SJ 2009

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16/20
Nom du groupe Satan Jokers
Nom de l'album SJ 2009
Type Album
Date de parution 23 Fevrier 2009
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album70

Tracklist

1.
 Silicone Baby
 03:18
2.
 U.S.A. (Union Sacrée des Assassins)
 03:23
3.
 Voodoo
 03:26
4.
 Combat
 02:44
5.
 Paris Nuit
 03:10
6.
 Indien de Demain
 04:03
7.
 Mouroir
 04:26
8.
 Electrique
 03:03
9.
 200 Chrono
 02:36
10.
 Addiction (Souffrir avec Moi)
 03:52
11.
 Ma Guitare
 03:58
12.
 Lunettes Noires
 03:39
13.
 Professionnelle
 04:12
14.
 Sorcier (Remix 2008)
 04:18

Durée totale : 50:08

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Satan Jokers


Chronique @ Eternalis

05 Novembre 2010
Il y a des choses qui ne changent pas…

Pour la majorité d’une simple poignée de vieux briscards, le nom de Satan Jokers était à jamais associés au vieux heavy hard français burné comme on en faisait plus, chanté dans la langue de Molière, sentant la bière et le cuir et surtout avec des structures qui osait innover du simple plan couplets/refrains.
Satan Jokers était le passé…enterré…la nouvelle génération ne les connaissait pas…ou peut-être vaguement le nom de Renaud Hantson pouvait les éclairer, lui qui fut l’intérimaire partiel d’un certain Daniel Balavoine dans la comédie musicale Starmania. Reste que Satan Jokers était mort…

L’idée d’une reformation semblait folle. Deux seuls albums dans les années 80’, un statut de groupe culte mais complètement hors-sujet dans le monde du disque moderne…le décès du bassiste Laurent Bernat les décida définitivement de revenir sur scène…juste un hommage…puis un album, intitulé dans son plus simple apparat.
En effet, "SJ2009" voit le jour alors que le groupe a écumé la scène, dont un concert mémorable au Hellfest de la bande à Renaud, aidé d’une nouvelle armada de musiciens et du vétéran Olivier Spitzer à la guitare. Des concerts qui eurent au moins le mérite de prouver que Satan Jokers pouvait encore sacrément botter des culs…mais qu’en serait-il de l’étape studio ?

Une réussite.

La pochette, provocatrice et mettant en avant un pentacle surmonté d’une tête de bouc, montre que les gars ne se sont pas forcément calmé, et "Silicone Baby" le prouve dès les premiers instants. Une production énorme débarque sur une descente de toms, un riff énorme et surtout des soli pleuvant par dizaines à ne plus savoir où donner de l’oreille. Michael Zurita, véritable ovni de la six/sept-cordes, abreuve le morceau de son talent, alors que l’on découvre avec merveille que Renaud n’a rien perdu de son grain sableux, agressif et abrasif, chantant un texte complètement dans l’air du temps : la superficialité.
D’une agressivité presque surprenante (bien plus rugueux que la plupart des groupes de power du moment) déboule un refrain puis un solo où la virtuosité fait non seulement mouche mais surtout se termine sur la reprise d’un riff si écrasant qu’il déchirera probablement tout en live.

"U.S.A" continu sur la même lancée, à l’ouverture d’un riff très 80s mais aidé par une partie de batterie presque fusion (et un solo époustouflant). Le texte fait la part belle à la critique américaine, voyant le sigle revue en « Au pays des cow-boy, Union Sacrée des Assassins ». Car Satan Jokers, c’est aussi des textes sincères, parfois durs mais si vrais, ou plus légers mais toujours marqué par un talent de plume et une sincérité rare.
On évoquera un "Ma Guitare" humoristique mais au final très touchant, au feeling hard rock bluesy dans lequel Renaud excelle (où n’excelle t-il pas ?), notamment sur un refrain très beau (« Mais même quand je rentre tard, elle m’attend tout les soirs. Elle ne fait jamais d’histoire, quand je branche ma guitare ») superposé sur un lead mélodique du génial Zurita (au feeling très Steve Vai dans ses interventions). Les refrains, grandes réussites du disque, sont pour la plupart tous réussis et reste graver rapidement dans une case mémoire du morceau (comment ne pas se caser dans la tête celui enfantin de "200 Chrono" ?), étant parfois même de véritable instant d’émotion pure.
Difficile de passer sous silence l’impressionnante "Addiction (Souffrir avec Toi)", aux couplets écorchés sur la femme que l’on s’apprête à perdre, aux cassures rythmiques tels des hypercuts (ce Zurita écœurant et si juste…) aboutissant sur un refrain splendide et dépouillé de toute forme de superflu. Satan Jokers ôte à ses morceaux tout le superflu oui, malgré le niveau technique d’un degré rare dans le genre (parfois à la manière d’un Mr Big).

