Pour le trio canadien, chaque nouvelle décennie représente une nouvelle phase d'évolution artistique. En effet excepté son premier album plutôt
Hard Rock classique, depuis 1975 avec l'album
Fly by Night et l'arrivée de Neil Peart au poste de batteur, le groupe n'a eu de cesse de faire évoluer sa musique n'hésitant pas à piocher dans les autres genres tels que le Rock Progressif, le Jazz, le Blues et la Pop, voire la New Wave et l'
AOR pour l'utilisation des claviers analogiques dans les années 80.
Ce mélange audacieux et original, lui vaudra plus tard, la réputation de fondateur et précurseur du
Metal Progressif et sera souvent cité par les groupes actuels du genre:
Dream Theater,
Pain Of Salvation,
Shadow Gallery,
Opeth mais aussi et dans une moindre mesure,
Metallica.
Passé ce petit coup de rétroviseur, revenons au sujet qui nous intéresse: l'entrée de
Rush dans l'ère des années 90 avec le successeur de
Presto, le très attendu
Roll the Bones. Ces albums se ressemblent sur bien des points, à commencer par la production supervisée une fois encore par Rupert Hines et un retour vers un
Hard Rock classieux et alambiqué digne des meilleurs albums du trio (les guitares lumineuses en plus), sans oublier des textes basés une fois encore sur des problèmes de société: la chute du communisme évoqué sur le titre "
Heresy", mais pas seulement! Sur
Roll the Bones, Le groupe abordera des sujets plus légers comme les jeux de hasard et d'argent du monde de Vegas et de ses casinos, ou d'autres sur la psychologie par exemple.
Quant à la pochette et son artwork très réussi, ils seront à mettre une fois de plus à l'actif de l'artiste designer Hugh Syme, (que le groupe considérait à l'époque, comme son quatrième membre). Cette magnifique pochette illustrant un jeune garçon les mains dans les poches, shootant dans un crâne humain devant un mur constitué de dés à jouer avec le logo du groupe, sera en parfait accord avec le sujet principal de l'opus, qu'est le monde des jeux.
Dès les premières mesures de "
Dreamline" (le titre d'ouverture), nous savons où nous mettons les pieds. En effet, plutôt percutant et direct (plus acoustique et sec au niveau du son de la batterie), il donnera la direction artistique de
Roll the Bones, avec un retour à des guitares plus présentes et mordantes. Par la suite, plusieurs pièces d'exception viendront s'ajouter. Ainsi, la piste suivante, l'enjouée "
Bravado" aux magnifiques arpèges de guitares mélodieuses, complétés d'un émouvant solo, rappelleront à notre bon souvenir, quel six-cordiste hors-pair est Alex Lifeson. Dans un registre au rythme plus modéré, nous aurons droit au mid-tempo "The Big
Wheel" qui se distinguera par son refrain exquis, le dramatique "
Ghost of a Chance", lui nous montrera un Geedy Lee au sommet de son art à condition d'apprécier son timbre si particulier.
Parmi les autres titres dignes d'intérêt, n'omettons pas le déstructuré "
Heresy" dont les hallucinantes polyrythmies nous rappelleront une fois encore quel fabuleux et talentueux batteur est Neil Peart. Le groupe ayant la réputation de touche-à-tout, s'essayera même à quelques velléités, Funky/Rap, sur l'éponyme. Ce titre groovy à souhait se distinguera par un magnifique solo de guitare flamboyante d'Alex Lifeson, soutenu par un son de basse imposante et claquante de Geedy Lee, qui viendra aussitôt, greffer quelques passages rappés, sur ce morceau des plus inédits qui prendra toute sa dimension en condition live. Quant à "You Bet Your
Life", même s'il n'est quasiment jamais mentionné par les fans ou le groupe, son air vivifiant, immédiat et spontané, arrivera sans difficulté à convaincre les plus pointilleux d'
Entre Nous et achèvera de belle manière ce magnifique manifeste technique et classieux.
Les morceaux restants, pas forcément mauvais dans l'ensemble, seront à ranger parmi les plus faciles et immédiats de l'opus: "Face Up" et son refrain répétitif, l'instrumental au relent Jazz "Where's My Thing? (Part IV - Gangsters of Boats
Trilogy)", techniquement parlant assez conventionnel, n'apportera rien de plus à l'album. Pour finir, je mentionnerais bien "
Neurotica", la piste 9, qui sur sa longueur donnera cette impression de ne jamais vraiment décoller. À mon humble avis, elle sera à ranger parmi les morceaux les plus anecdotiques du répertoire du trio, du moins sur cette décennie.
L'album
Roll the Bones, en ce début de décennie confirmera, un réel retour aux sources en revenant précisément vers le
Hard Rock classieux et technique si distinctif du trio canadien, tout en y insufflant de légères innovations et expressions Funky et de chant Rappé. Au final
Roll the Bones, reste un album d'excellente facture qui devrait satisfaire les nombreux fans de
Rush. Quant aux novices, je leur conseillerais d'aller découvrir au plus vite, l'imposante discographie de ce fabuleux groupe.
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