Personnage central de la scène underground US, Russley R. Givens dit
Proscriptor a toujours tenu une place singulière : texan d’origine irlandaise, il a bien vite transposé la mythologie celtique dans son groupe pour en faire un concept, le tout dans une région de gros Death
Metal qui tâche.
Absu fut d’ailleurs l’un des rares groupes de Black
Metal à tenir la dragée haute à la vague nordique dans la seconde partie des 90’s. Tenant de surcroit le poste particulier de batteur / chanteur et proposant une technicité et une variété rare dans la pratique de son instrument pour son style, le bonhomme ne fait pas grand chose comme les autres.
Aujourd’hui
Proscriptor fait table rase du glorieux passé d’
Absu en repartant chez
Agonia Records sur le projet et un album à son nom :
Proscriptor McGovern ‘s Apsû (2021), même si (on pouvait s’en douter) musicalement nous sommes dans la droite lignée de l’entité précédente, Apsû complétant enfin la trilogie
Absu (2009) et Apzu (2011).
Pour se faire, le Cuchulainn du
Texas a gardé le dernier bassiste d’
Absu et recruté deux sommités en la personne de Vaggreaz de
Gruesome qui a aussi officié sur le dernier
Possessed (excusez du peu), et une légende de la scène grecque au clavier : Vorskaath du groupe
Zemial.
Tout d’abord la superbe illustration de Zbigniew Bielak n’a rien à envier aux pochettes épiques de Kris Verwimp qui ont longtemps orné les albums d’
Absu, de quoi se plonger directement dans le disque. Et attention, pas d’intro à la cornemuse ou sample de batailles comme c’est parfois le cas chez
Absu, mais d’entrée Amenta : Accelerando : Azyn Incuding Hierophantasmal Expounder (démerdez vous pour la signification, je n’ai pas fait ésotérisme deuxième langue et ne souhaite pas gâcher mon temps en rechercher sur le net pour faire semblant d’être cultivé sur le sujet) propose une série de riffs véloces et tortueux qui annoncent la couleur.
Esoterically Excoriating The Exoteric confirme le cap d’un Black / Thrash à la fois immersif et énergique, avec quelques mélodiques gimmicks mélodiques du meilleur effet et assez nouveaux pour le groupe (ce n’est pas
Absu, mais on va faire comme si), et un
Proscriptor toujours aussi magique dans l’exécution et la variation. Pour ce qui est des références, clairement nous sommes proches de l’album éponyme de 2009, et aussi de Tara (2000), mais avec une production naturelle et sans la double pédale over boostée notamment.
In-Between
Gateways Commuters mêle avec brio rythmes orientaux, guitares Black / Thrash / Death, clavier immersif et sonorités dissonantes façon
Gorguts, un talent assez fou que d’arriver à agencer tout cela sans sonner bancal…. Le groupe varie intelligemment les plaisirs et propose aussi des titres plus directs comme
Jupiter in
Capricornus qui sentent Le
Destruction sous EPO à des kilomètres ou encore Dedicated to
Thoth, But AzagThoth Was’t Listening (A Necroloquy), tout un programme, montre une science du riffing imparable alliée à une exécution sans faille.
En mode intense rapide et sans pitié, le single
Caliginous Whorl se pose là également, mais le morceau le plus redoutable du genre est certainement
Prana :
Therion : Akasha, pas si éloigné d’un
Vektor.
J’ai peu parlé du jeu de batterie de
Proscriptor ici mais à quoi bon ? Il est toujours aussi rapide, technique, varié, naturel et personnel, fin de l’histoire.
Ma seule critique ne portera pas sur la musique mais bien sur le support. Bien que le coffret CD soit très chouette, il est très compliqué de lire les paroles dans le livret, on dirait un lilliputien qui a écrit sur un timbre poste. Désormais le paquet est souvent mis sur les vinyles, objet redevenu à la mode, mais il faudrait voir tout de même à ne pas se moquer des acheteurs de CD.
Ceci étant dit, musicalement ce disque ne souffre absolument d’aucun défaut et défile avec une fluidité désarmante. N’en déplaise à la nouvelle vague, les anciens groupes font encore la loi en 2021, en témoignent les sorties de
Necromantia,
Unanimated,
Abigor,
Cradle Of Filth (si on m’avait dit il y a quelques années que j’écrirai ça, je ne l’aurais pas cru),
Seth ou
Hate Forest.
Parmi les disques de Black
Metal modernes et / ou hipsterisés et d’autres stéréotypés 90’s qui inondent le marché, la singularité d’Apsû explose à la face du monde, enfin devrait logiquement exploser à la face du monde, mais talent supérieur n’est pas toujours synonyme de popularité supérieure, le monde des musiques dites extrêmes est bien placé pour le savoir.
BG
Dix ans après, Proscriptor vient rappeller qu'il est maître en son domaine, avec ce disque plus dense et tortueux que jamais. Un pur maelström de chaos, alliant riffs meurtriers et technique désarmante à la vitesse de la lumière, mon album de l'année 2021, sans aucune hésitation.
Je plussoie aussi sur le packaging. J'ai ce coffret limité, et bon sang, entre le drapeau mal imprimé pour ma part, et ce livret visiblement conçu pour un vinyle seulement, ça me fait bien chier. Vu mon adoration pour Absu, je sens que je vais repasser à la caisse, j'ai envie de pouvoir me plonger dans ces paroles sans avoir besoin d'une loupe, et aussi de profiter de toutes les illustrations en grand format.
J'ai pre commandé la version LP le 9 septembre, 3 mois après j'attends encore qu'elle soit disponible. Je suis très majoritairement un collectionneur de CD, mais pour des groupes comme Absu je me prends parfois la version LP également.
Je viens de lire toutes tes chros pour ABSU, je me repasse tous les cd's et quel bonheur auditif... aucuns déchets!
très bonneS ChroniqueS, elles sont toutes justes. Pour ma part, la comparaison avec la voix de Schmier que tu mentionnes à plusieurs reprises, j'entend plutôt des similitudes avec King Diamond, beaucoup plus mystique et proche d'une entité de sorcellerie... simple avis perso!
@Nemesisirae : Les deux je dirais, ça dépend des passages.... Ce n'est un secret pour personne que Proscriptor est un grand fan des allemands de Destruction, et je trouve que ça s'entend beaucoup, surtout à partir du troisième album, un titre comme Sword & Leather c'est du early Destruction juste un peu plus Black Metal, et je maintiens que les similitudes dans le chant sont évidentes.
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