1349 ou l'apologie du blast à outrance et des percussions propulsées au rythme des balles d'un
AK-47 tirées direct dans ta face de cul béni priant Dieu le Seigneur pour ton Salut.
1349 ou les effroyablement virevoltants tremolos, aiguisés au possible, hurlant comme la scie circulaire charcutant la tendre vulve de
666 vierges soumises au supplice d'une mort lente et jouissive.
1349 ou un son de basse aussi gras que les déjections pestilentielles d'une carcasse humaine empoisonnée à la methiocarbe.
1349 ou tout autant de terrifiantes visions d'un Enfer dantesque, où la violence et la folie transpirent de chacun des hurlements et des râles de possédé de
Ravn, véritable goule pestiférée, dopée à la satanikdemoniakine.
C'était la période du triptyque "
Liberation" / "
Beyond the Apocalypse" / "
Hellfire", trois albums de pur black metal, brutaux à souhait et âpres à n'en plus pouvoir, sortis à une cadence effrénée (entre 2003 et 2005, soit à peine un an d'intervalle entre chaque déflagration) et qui se sont principalement distingués par l'abattage derrière les fûts d'une machine infernale nommée
Frost*********************, cogneur hors pair alliant la rapidité du pivert à l'endurance du lapin Duracell, la capacité de démultiplication de la pieuvre à l'impact d'un Demolition Man au top de sa forme.
Mais aujourd'hui, après quatre années passées à multiplier les prestations live comme autant d'orgies blasphématoires depuis la sortie de "
Hellfire", la vision de l'Enfer que le désormais quatuor norvégien (depuis le départ du guitariste Tjalve) entend proposer avec sa nouvelle offrande "
Revelations of the Black Flame" a diamétralement changé.
C'en est fini des déluges de blasts quasi-ininterrompus, place à une forme prenant moins directement aux tripes, une essence plus sournoise et insidieuse, reléguant le black brutal que l'on croyait immuable au second plan pour se concentrer sur un black ambiant réalisé à grands renforts de samples industriels et noise. Le black ambiant ou l'enfant bâtard du black metal et de la musique dark ambiant, né des œuvres impures de
Abruptum et
Beherit créées à l'aube des années 90.
Un constat surprenant qui voit les textures dark ambiant, quasi-omniprésentes, prendre le pouvoir, leur teneur malsaine faisant invariablement penser aux travaux des suédois de
MZ.412, référence incontournable en matière de dark ambiant / indus sulfureux.
Pas d'agression directe, mais une menace latente évoquée par des grondements sourds traversés de moult déchirements bruitistes, comme autant de manifestations venant de nulle part, quand ce ne sont pas des vibrations drone perturbantes (comme sur le morceau de clôture "At the
Gate …"), d'infâmes râles de mourrant ou d'effroyables respirations sifflantes.
La musique de
1349, dans cet assemblage dissonant, parvient à évoquer des paysages désolés et arides, loin de la surface terrestre, plus bas, toujours plus bas, encore plus bas … mais n'égale à aucun moment l'intensité de celle proposée par ses illustres voisins suédois. L'odeur de souffre est loin d'être aussi suffocante, les ténèbres sont moins opaques, le décor cauchemardesque est davantage esquissé que réellement dessiné. C'est indéniable,
1349 ne maîtrise pas (encore ?) pleinement son sujet.
En contrepartie, les norvégiens font les efforts qu'il faut pour diversifier leur expression, abordant des rivages plus mélodiques et éthérés, voire mélancoliques ("
Solitude" traversé d'arpèges cristallins et donnant la sensation de nager dans les limbes), sans se départir de ses atmosphères passablement inquiétantes (les notes de piano fantomatiques de "Misantrophy"), et sans avoir non
plus fait complète table rase du passé, que l'on retrouve au travers de quelques réminiscences de blasts et solis parcimonieusement saupoudrés ("Maggot Felus", la seconde partie de "Serpentine Sibilance" et le final de "
Uncreation" survenant après une longue montée en puissance), mais desquels la production rachitique (qui sied pourtant globalement bien à l'album) désamorce les velléités agressives. Ainsi, la voix de
Ravn, bien moins présente et bien plus fondue dans la masse instrumentale que par le passé, qui plus est souvent trafiquée avec force filtres et effets, présente également un rendu peu agressif, bien qu'assez maladif.
Question metal, c'est un black low/mid-tempo qui prédomine, en adéquation avec l'orientation ambiante de l'album. On retrouve donc en ces contrées inhospitalières bon nombre de riffs lents et torturés soutenus par un section rythmique rampante ou plus martiale (Invocation, Serpentine Sibilance,
Uncreation, At the
Gate …), ainsi qu'une surprise de taille avec une improbable reprise de Pink Floyd : l'excellent "Set the Controls for the
Heart of the Sun" que
1349 s'est étonnamment bien réapproprié.
