Liste des groupes Metal Mélodique Crimson Sun Sorrowbreaker

Quatre années envolées déjà depuis « Fates », leur second et galvanisant album full length... Une éternité pour la fanbase de l'expérimenté quintet finlandais originaire d' Hamina ! Ce qui ne signifie nullement que le collectif nord-européen soit resté en-deçà des studios ce laps de temps durant, loin s'en faut ! Mû par un soudain élan d'inspiration, le collectif réalisera en 2022 quelque trois singles : « Feed the Fire », « The Flame » et « My Revolution ». S'ensuivront quatre autres (« Sailing Home », « Neon Lights », « The Mark Stays On » et « Strive »), deux ans plus tard, soit quatre des dix pistes de leur troisième et présent album de longue durée, « Sorrowbreaker ». Cela étant, les 34 brèves minutes de cette auto-production permettront-elles cette fois au prudent et méticuleux combo de rejoindre les valeurs confirmées du metal mélodique à chant féminin ?

Ce faisant, le line up du dernier effort en date est resté inchangé. Ainsi, aux côtés de Joni Junnila – l'un des pères fondateurs et guitariste du groupe – se conjuguent à nouveau les talents de : Sini Seppälä en qualité de frontwoman, Jukka Jauhiainen (Aeonian Sorrow, Red Moon Architect) à la basse, Antti Rantavuo (Metallijate, End Of Aeon) à la batterie et Miikka Hujanen aux claviers. De cette indéfectible collaboration émane un propos metal mélodique moderne à la fois impulsif, rayonnant et poignant, où les sources d'inspiration seraient à chercher du côté de Lacuna Coil, Volturian, Amaranthe, Delain et Metalite. A l'aune de son devancier, ce nouvel élan témoigne néanmoins d'un set de partitions peu empruntées, d'une technicité instrumentale éprouvée et judicieusement exploitée, ayant pour corolaire de savoureuses sentes mélodiques renvoyant chacune à la féconde inspiration de leurs auteurs.

Comme à l'accoutumée, nos compères nous livrent une œuvre jouissant d'une production d'ensemble coulée dans le bronze ; ici co-signée Saku Moilanen (pluri-instrumentiste (Red Moon Architect, Before The Dawn, ex-Crimson Sun, ex-Aeonian Sorrow...) et producteur (Wolfheart, Kaunis Kuolematon Horizon Ignited...)) et Christopher Stjerne (Crimson Sun, Ad Infinitum), cette rondelle ne concède pas l'once d'une sonorité résiduelle. A l'instar de « Towards the Light », se superpose un rutilant mastering relevant de la patte experte de Jacob Hansen (producteur, ingénieur et pluri-instrumentiste danois, sollicité par Epica, Avantasia, Evergrey, Imperia, Pretty Maids, Pyramaze parmi tant d'autres pour la production de certains de leurs albums) ; également mixée par ce dernier, cette rondelle laisse entrevoir une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation. Autant de qualités à mettre à l'actif de la troupe, nous intimant d'aller explorer plus en profondeur la cale du navire...


A l'instar de ses aînés, ce propos regorge d'éruptifs instants, avec pour effet de nous aspirer dans la tourmente sans avoir à forcer le trait, le plus souvent. Ainsi, sans relâcher la pression d'un iota et pourvus d'un refrain catchy mis en exergue par les chatoyantes inflexions de la sirène, les organiques et ''amaranthiens'' up tempi « The Mark Stays On » et « Neon Lights » se posent tels deux hits en puissance que l'on ne quittera que pour mieux y revenir. Dans cette dynamique, on ne saurait davantage éluder l'entraînant et ''delainien''« Retrospectator », eu égard à l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre, qu'empruntent les fluides impulsions d'une interprète bien habitée. Par ailleurs, c'est cheveux au vent que l'on parcourra le titre éponyme de l'opus, « Sorrowbreaker », up tempo heavy mélodique moderne au carrefour entre Metalite et Amaranthe ; pourvu d'une sente mélodique, certes, déjà courue mais des plus entêtantes et d'arrangements de bonne facture, le ''tubesque'' manifeste ne va pas sans générer une énergie aisément communicative. Enfin, on ne saurait plus occulter l'intrigant et complexe « Aluminum Crown », et ce, davantage pour son grisant refrain que pour ses couplets un poil linéarisés ou encore l'inopportunité d'un pont techniciste résolument brumeux. Mais la troupe aurait bien d'autres arguments encore pour asseoir sa défense et se jouer des nôtres...

Quand le convoi instrumental ralentit un tantinet sa cadence, nos acolytes trouvent à nouveau matière à nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste, d'une part, « Strive », mid tempo syncopé et progressif aux riffs crochetés, à la confluence de Volturian et Amaranthe ; au regard de ses enchaînements intra piste des plus sécurisants et de la saisissante accélération de ses frappes à mi-piste, ce grisant effort metal moderne poussera assurément le chaland à un headbang subreptice. Bien cadencé et enivrant, « Sylvian » s'offre, lui, tel un mid/up tempo au léger tapping et pourvu de sémillants arpèges d'accords. Dans une même logique mais plus ''lacunacoilesque'' en l'âme, le solaire et graduel « Sailing Home », quant à lui, nous immerge au cœur d'un enchanteur paysage de notes au sein duquel les poignants médiums de la princesse semblent danser à l'envi. Dans cette veine, on retiendra encore le polyrythmique « The Tide » à la lumière de sa bondissante reprise sur la crête d'un refrain que l'on entonnerait à tue tête, elle-même succédant à un break bien amené. Chapeau bas !

Lorsqu'ils nous mènent en des espaces plus tamisés, nos compères s'y exécutent à nouveau avec une infinie délicatesse, nous livrant par là même leurs mots bleus les plus sensible. Ce qu'illustre « Nightsky », power ballade romantique jusqu'au bout des ongles, que n'auraient sans doute reniée ni Delain ni Xandria ; glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, recelant un refrain immersif à souhait sur lequel se greffe le magnétique filet de voix de la maîtresse de cérémonie, et se chargeant en émotion au fil de sa progression, l'instant privilégié comblera, à n'en pas douter, les attentes de l'aficionado de moments intimistes.


A l'aune d'un album ne manquant ni d'allant ni de panache, jouissant d'une ingénierie du son désormais difficile à prendre en défaut et d'un set de compositions plus affûté aujourd'hui qu'hier, le collectif nord-européen reviendrait en force dans la course ! Moins ''symphonisant'' que son aîné, ce nouvel élan résolument mélodique et moderne ne se fait pas moins rayonnant. S'il s'avère d'une redoutable efficacité et s'il ne concède pas l'ombre d'une baisse de régime susceptible d'affadir l'attention du chaland, cet opus, tout comme son devancier, ne témoigne que de peu de prises de risques tout en nous privant d'une quelconque joute oratoire.

Si les exercices de style dispensés tendraient à une certaine stéréotypie, nos acolytes nous livrent toutefois, là encore, une œuvre d'une rare force émotionnelle, poussant assurément à une remise du couvert celui qui s'y sera engagé. C'est dire qu'armé de cette galvanisante et pimpante rondelle, l'inspiré quartet serait dès lors en mesure de se hisser parmi les valeurs confirmées du metal mélodique moderne à chant féminin, Aussi, à la lumière d'un troisième et dévorant effort, l'aventure se poursuit sereinement pour le combo finlandais...