Une bonne tranche de rire peut parfois faire du bien. On se souvient du fameux "Objectif : Thunes" de
Ultra Vomit ou du premier opus de Andreas & Nicolas, formations intimement liées dans un genre bien différent de
Gronibard par exemple. Humour potache, musicalité au top, évocation de la culture metal ou purement française, blague à la cons mais toujours drôles…bref, ce ne sont pas albums que l’on écoute constamment mais qui sont toujours de véritables bouffées d’air frais. Et quand Andreas & Nicolas décident de faire un concept, ça donne
Singes du Futur.
Une Terre explosée depuis cinq siècles, un petit cochon prénommé Tramway (bien visible sur la pochette et remplaçant Charlton Heston dans un remake de La Planète des Singes originel). On peut d’ailleurs se demander ce qu’on fait les singes aux deux compères qui les évoquent sous toutes les formes possibles (souvenez-vous du "Singe Facteur"). Le singe, c’est l’homme dans son caractère primaire et profondément imbécile.
C’est ainsi que l’introduction place le concept : Tramway a été décongelé, va bientôt arriver sur une nouvelle planète et pour patienter la cinquantaine de minutes précédant l’atterrissage, il a le choix d’écouter les artistes ayant marqué l’humanité. Ainsi, entre Bach, Mozart ou Michael Jackson, Andreas & Nicolas se taille le choix du petit cochon et s’est parti pour un délire non-stop, à l’humour parfois léger, parfois graveleux, parfois franchement drôle ou dérangeant voir même nostalgique mais toujours avec un sens mélodique assez hallucinant et un travail vocal impressionnant.
Ainsi, "Super Salope" se pose rapidement comme un tube en puissance, entre un refrain étrangement beau (il faut l’écrire, croyez-moi !), Andréas place d’abord une ligne vocale très chanson française sur un texte pourtant horrible (Super Salope étant un personnage de dessin animé) juste avant que n’arrive justement "Crazy Clochard", le méchant du dessin animé (son attaque étant d’ailleurs « Fé-la Fé-la Félatiooooooooooon ») encore plus gore qui égorge les prostitués, les enfants et place carrément un passage narratif délicieusement violent et à la limite de la décence pour certains (tout dépendra des sensibilités).
Mais surtout, comme pour
Ultra Vomit, mais dans une ambiance évidemment moins metal, "
Singes du Futur" réussi à intéresser sur l’intégralité du disque grâce à un savoir-faire constant, un talent d’interprétation énorme et surtout une intelligence dans les textes permettant de placer des mots forts et choquants avec humour. A l’inverse, c’est parfois le non-sens et la connerie pure qui provoquent le rire, comme la formation du sandwich hurlé dans "Est-ce que tu veux Sortir avec Moi ?" ou encore "Putain ! Putain ! Putain !" et son absurdité complète de l’ado qui cherche ses fringues. L’idée de coller en plein milieu du titre un passage « live » est fabuleuse, tout comme celle de parler de « Saint Etienne » (impossible de savoir pourquoi finalement, c’est drôle mais ça l’est !) avec une voix parfois proche de Dubosc quand il présente Audrey.
Et que dire de "Chatroulette", et de ce sentiment coupable d’avoir ce refrain qui n’arrive plus à sortir de notre tête (« Je me suis fait pompé par une meuf sur Chatroulette… ») tellement la mélodie est prenante. Quant à l’inventivité des couplets, des dizaines de sons à la con sortant comme par magie à chaque recoin de phrase, on se dit que les deux compères ont quand même passé un sacré temps à préparer leur album.
Car malgré le caractère très léger et fun, on ressent (et le groupe le dit lui-même) qu’il y a un gros boulot derrière de composition, de production et que tout est murement réfléchi pour former un ensemble cohérent. "Elephante-Moi" et son ambiance de cirque est par exemple beaucoup plus « mignon » dans le fond, avec un humour presque mélancolique et un sens des mots très juste (« Mets moi un éléphant dans mon ventre, mets moi un bel enfant éléphant dans mon ventre ») et des passages savoureux dans un anglais francisé. Babar intervient d’ailleurs en special guest pour parachever l’une des plus belles réussites de l’album. Idem concernant "Mon Costume de Singe" (retraçant un chien agent secret se déguisant en bonobo pour passer incognito mais qui devient fou et fini par ne plus savoir qui il est) à la musicalité vraiment réussie, surtout les parties vocales toujours. Je terminerais aussi sur "Ma Super Chérie" qui est vraiment drôle et se rapproche beaucoup d’un Kyo récent.
"
Singes du Futur" est clairement un album réussi dans son genre, plein d’oxygène, donnant le sourire à celui qui l’écoute et que l’on prendra plaisir à réécouter de temps en temps. Peut-être moins réussi que le dernier
Ultra Vomit qui impressionnait parfois musicalement parlant, ce nouvel opus risque de peut-être plus subir l’épreuve du temps. Néanmoins, cela ne fera jamais de mal de temps en temps…et il faut bien les remercier pour créer ce genre d’album car, il faut l’avouer, ça fait du bien de rire aussi sincèrement de temps en temps !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire