Stalaggh, sombre projet comprenant musiciens de black metal et artistes d’indus-noise de provenance des Pays-bas et de Belgique est un des groupes des plus barrés qui soit. Déjà parce que cette entité ne divulgue aucune information sur les membres fantômes du groupe mais aussi (et surtout) parce qu’il est rare d’entendre une musique pareille. À la fois expérimentale, d’une agressivité hors du commun, un album de
Stalaggh se ressent comme un aller simple dans le quartier de psychiatrie à haute sécurité. Une descente avec camisole de force comme seul habit pour une visite malsaine où respire la folie à l’état brut.
Pour comprendre ce genre de disque, il faut laisser couler les trente-quatre minutes qui le composent. Cet album est d’ailleurs composé dans un esprit total d’improvisation avec ce sentiment de désordre absolu mais néanmoins contrôlé. Le début se fait calme, intriguant et mystérieux. Une batterie lente se fond avec quelques bruitages indus, sirupeux et glauques. Le fait de la durée du titre permet une exposition pour le moins stressante alors que se greffe l’élément le plus perturbant du projet
Stalaggh. Une voix de dément comme rarement on peut en entendre vu que la rumeur affirme que se sont les véritables enregistrements d’un malade mental. Info ou intox ? Laissons là cette fausse question à mon sens pour nous concentrer sur un titre on ne peut plus malsain qui titille chacun de nous. Ces cris de désespérés nous ramènent à une douleur la plus humaine qui soit et qui a pour conséquence de nous interpeller immédiatement et sans détour.
«
Projekt Nihil » porte la marque de ses disques azimutés qui ne s’abaissent à aucune timidité et encore moins de retenue. Ici, tout n’est que névrose, désespoir, haine, folie dans une forme rêche, fruste et informe. Et les trente quatre minutes se font très machiavéliques compte tenu de la torture auditive auquel nous sommes ligoté.
Sur la durée du disque la tension présente dés les premières secondes gagnent en intensité sur la longueur finissant par générer un sentiment d’étouffement et de suffocation absolument incroyable dans son désordre et sa pression. Attention néanmoins, l’album n’est en aucun cas brutal, il est surtout dérangeant… On entend de temps à autre une vague construction de rythme à la batterie, à d’autres moments, ce sont des silences pesants qui prennent place perturbés par cette voix démente et hasardeuse créant un pur état de tension au milieu de crissements, distorsions et triturations diverses. Alternant angoisse sourde avec pics de virulence morbide, cette masse, ce magma prend à la gorge, met la pression comme on sert un cœur jusqu’à éclatement...
Expérience pesante, accablante et démente, «
Projekt Nihil » est le type de disque qui ne laisse pas insensible. Il s’y dégage une telle folie, une telle misère qu’on a l’impression de suivre le calvaire de plusieurs centaines de personnes dans un lieu clos et asphyxiant.
Un disque étrange, d’un glauque rare et d’une pathologie… Brrrrrrrrrr j’en frissonne encore....
Claustrophobes s’abstenir...
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