don’t want albums that don’t have her on them. That’s our sound now.» («Je regrette que nous n’ayons pas créé plus d’œuvres ces dix dernières années, mais ces albums n’auraient pas eu Uta dessus. Je ne veux pas en faire sans qu’elle y soit. C’est notre son maintenant.») A l’examen dans ce procès, tentons de déterminer quel peut-être ce fameux «son» ?

Uta Plotkin, née dans la même ville que son batteur (Corvallis, Oregon), mais dix ans plus tard, a bien des références : Elizabeth Fraser (Cocteau Twins), Bjork ou encore Tina Turner. Ces voix diverses sont à l’image de la sienne : sensuelles, lourdes et mystérieuses. Car oui, Uta Plotkin est avant tout une chanteuse à tendance «soul» dont le répertoire ne semble pas s’épuiser.
J’en entends dans l’assistance qui s’agitent sur leurs bancs. Pourtant ce fameux «son», c’est cette alliance déjantée, presque maléfique, d’une voix de gospel avec les instruments du démon.
Voici, depuis l’ouverture de ce procès, que beaucoup de noms circulent autour de ce groupe. Sans faire dans le name dropping, on pourrait en rajouter une couche en disant que Witch Mountain c’est un peu comme si Nora Jones rencontrait les Melvins.

Le premier enregistrement de ce drôle d’assemblage, "Veil of the Forgotten", parait en 2010 sur la compilation «Metal Swim» (qui contient, entre autres, des titres de Death Angel, Kylesa et Jesu). Le «son» est là, et Uta se permet même un coup de growl.

Très vite le groupe rentre en studio pour enregistrer leur second album (et premier à voix féminine) : "South of Salem".
Derrière le titre du disque, se trouve une référence à «South of Heaven» de Slayer que Nathan Carson ne se prive pas de cacher. Ce dernier a également l’idée originale de l’artwork (signé en définitive par Skinner, un artiste de Sacramento, Californie) : présenter une carte de l’Oregon dans laquelle la capitale (Salem donc) aurait un pentagramme comme emblème. L’histoire semble se répéter puisqu’en 2009 à Portland, pour leur premier concert avec Uta au chant, Witch Mountain avait ouvert pour le groupe Pentagram.

D’abord sorti sous forme vinyl (depuis lors en CD) : «South of Salem» surprend, détonne et envoute. Véritable sortilège arrangé par trois sorciers et une sorcière.
Cette potion n’hésite pas à combiner des ingrédients presque antagoniques. Cité précédemment, il y a le chant à tendance «soul», mais également un son global qui tend vers le stoner, ce que la basse ronflante et agréable de Dave Hoopaugh met en exergue. De même, la guitare de Rob Wrong dont les courts mais brillants soli iront jusqu’à rappeler les années 70. Enfin, Nathan Carson aux futs remplis parfaitement son office, structurant cet atypique cocktail. Malgré une durée courte, les six pistes de l’album s’écoutent ad libitum avec grand plaisir, lequel est renouvelé depuis la sortie de son successeur, «Cauldron of the Wild».

Après tous ces aveux sur ce disque, c'est avec difficulté que je dois admettre que les artifices des accusés m'ont atteint. Comme de nombreux autres, on me diagnostiquera surement une folie passagère, mais vous le savez : un sortilège n'est rompu que si son lanceur originel le veut bien.

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