Six chansons sur "
Six Degrees of Inner Turbulence", sept sur "
Train of Thought",... huit sur "
Octavarium", quoi de plus logique pour le huitième album de
Dream Theater. Après un album teinté de l'influence de
Metallica, le groupe revient sur le devant de la scène en 2005.
La boucle entamée avec "
Scenes from a Memory" continue ici, "The
Root of All
Evil" commençant par la dernière note de "
In The Name of
God". La rythmique imposée à la batterie dans l'intro est celle de "This
Dying Soul", le riff est ravageur, pas de doute, c'est bien la suite de la saga de Portnoy sur les Alcooliques Anonymes. Petrucci et Rudess y vont de leurs petits solos qui s'imbriquent bien. Ça y est, le groupe est lancé dans une ambiance qui a de quoi rappeler l'album précédent, assez sombre et lourde. Puis vient "Vacant"... comment ça, je me suis trompé d'album ? Si ce n'est pas "Vacant", c'est son sosie ! "
The Answer Lies Within" s'inscrit dans la même veine que son aîné, ballade mélancolique pleine d'émotions. S'il y a une part certaine d'auto-inspiration, Labrie fait mouche, n'en faisant, ni trop ni pas assez.
Mais, il n'y a pas que de l'auto-inspiration, rassurez-vous... il y a aussi de l'inspiration d'autres groupes. Le fameux « inspiration corner » du groupe est réellement exhibé dans plusieurs titres. Tout d'abord, U2 est fièrement repris (Ah ? C'est une chanson originale ?) dans "I Walk
Beside You", petite chanson gentillette assez vaseuse. «
Dream Theater a déjà fait ce genre de chanson couplet-refrain sans solo, et personne ne s'est insurgé ! » me direz-vous, mais force est tout de même d'avouer qu'un "Solitary Shell" est bien supérieur dans son genre à ce titre. Mais, ce qui a fait grincer des dents, c'est bien l'inspiration de Muse. Les membres sont des aficionados du trio britannique, ce n'est pas un secret (Portnoy a d'ailleurs classé "
Absolution" comme son album préféré de la décennie, sans compter ceux d'
Opeth), ni un crime. Par contre, l'afficher aussi ouvertement dans un titre comme "
Never Enough", à la frontière du plagiat à tous niveaux (on jurerait entendre Bellamy au micro) a de quoi faire regretter "
Scenes from a Memory". "These Walls" en est aussi imprégné dans son intro. Son refrain très accrocheur rattrape le coup. Bon, je suis assez méchant avec ces trois morceaux qui ne sont pas foncièrement mauvais mais le groupe n'avait vraiment pas besoin de toutes ces ressemblances qui plombent littéralement le CD.
Allez, après ce paragraphe négatif, on reprend la bonne pente jusqu'à la fin, je vous le dis ! En effet, après trois morceaux en-dessous, les trois derniers remontent.
Premièrement, "
Panic Attack", ou comment faire étaler la virtuosité de cinq hommes avec classe. Myung est mis en avant ici et montre qu'il a deux araignées à la place des mains. Portnoy nous ressort ses rythmes infernaux, Petrucci et Rudess effectuent une nouvelle battle de soli réussis et Labrie chante juste sur ce titre pas évident. L'ambiance est à nouveau sombre et, même si ça a tendance à partir dans tous les sens, la sauce prend.
"
Sacrificed Sons", chanson sur un thème cher au quintet de
New York, l'attentat du 11
Septembre 2001, débute calmement sur un thème au piano avant de monter en puissance pour une fin symphonique où Portnoy se déchaîne dans un énorme break. Myung dispose même de ses quelques secondes personnelles où il peut exposer une bribe de son talent, comme sur "Metropolis" ou "
The Dance of Eternity". On notera un
Excellent refrain, un de plus et un Rudess inspiré pour... une nouvelle battle, plus expérimentale cette fois-ci du côté de Petrucci.
Gardons le meilleur pour la fin, le morceau éponyme, "
Octavarium", véritable monument musical du groupe, une de leurs plus belles compos. Longue de 24 minutes, elle débute sur un long passage "Pink Floydien" atmosphérique joué au continuum, rappelant "Shine On You Crazy Diamond". La chanson est composée en cinq parties. Ces parties décrivent les différents aspects de la création, de l'inspiration et du groupe en lui-même. On pourrait écrire un roman sur les références et clins d'oeil dans ce titre, pour cela je vous laisse chercher sur le net. C'est pour cela qu' "
Octavarium" se détache du lot, grâce à sa recherche musicale. On retiendra simplement que "Octa" signifie "8" comme huitième chanson du huitième album du groupe et les huit notes de l'octave, et que les cinq parties indiquent le nombre de membres du groupe, les cinq notes de la gamme chromatique et le nombre d'albums
Live à l'époque.
L'intensité du morceau augmente progressivement, partant des deux premières parties, calmes. La troisième devient sombre, puis suit un break monstrueux avant d'atteindre l'apogée du morceau, la quatrième partie, "
Intervals", qui est un résumé des sept chansons précédentes pendant que Portnoy donne leur degré (d'ailleurs, remarquez que celui de "The
Root of All
Evil" est... root) jusqu'à atteindre une pression rarement atteinte alors, quand James se met à hurler. Rien à dire, ça donne des frissons jusqu'à la fin, magistrale et symphonique, concluant du même coup l'album.
Mais comment résumer un album aussi hétérogène ? Du quasi plagiat, on passe au chef d'œuvre ! Il est difficile d'admettre qu'une telle merveille est entachée par des morceaux très limites. Les musiciens sont dans l'ensemble fidèles à eux-même, mention spéciale tout de même à
Jordan Rudess, particulièrement inspiré. Le goût en est d'autant plus amer, tant on a le sentiment qu'ils avaient les ressources pour éviter ces égarements. "
Octavarium",
Excellent en début et fin, creux au centre, est cependant un album à posséder absolument, nouvelle pierre dans le mur du monument
Dream Theater. Parfois plus proche du Rock Prog' que du
Metal, cet album a de quoi faire polémique, plus mélancolique qu'auparavant. Plusieurs écoutes sont nécessaires avant de se forger un avis. En ce qui concerne le mien, je ne peux m'empêcher de penser que, en dépit de ses erreurs de parcours,
Dream Theater est grand et l'a à nouveau prouvé. "
Octavarium" boucle superbement la boucle confirmant une nouvelle fois le statut du groupe.
Le + : "
Sacrificed Sons", "
Octavarium"
Le - : "I Walk
Beside You", "
Never Enough"
Sinon, personnellement, je range DT en metal, même s'il est vrai que cet album est très pop/rock (certaines vocalises me font méchamment penser à Muse... m'enfin bon, ce n'est pas comme si ça me dérangeait)
Il ne s'agit donc clairement pas d'album de "bisounours" (c'est à prendre au 6ème degré?), ou alors les bisounours ont bien changé^^.
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