Suite à un album mi-figue mi-raisin et à une tournée non moins catastrophique, due à un
Ian Gillan rencontrant de graves problèmes d’alcool, le groupe décide donc de se séparer de son chanteur, lui trouvant dès lors un remplaçant en la personne de
Joe Lynn Turner (ex-acolyte de Ritchie Blackmore au sein de
Rainbow et aussi ancien chanteur de
Fandango,
Yngwie Malmsteen et
Sunstorm, entre autres). Le groupe prendra alors une direction plus orientée FM, mais ô combien intéressante ! Même si, à l’époque, certains fans crieront à la trahison, considérant "
Slaves & Masters" comme une copie carbone de l’album "Bent out of Shape" de
Rainbow.
Revenons un instant à cette orientation FM, heureux chemin emprunté par le groupe. D’une part, la venue de Turner aura une influence certaine sur la façon de composer de Blackmore, tant dans la musique, devenue plus mélodique, qu'à travers des textes plus doux, voire très soft. Ce qui, d’ailleurs, se remarquera dans le jeu de guitare, plus fluide et aérien, de l’homme en noir. Les claviers, quant à eux, deviendront plus synthétiques, nous faisant oublier les sonorités d’orgue Hammond si caractéristiques du jeu de Jon
Lord.
Quant à l’artwork de la pochette, il parle de lui-même ! Des mains enveloppant une boule de cristal nous dévoilent en son intérieur différents motifs, évoquant les albums du groupe, rehaussés du nom du combo en lettres argentées, dans un style que je qualifierais d'assez sobre. Ce qui, à mon sens, colle tout à fait avec les références FM de l’opus.
La production, quant à elle, est toujours menée de mains de maître par le bassiste Roger Glover, ayant déjà collaboré notamment avec
Rainbow, mais aussi sur son projet légendaire avec
Dio au chant, « The Butterfly Ball and the Grasshopper's Feast ». Souvenez-vous de "Love Is All", cette chanson devenue culte !
Nous entamerons la lecture de cet album aux fortes ambiances FM, plutôt inattendues venant de la part de
Deep Purple, par le premier titre "
King of Dreams". Celui-ci sera d’ailleurs choisi comme premier single pour représenter l’album. Beaucoup de fans diront, à l‘époque, que ce morceau n‘était qu'une redite de "Street of Dreams" de l‘album "Bent out of Shape" de
Rainbow. Mais, reconnaissons-le, certains passages nous rappellent cette chanson sur bien des points, surtout dans son refrain, marqué par le chant de
Joe Lynn Turner, reconnaissable entre mille. Mais, il ne s'agit là que d'un hors-d'oeuvre !
En effet, d’autres titres se sont avérés bien plus intéressants, comme les mid tempi, assez nombreux sur l’opus, dont "The Cut Runs Deep", avec son duel de guitare/claviers plutôt jouissif, ou bien même "Wiked Ways", très réussi, avec ses structures de batterie alambiquées signées
Ian Paice. Soulignons que ce dernier a abattu un travail de titan sur tout l’album. Ce prodige ayant dans son jeu un swing vraiment incroyable, il semblerait que nous ayons là probablement l’un des meilleurs batteurs dans le genre, d'ailleurs souvent imité mais jamais égalé. Dans le même ton, nous avons aussi "Too Much is Not Enough", au refrain FM aisément mémorisable avec, en son centre, un solo de guitare aérien signé Ritchie Blackmore.
Sur le plan mélodique, comme dit, l'album n'est pas en reste. Ainsi, d’autres titres sortiront du lot, tel que le très Boogie Rock "
Fire in the
Basement", excellent morceau taillé pour la scène, dont le refrain ne vous sort plus de la tête. N'oublions pas non plus "Truth
Hurts", aux guitares atmosphériques et aux arrangements de claviers classieux de
Lord. Ces deux titres sont, à mon humble avis, les plus mélodieux de l’album et les plus proches du
Rainbow, période "Bent out of Shape". Mais, "Breakfast in Bed", non moins mélodieux, demeure mon préféré, sur plusieurs points. Celui-ci démarre par une introduction aux claviers assez innovante venant de
Lord, ce qui pourrait, au premier abord, rebuter les puristes, habitués à un son d’orgue Hammond. Mais, le point d’orgue se trouve être le pont central du morceau d'où s'échappe un solo classieux de Blackmore, impressionnant de dextérité.
Comme dans nombre d'albums orientés FM, nous avons droit à une inévitable ballade certes, mais non sans intérêt. Ainsi, "
Love Conquers All" apparaît, se voulant surtout proche d'un pur style
Rainbow, dernière mouture. Avec son refrain, délicat et langoureux, saupoudré de claviers, sans surprises, cette ballade sera sélectionnée comme deuxième single et fera l'objet d'une vidéo. Allez donc jeter une oreille sur celle-ci, tant elle est d’une incroyable beauté.
Je ne saurais terminer le parcours de l'album sans évoquer quelques belles parties techniques concoctées par le groupe. Ainsi, on remarquera le titre "Fortuneteller" où, guitare et claviers donnent le ton et, avec délice, prennent la part du lion sur toute la longueur du morceau. Là encore, Ritchie Blackmore nous gratifie d’un magnifique solo de guitare.
Pour conclure, je conseillerai cet album aux amateurs de claviers aux sonorités synthétiques et formatées FM, sans oublier les jeux de guitare du maître Blackmore. Mais, cette production s'adresse aussi aux fans de
Rainbow, de la période Joe Lynn Tuner, et ses albums que sont « Straight between the
Eyes » et « Bent out of Shape « .
Je voulais aussi préciser que je ne déteste pas l'album " The House of Blue Light " seulement, j'y ai trouvé des titres frisant l'excellence et d'autres assez moyens.
Peut-être que Gillan avait trop donné que se soit au chant que de sa personne surtout lors de la tournée qui suivit l'album !
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