La ligne de basse constituant la base du morceau est immédiatement reconnaissable, mais le reste de l'habillage adopte un virage totalement inattendu. Les fluctuantes lignes drone, les samples morbides, les soupirs irréels, les percussions aussi binaires qu'elles sont écrasantes, les échos venus du lointain sont autant d'éléments transformant la douceur vaporeuse de l'original en un rituel morbide et crasseux, où les envoûtantes senteurs d'encens se trouvent métamorphosées en affreux relents de charnier. Un pari aussi osé qu'il est réussi.
La diversité est là, mais la propension de
1349 à partir dans tous les sens rend la progression du disque très heurtée, et ses compositions ont pour la plupart une tendance un peu trop prononcée à cuire à feu doux, alors que l'on serait en droit de s'attendre à un gigantesque brasier.
Sans avoir la force évocatrice d'un
Spektr ni la teneur horrifique d'un
Leviathan ni l'esprit aussi torturé qu'un
Abruptum, moins densément occulte qu'un
Beherit et moins viscéral qu'un
Vrolok,
1349 peine à se hisser au niveau des ténors du genre, et ce malgré les louables efforts réalisés et la quantité de moyens déployée.
"
Revelations of the Black Flame" n'en demeure pas moins une œuvre black ambiant de facture correcte, qui peut très bien s'apprécier en tant que telle, en faisant fi du passé du combo norvégien. Un album de transition, un nouveau départ assez prometteur auquel il manque encore une indispensable dose de cohérence et de savoir-faire pour atteindre des sommets dans le morbide et le sinistre.
C'est désormais clair à l'écoute de cet album et du discours de
Ravn :
1349 a choisi sa voie et semble bien parti pour l'approfondir. Tant pis pour les adeptes de la première heure, et il est fort à parier que les six frénétiques titres live enregistrés à Stockholm lors de la tournée promotionnelle de "
Hellfire" et constituant le CD bonus "Works of
Fire, Forces of
Hell" accompagnant la version limitée de "
Revelations of the Black Flame", ne seront pas à même de leur faire passer la pilule. Car en ayant aussi profondément métamorphosé son style et en choisissant d'emprunter les sentiers méconnus et piégeux du black ambiant,
1349 va perdre plus de fans qu'il ne va en gagner, c'est certain, mais
1349 s'en fout.
Personnellement, j'ai le plus grand respect pour les artistes qui n'ont pas peur de prendre des risques … à condition que lesdits
risques relèvent du courage et non de l'inconscience, car entre ces deux notions, il y a un pas que je ne saurais franchir, et je m'interroge sur le bien fondé de la publication de "
Revelations of the Black Flame" sous le nom
1349. Bien sûr, l'évolution stylistique n'est pas un mal, cela doit même constituer la substantifique moelle de tout artiste digne de ce nom. Mais quand c'est pour changer de manière aussi radicale, utiliser la même franchise relève de bien plus que d'une courageuse prise de risque, plutôt de l'inconscience voire du non-sens. N'aurait-il pas été plus judicieux d'enterrer
1349 (provisoirement ou définitivement) et d'agir sous un autre nom ? … Oui, assurément … Mais de mon avis comme de celui de toutes les personnes qui ont écouté ou écouteront cet album,
1349 s'en fout … le plus royalement du monde …
Certes cet album n'a rien à voir avec un Hellfire où tu te fais comboïser la tronche à coup de blasts et de hurlements primaire (les fans de Bigard comprendront ;-)), mais c'est justement ça que j'ai aimé dans cet album.
Je le trouve franchement sombre, malsain, flippant même, avec des riffs bien prenant à la limite de l'hypnotisme (dans le bon sens), ce qui, pour moi, est vraiment représentatif de ce que le black "doit" être.
Et faut quand même avouer qu'écouter ce genre d'album tout seul dans le noir, c'est comme la première fois que t'as joué à Resident Evil seul dans le noir héhé
Mais personnellement j'aime bien Revelations of the Black Flame, pas obligatoire d'être dans le tronchage linéaire en permanence et je trouve qu'il y a quand-même de l'inspiration dans cet opus.
Bien évidemment je ne surclasse pas pour autant cet album comme étant un chef-d'oeuvre mais comme étant un bon album que j'écoute volontiers lorsque l'envie s'en fait ressentir.
Un amateur d'ambiance, de Black Metal et de bon sens.
15/20.
Si quelqu'un veux se débarrasser ou vendre ce cd,je suis preneur
Une info/rumeur qui courrait à l époque était que le groupe voulait absolument quitter Candlelight mais qu ils leur devaient encore contractuellement un album, d où cet engin vite et mal torché, pondu juste pour changer de crémerie. Quand on voit ensuite que Demonoir est sorti à peine un an plus tard, on peut donner du crédit à cette "théorie" ... et même si d après les commentaires certains l apprécient beaucoup ; tout cela au détriment des fans. Car perso je n'ai jamais réussi à entrer dedans... cela fait longtemps d ailleurs que j'ai plus tenté... je vais y retourner histoire de voir.
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