L'aventure artistique des Américains de
Lynch Mob est pour le moins chaotique. Après de multiples séparations et de nombreuses retrouvailles, le groupe ne sera, en effet, pas véritablement parvenu à nous séduire au gré d'œuvres qui, pour certaines d'entre elles, constitue une expression au langage très particulier. Tantôt
Hard Rock avec
Wicked Sensation (1990) et
Lynch Mob (1992), tantôt Rock sombre avec
Syzygy (1998), il aura été des plus complexe de saisir une personnalité aussi changeante. Et en cette année 1999, cette difficulté à comprendre les desseins de ces musiciens va encore s'accroître alors que sort
Smoke This, nouvel effort des Georges
Lynch et de ses acolytes.
Avant d'expliquer toutes les causes de cette nouvelle incompréhension, commençons donc par évoquer les changements fondamentaux qui ont bouleversé l'ossature de ce groupe. Des changements dont, à dire vrai, on ne sait que peu de chose si ce n'est que le guitariste Georges
Lynch est le seul miraculé des escapades passées et que donc, par voie de conséquence,
Oni Logan n'est plus la voix de ce "nouveau" projet.
Venons en maintenant à l'aspect le plus décisif de cette incompréhension. Parlons donc, en effet, de l'orientation musicale de ce
Smoke This. Georges
Lynch aura voulu ici composer quelque chose de très contemporain, dans l'ère du temps. Pour ce faire il aura écrit les 12 titres de ce
Smoke This dans une expression très inspirée par le Rapcore et le Neo
Metal.
Et le résultat de ces nouvelles aspirations musicales, aussi paradoxale que cela puisse paraître, nous offrent des titres qui demeurent, pour certains d'entre eux tout au moins, intéressants. Ils le sont bien davantage, en tous les cas, que ceux du moyen
Syzygy sur lequel, avec le recul que nous procure ce
Smoke This, il est possible de ressentir les prémices de cette volonté de changement rêvant de s'égarer en des territoires nettement plus sombres et nettement plus variés. Ce recul nous permet également de mesurer à quel point
Oni Logan n'était assurément pas l'homme capable d'assumer vocalement, ni même d'incarner, un tel changement. Malgré cela le véritable problème de ce disque, l'élément crucial de cette œuvre, celui qui ne saurait convaincre les moins progressistes d'entre nous, réside dans le fait qu'à l'instar de WASP et de son KFD, d'Accept et de son Eat the Heat ou encore de
Dangerous Toys et de son The R*tist 4*merly Known as
Dangerous Toys, la modification de l'univers artistique est si importante que le résultat ne correspond plus aux attentes de ceux qui apprécièrent
Lynch Mob alors que celui ci s'exprimait dans les détours d'un
Hard Rock groovy très inspiré. Se rebaptiser aurait, peut-être, été judicieux car, avec ce disque,
Lynch Mob ne se ressemble plus.
Toutefois, nonobstant cette difformité, des morceaux tels que, par exemple, Hype-O, Chromeplated,
Hollow, When I Rise, What Do You Want ou encore
Smoke This ne sont pas dénués d'atouts.
Si certaines pistes de cet opus sont donc attachantes, il ne sera, malheureusement, pas possible d'avoir les mêmes considérations pour d'autres nettement moins captivantes. En effet, un Playalistic d'obédience Funky Rap, un Beg très Pop, un Relaxing in the
Land of AZ inconsistant, ou encore un Indra's Net aux allures Technoïde ne pourront pas prétendre éveiller en nous le même intérêt.
De plus, malheureusement, on sent que l'union entre le monde résolument
Metal, Rock ou, tout au moins, à consonance "guitaristique" (appelons le ainsi) de Georges
Lynch et l'univers Hip Hop, Funky, Rap de ces nouveaux complices ne fonctionne pas totalement. De sorte qu'on ressent bien trop souvent l'écart culturel qui existe entre les différentes factions qui interviennent sur ce disque. Tant et si bien que les Riffs et soli, bien esseulés, de l'ancien membre de
Dokken apparaissent soit, au mieux, comme un ajout mis en valeur par le reste, soit, au pire, comme la caution morale d'un concept imparfait.
Avec quelques titres intéressants au cœur de l'œuvre d'un
Lynch Mob ainsi défiguré,
Smoke This est donc un étrange moment déstabilisant pour ceux qui chercheraient encore à comprendre l'univers artistique de ces Américains.
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