Après un très bon
Obsessed by Cruelty à la production quelque peu indigente et trahissant encore quelques relents de ces parfums délicieusement nauséabonds d'un Black
Metal embryonnaire à fortes consonances Thrash, les Allemands de
Sodom, en cette année 1987, nous proposaient de continuer à errer dans leur univers créatif, divinement sauvage et cahoteux, et ce, au travers d'un nouvel effort intitulé
Persecution Mania.
Le premier point important, s'agissant de cette œuvre, concerne cette volonté tangible et manifeste de musiciens, à l'évidence, désireux de s'éloigner de ces racines Black
Metal qui furent pourtant les leurs il y a peu encore.
Sodom nous propose donc ici une musique dont les constructions s'inspirent principalement de ce Thrash typiquement saxons dont sont, aussi, coutumiers ces artistes.
Comme pour entériner cette nouvelle posture artistique, la production est, désormais, plus claire et plus limpide. En meilleure adéquation avec ce nouveau dessein musical, elle permet aux propos de
Sodom d'abandonner les profondeurs sombres et caverneuses qui siéent tant à l'art noir. Les chants de Tom Angelripper s'égarent moins dans les soubresauts écorchés du particularisme Black
Metal, sans pour autant, par ailleurs, perdre de cette spécificité rauque et rocailleuse. Même la pochette de ce nouvel opus délaisse les sempiternels poncifs "evil" du genre pour se contenter de la froide attitude implacable et inexorable d'un militaire armé, pourvu d'un casque et d'un masque à gaz.
Dernier indice attestant de cette nouvelle intention créative assumée, les textes de ce disque sont plus concernés et moins immédiatement blasphématoires. Toutefois, ils n'en demeurent pas moins forts et provocateurs pour autant.
Indéniablement
Persecution Mania est donc un album empreint d'une volonté, a priori, plus mature et moins primaire.
Le résultat de ces divers changements et de cette réflexion nous offre une musique captivante dans laquelle l'agressivité âpre s'exprime au cœur de titres souvent vifs et efficaces. Pour ne citer que ceux-là, évoquons le furieux
Electrocution entrecoupé d'un remarquable break, les excellents
Persecution Mania et
Nuclear Winter.
Au delà des points déjà abordés, il nous faudra aussi mentionner l'excellence des travaux de Frank "
Blackfire" Gosdzik dont chacune des interventions, en de superbes soli de guitares, subliment les morceaux de ce
Persecution Mania (
Electrocution, l'instrumental
Procession to
Golgotha (dont les relents ritualistes et oppressants, dans lesquels le guitaristes s'illustre formidablement, nous évoquent immanquablement le préambule et la conclusion de Proselytism Real (Obssesed by Cruelty (1986)), le très réussi Christ Passion...).
Si la musique de
Sodom est ici souvent sérieuse et rugueuse, en de rare occasion, elle consent à quelques écarts. Tant et si bien qu'au détour d'un
Conjuration ou d'un
Bombenhagel, la formation s'autorise à composer des morceaux dont les accents Rock sont si présents qu'il n'est pas totalement aberrant de parler, les concernants, de Thrash'n Roll. Pour parfaire cette orientation Rock, Tom Angelripper et ses acolytes vont même jusqu'à nous proposer un
Iron Fist extrait de l'album du même nom sortis en
1982 par Motörhead. Nul besoin de dire à quel point le mythique chanteur de ce groupe, Lemmy Killmister, aura toujours été un fervent défenseur du style incarner autrefois par Chuck Berry ou Elvis Presley.
Persecution Mania est donc un album qui, indiscutablement, marque un tournant important dans la carrière de
Sodom. Débarrassé de ses derniers éléments Black mieux produit, plus mature, plus efficace, plus subtile et nuancée que son prédécesseur, et alourdis de passages de guitares séduisants, ce disque de Thrash
Metal belliqueux et teuton demeure un des excellents chapitres de l'histoire de cette mouvance.
@ BARON : sourd toi-même !!! (rires)
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