Cinq longues années après la publication du très bon «
Incoming Death »,
Asphyx ouvre à nouveau son charnier fumant afin d’y extirper son dernier cadavre en décomposition, tombé au chant de bataille, fleurant bon la putridité, et se nommant «
Necroceros ».
En préambule, il est à noter que la production de ce dernier macchabée est l’oeuvre de Seeb Levermann, notamment connu dans le milieu du « power-metal », pour avoir collaboré avec Orden Organ,
Asphyx faisant une infidélité au légendaire Dan
Swanö. «
Necroceros » est à nouveau imagé par Axel Hermann (
Iced Earth, Sodom). Il faut aussi préciser que la sortie de ce disque était initialement prévue plus tard, mais grâce à la Covid 19, les bataves ont avancé et achevé ce méfait plus rapidement. Comme quoi, le Coronavirus peut avoir du bon.
Après 35 ans de carrière et une discographie longue comme le bras, à la découverte de ce «
Necroceros », il est indéniable d’affirmer qu’
Asphyx n’a aucunement perdu sa verve et surtout son inspiration. Bien que dans la grande tradition musicale des hollandais, il souffle un vent de fraîcheur sur cette dixième dépouille. Alors, évidemment, le « death/doom » qui fait l’identité et la personnalité d’
Asphyx, est toujours bel et bien présent mais il ressort de «
Necroceros » un dynamisme certain et grande variété rythmique. Les morceaux de bravoure aux cadences élevées comme «
Botox Implosion » ou « The Sole Cure Is Death » donnant la sensation qu’une baïonnette vous traverse les entrailles de manière frénétique, précèdent ou succèdent à des titres plus lourds et pesant comme le morceau-titre, « In Blazing Oceans » ou « Three Years Of Famine ».
D’ailleurs, ce dernier représente une certaine prise de risque de la formation et est, selon votre humble serviteur, la pièce maîtresse de ce bout de bidoche faisandé. Ce titre traite de la famine en Chine qui a eu lieu en 1959, il est à la fois épique et surtout mélodique, avec un solo tout en feeling, mais surtout doté d’un break quasi acoustique rappelant bigrement « To
Live Is To
Die » de
Metallica, amenant une vraie tristesse et une mélancolie à l’ensemble, grâce à une harmonie guitaristique qui semble amener l’auditeur au bord du caveau pour qu’il puisse pleurer la perte de ses êtres chers. Le dynamisme de «
Necroceros » réside surtout dans l’alternance rythmique dont bénéficie la quasi-totalité des morceaux, les accélérations féroces sont mis en exergue grâce aux cassures lourdes et puissantes comme sur « The Sole Cure Is Death », « Mount
Skull » ou encore «
Knights Templar Stand » et «
The Nameless Elite ». L’ennui et la lassitude sont de ce fait annihilés,
Asphyx prend sa proie à la gorge et elle sera entraînée sans ménagement dans la fosse commune.
Le combo est totalement à l’avenant et délivre une prestation sans faille. Les riffs sont incisifs et puissants, amenant une vraie férocité en forme de rouleau compresseur. La section rythmique pilonne les derniers récalcitrants, et le père Martin Van Drunen, seul membre originel (mais pas fondateur) vocifère de son timbre typique, immédiatement reconnaissable. Il est incontestable également que la mise en son de Seeb Levermann amène une seconde jeunesse aux compositions d’
Asphyx, elle est en béton armé, conservant l’identité propre du combo, tout en s’éloignant des sonorités de Dan
Swanö.
Même si la qualité intrinsèque de «
Necroceros » est très élevée, étant tatillon, j’ai relevé quelques imperfections. En effet, certains passages sont un peu prévisibles (le break de «
Botox Implosion »par exemple) et quelques morceaux sont génériques comme « In Blazing Oceans » ou « Yied Or
Die », ou encore, le riffing de «
Knights Templar Stand », qui s’avère moins marquant.
Peu de formations sont capables de proposer une œuvre aussi inspirée et dynamique après une aussi longue carrière,
Asphyx l’a fait et prouve qu’il a encore les crocs, c’est vraiment rare pour être signalé. Depuis la reformation du groupe en 2009,
Asphyx n’a jamais déçu, plaçant la barre qualitative toujours plus haute, albums après albums, «
Necroceros » se hisse donc au sommet . Ce méfait est puissant, pesant, dynamique, féroce et varié, il ravira assurément tous les ferrus du groupe et constituera une porte d’entrée parfaite pour tous les néophytes qui souhaiteraient faire la connaissance du quatuor. C’est une certitude, ce sont dans les vieilles entrailles qu’on trouve les meilleures tripailles.
Un super album de Asphyx .
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