Certes, on notera évidemment des morceaux en dessous des perles de l’album, plus banals et montrant encore quelques carences dans la composition, des rouages pas encore complètement dérouillés. "Voodoo" par exemple reste moins expressif et intéressant, tout comme un "Paris Nuit" aux riffs quasi thrash mais au texte peut-être trop naïf.
Impossible également de ne pas évoquer "Lunettes Noires", à la ligne de basse (monsieur Pascal MulotPatrick Rondat, aveuglant l’album de sa classe et de sa maestria) labyrinthique, aux chœurs horriblement pompés sur le Immagrant Song de Led Zep mais au refrain une nouvelle fois à la force cognitive sublime, Renaud dégageant une émotion d’une intensité jouissive.

Que disions-nous il y a quelques lignes ? Que Satan Jokers était mort ?

Clairement non, même si "SJ2009" se voudra parfois quelques peu poussif, il est un des come back les plus réussi qu’un groupe enterré depuis deux décennies et demi est parvenu à réaliser depuis des lustres, et sans jamais renier la modernité actuelle. Car SJ est sans contexte plus agressif, technique et farouche que jamais, et se veut affubler d’une production si énorme que le cul bien blanc des jeunes auditeurs extrêmes rougira bien rapidement face aux assauts sonores de ce disque.
Et ce n’est pas "Fetish X", plus technique encore, mieux produit, plus complet et virulent, sorti à peine six mois plus tard, qui leur laissera le temps de refroidir…

5 Commentaires

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Yann.77 - 06 Novembre 2010: excellent album de Satan Jokers!!!! j'affectionne particulièrement "addiction (souffrir avec toi)" et "ma guitare", très bonne critique aussi, même si toutefois je regrette un peu que l'histoire du groupe sois pas plus mis en avant, parce que entre le SJ des années 80 et le SJ des années 2000, il n'y a plus rien à voir du tout (enfin c'est mon avis, bien sûr.) si je dit ça, parce que comme tu le précises justement, les plus jeunes d'entre nous ne connaissent peut être pas le groupe...
AlonewithL - 06 Novembre 2010: Le SJ années 80 est révolu, c'est plus qu'un simple avis, c'est la stricte vérité (même si je trouves qu'ils essayent un peu trop de copier "Trust", c'est aussi un avis).
Pour ma part je suis resté à l'ancienne époque, avec des titres comme "les fils du metal" et "la marche hérétique". Le jeunot a été juste curieux avant l'heure.
rambo53 - 10 Novembre 2010: Merci Jo' je ne connaissais pas le groupe mais ta chro ma donné envie de découvrir, le côté technique avec des solos de partout me met l'eau à la bouche, surtout si tu le compares à Mr Big.
et si en plus les paroles sont intelligentes ça peut faire du bien.
Kissofsteel - 01 Octobre 2011: Moi je trouve cet album tout simplement enorme.
Bcp mieux que le suivant. Pas un titre faible (le seul reproche serait l'anti americanisme primaire de la chanson USA qui est d'ailleurs la moins bonne chanson de l'album) et j'adore particulierement "addiction (souffrir avec moi)"
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Chronique @ dark_omens

23 Mai 2014

Retour inattendu...

En ce début des années 90 l’avènement de certaines mouvances plus extrêmes, et l'essor d'autres, est l'une des causes qui va signer le déclin d’une nouvelle scène française Heavy Metal, et dans une moindre mesure Hard Rock. L'incapacité de ces musiciens, à se projeter vers un avenir créatif plus novateur, restant quelques peu sourds à l’émergence de ces nouvelles tendances plus agressives entraînera quasiment tout le monde, les bons et les moins bons, vers une fin inéluctable. Ainsi les artistes bien trop passéistes tels les Blasphème, Sortilèges, Warning, Nightmare, qui firent les heures les plus glorieuses d’un paysage artistique à l’essence identitaire riche, variée, intéressante, unique, remarquable en somme, n’eurent plus d’autres choix que le silence. Condamnant, de ce fait, aussi, les plus talentueux et visionnaires d’entre eux. Aux bancs des accusés, on peut aussi évoquer ce particularisme hexagonal du choix de la langue française qui, quoiqu’on en dise, n’aura, à l’époque, jamais séduit autre chose qu’un microcosme francophone plutôt restreint.

De cette hécatombe seule ceux qui, déjà depuis longtemps, proposaient une vision plus véhémente de leur musique et ceux qui tentèrent de se convertir à l’anglais survivront. Ainsi Killers, Vulcain et leurs Heavy corrosifs, mais aussi ADX et son Weird Vision, ainsi que quelques rares autres, continueront sur un chemin périlleux où le moindre faux pas, la moindre expiration hasardeuse, le moindre morceau moins accrocheurs leur compliquera sacrément la tâche. Tant et si bien que nombres d’entre eux, handicapés aussi, il faut le souligner, par des structures et un soutien quasi inexistant en leur terre, par un public et un business qui préfère applaudir et aduler au-delà de ses frontières tous ceux qui chantent dans la langue de Shakespeare, finiront par avoir définitivement raison de la plupart.

Et puis vint Manigance.
Plus de dix ans après.
Et avec lui un certain renouveau du Heavy Metal hexagonal. Aidé de cette nostalgie et de sa capacité indéniable à produire de la musique à la fois très contemporaine et à la fois influencé par un certain héritage du passé, le groupe sut réussir là où les autres échouèrent. Audace parmi les audaces, Didier Delseaux et les siens se permirent même cette prouesse délicate que plus personne n’osait ici, ou alors, de manière très anecdotique : le chant en français. Poussé par l’engouement d’un public désireux de retrouver ces émotions passées, les groupes, anciennes gloires, ressuscitèrent les uns après les autres.

Dans cette vision d’une musique union de divers univers, il n’était pas absurde, bien au contraire, que le plus avant-gardiste des groupes qui donna naissance inconsciemment aux prémisses de la fusion, Satan Jokers, ne renaisse de ces cendres. Et c’est articulé autour de quelques grands noms de la scène française, notamment de Marc Varez (Vulcain, Blackstone) à la batterie, mais aussi d’Olivier Spitzer (Stators, Rebel) et de Michael Zurita (Gogol 1ier, Tai Phong) aux guitares, ou encore de Pascal Mulot (Steve Vai, Blues Saraceno) à la basse, que Renaud Hantson (Chant, Batterie), entre Furious Zoo et sa carrière solo, décide, après, aussi, le succès d’un album live sortis en 2005, Satan Jokers Best of Live, et d’une compile, Hardcore Collectors sortis en 2008, de faire revivre le plus ardent de ses rêves.

D’emblée ce cru 2009 de Satan Jokers s’inscrit dans une certaine mouvance Heavy Metal résolument moderne. Loin de s’égarer dans les stigmates les plus pesant et les plus poussiéreux d’un passé qui serait ridiculement anachronique, et dans lequel, d’ailleurs, il ne se laissait déjà pas enfermé à l’époque alors qu’il semblait normal de respecter le legs d’une certaine tradition séculaire, Satan Jokers nous offre un premier titre, Silicone Baby, très actuel aux riffs nerveux, au tempo véloce, à la double grosse-caisse ravageuse ; où le timbre écorché d’un Renaud Hantson, loin du lyrisme ambiant parfois un peu trop solennel du genre, sert admirablement le propos. Satan Jokers c’est assurément de la musique d’aujourd’hui, épuré de ces sempiternelles et obligatoires envolés mélodiques asséné à coup de synthé omniprésent et de l’emphase grave et grandiloquente d’orchestration classique. Si ce premier morceau est indéniablement rapide, il ne constitue pas réellement la ligne directrice d’un album suffisamment varié pour offrir les plaisirs sincères et simple d’une véritable réussite. Et, d’ailleurs, excepté sur l’excellent 200 Chrono, on ne retrouve nulle part cette vélocité. La musique de Satan Jokers n’en demeure pas moins succulente, sous les riffs simples étonnamment efficaces de titres tels que Combat, ou d’Indien de Demain, duo avec Zouille (Sortilèges) enrichis de quelques ambiances orientales. En réalité chaque morceau possède cet intérêt propre qui réside dans le soin apporté à certains détails de composition. Les énoncer dans une longue litanie monotone, et ce afin de leur rendre l’hommage qu’ils méritent serait ennuyeux et priverait l’auditeur du plaisir de la découverte. Citons tout de même, pêle-mêle, le très bon refrain d’un Mouroir plus Hard que véritablement Heavy; ou bien la trame émotionnelle adroitement construite d'une excellente ballade, Addiction, qui, loin de sacrifier à l'habituelle mièvrerie de l’exercice, jette l’auditeur au milieu de sentiments émouvants. Ou encore sur un superbe Ma Guitare, au refrain savoureux et au solo Rock, sur un très bon Lunettes Noires, ou quelques lignes de chants rappellent, comme un clin d’œil, l’intro d’un Immigrant Songs d’un certain Led Zeppelin, excusez du peu, et où le refrain est, encore une fois, un véritable bonheur.

A retenir des défauts, car il est essentiel de garder toute objectivité, on peut noter la longueur d’un album un peu trop long, où certains morceaux un peu moins, et j’insiste sur le « un peu », évidents auront tendance à faire baisser l’intensité d’un opus, pourtant, très intéressant. La conséquence pourra amener certains d’entre-nous à une authentique lassitude face à autant de titres, d’idées, de nuance, de subtiles variances.

Il faut aussi signaler cette pochette des plus hideuses. Au-delà de ces petites imperfections, on notera, aussi, l’aspect totalement désuet d’un morceau comme Sorcier (Remix 2008) qui, même s’il possède toutes les qualités nécessaires à notre contentement, et qu’il fut, aussi, l’élément déclencheur de cette résurrection, parait bien étrange au milieu de ces textes traduisant des inquiétudes bien contemporaines (la prostitution sur internet pour Professionnelle, une satire assez cynique de la société américaine dans U.S.A. (Union Sacrée des Assassins…)) là où lui nous narre les affres d’une histoire plus « imagée ». Ce titre plus onirique et moins social est quelque peu décalé ici, mais n’altère en rien notre plaisir.

Quoi qu’il en soit Satan Jokers cultive avec talent l’art du mélange délectable. Cette union subtilement composée de Heavy, de Hard-Rock, de Rock, qui définit de manière assez précise une identité qui est, incontestablement, la sienne, est, sans aucun doute, le fruit de ses aptitudes, mais aussi de l’expérience de musiciens qui n’ont cessés de travailler. Nul ne sait si cet opus sera véritablement celui de la renaissance, cependant avec un tel résultat, Satan Jokers aura mis toutes ses chances de son côté, et pourra, sans contexte, fièrement revendiquer son appartenance à la scène actuelle comme un de ces défenseurs les plus expérimenté, et paradoxalement les plus prometteurs.

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samolice - 24 Mai 2014: Merci Dark pour la chro d'un album qui m'a plu dés sa sortie, notamment grâce à de très bonnes mélodies vocales, meilleures à mon goût que sur les albums suivants. Il n'y a que le titre "ma guitare" dont je n'arrive toujours pas à savoir si je dois en rire ou en pleurer :-)
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