Liste des groupes Metal Symphonique Silent Utopia My Human Nature

Nous ayant laissés sur le souvenir ému de « Embrace the Shadows », son introductif et palpitant EP, message a été reçu par le quartet belge de revenir plus efficacement armé dans la bataille. Désireux d'en découdre plus sérieusement, cette fois, mais loin de chercher coûte que coûte à faire plus largement entendre sa voix, le méticuleux combo s'est précisément laissé le temps nécessaire à la pleine maturité de ses gammes et de ses arpèges et à l'affinage de sa production d'ensemble. Aussi, nous aura-t-il fallu patienter quelque quatre années après la sortie de ce menu mais seyant opus avant que l'inspiré collectif nous octroie son premier et présent album full length, « My Human Nature » ; une auto-production où se dispatchent 11 pistes inédites sur un ruban auditif de 48 optimales minutes. Ce faisant, cinq ans suite à sa sortie de terre, le prudent combo disposerait-il de l'arsenal requis pour espérer opposer une farouche résistance face aux Beyond The Black, Metalwings, Elvellon et autres Walk In Darkness ? Ce frais arrivage serait-il de nature à faire de lui un sérieux espoir de ce si concurrentiel registre metal ?

Dans la présente aventure, nous retrouvons l'équipage de la goélette au grand complet, à savoir : la soprano à l'angélique filet de voix Meggy Meyer, le guitariste/claviériste/orchestrateur Ignazio Di Salvo, le bassiste Bo Watershoot et le batteur Jonas Sanders (Age Of Torment, Dark Sensation, Emptiness, Pro-Pain...). De cette collaboration de longue date émane un propos metal mélodico-symphonique classique à la fois enjoué, solaire et brin romantique, dans la lignée de Nightwish, Xandria, Delain, Epica et consorts, soit dans la mouvance du précédent effort. Propos auquel le groupe a toutefois apposé son sceau esthétique et technique, lui conférant alors un parfum d'authenticité et un brin d'originalité. Mixée et mastérisée à the Sandlane Recording Facilities par le claviériste (Star One, ex-After Forever) et producteur (Ayreon, Epica, Ex Libris, Mayan, Stream Of Passion, Xandria...) néerlandais Joost van den Broek, la rondelle bénéficie de finitions passées au crible et d'une belle profondeur de champ acoustique ; enregistrées au Blackout Studio à Bruxelles par Jonas Sanders, les lignes de chant ont, à leur tour, fait l'objet d'une attention particulière. Tous les voyants seraient donc au vert pour que s'effectue une traversée des plus sécurisées...

Comme leur introductif méfait nous y avait sensibilisés, nos acolytes disposeraient de cette rare faculté à accoucher de ces séries d'accords aptes à nous retenir plus que de raison, à commencer par leurs plages les plus enflammées. Ainsi, c'est sans ambages que le refrain catchy exhalant des entrailles du ''delainien'' up tempo « Invincible » happera le tympan du chaland ; un pimpant manifeste aux riffs épais mis en exergue par les cristallines inflexions de la sirène et recelant un fringant solo de guitare. Dans une même dynamique, on ne saurait davantage esquiver le tempétueux et ''xandrien'' « My Human Nature », tant pour ses magnétiques arpèges d'accords qu'au regard d'une sente mélodique des plus plus enveloppantes, sur laquelle se greffent les fluides volutes de la déesse. Bref, un tubesque effort empreint d'allant mais aussi de délicatesse, que l'on ne quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Difficile également de ne pas esquisser un headbang bien senti sous le joug des furieux coups de boutoir que n'ont de cesse de nous asséner le torrentiel « The Strength Within You » comme l'échevelant « The Book of Life »; de poignants efforts heavy mélodico-symphonique aux riffs massifs, que n'auraient reniés ni Epica ni Delain, recelant tous deux un refrain que l'on entonnerait à tue-tête.

La troupe a, par ailleurs, diversifié ses phases rythmiques à l'envi, enrichissant alors à son propos d'une touche progressive. Bien lui en a pris. Aussi, pourra-t-on s'orienter vers le polyrythmique « Rise » qui, à la manière d'Epica, nous propulse au sein d'un souriant espace d'harmoniques tout en préservant une vibrante tonicité percussive. Un poil plus tourmenté, et non sans renvoyer à After Forever, « My Portrait » se fait, quant à lui, à la fois incisif, techniquement complexe et solaire. Evoluant dans un vaste champ de turbulences, les graciles oscillations de la belle font mouche où qu'elles se meuvent. Non moins torturé et se plaisant, lui, à varier ses ambiances, tout en sauvegardant un sémillant tracé mélodique, l'intrigant « Abyss of Lies » n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense. Mais le magicien aurait encore quelques tours dans sa manche en réserve...

Quand il en vient à retenir un tantinet les chevaux, le collectif trouve à nouveau matière à nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, en premier lieu, le ''xandrien'' mid tempo « The Beginning and the End » eu égard à ses grisantes ondulations organiques, à la fluidité mélodique de ses couplets et à son soufflant solo de guitare. Et ce ne sont ni la limpidité des impulsions de la princesse ni ses enchaînements intra piste des plus sécurisants qui nous débouteront de ce hit en puissance, tant s'en faut. Moins directement orienté vers les charts, le félin « Mechanical Doll », pour sa part, interpèle à la fois par sa basse éminemment vrombissante et par la soudaineté de ses accélérations. Sauvegardant une mélodicité toute de fines nuances cousue sur laquelle semblent danser les poignantes ondulations de la frontwoman, le ''delainien'' mouvement ne saurait donc davantage se voir écarté de la course. Et comment ne pas se sentir porté par l'enchanteur paysage de notes dont se pare le ''delainien'' « Your Echo » ? Un effort metal symphonico-atmosphérique pétri d'élégance et, là encore, magnifié par les célestes modulations d'une interprète bien habitée.

Lorsqu'ils nous mènent en d'apaisantes contrées, nos compères se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille, nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre « Under This Sky », ballade romantique jusqu'au bout des ongles aux airs d'un slow qui emballe. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, recelant un fondant refrain mis en habits de soie par les caressantes patines de la maîtresse de cérémonie, et se chargeant en émotion au fil de sa progression, cette ''nightwishienne'' aubade fera plier l'échine à plus d'une âme rétive au moment même où elle comblera les attentes de l'aficionado de moments intimistes.

A l'issue de notre traversée, un doux sentiment de plénitude nous gagne, l'inspiré quartet nous plongeant au cœur d'une œuvre à la fois truculente, pulsionnelle, romanesque, mais aussi fortement chargée en émotion. N'accusant pas l'ombre d'un bémol susceptible d'affadir l'attention d'un tympan déjà familiarisé aux travaux de ses maîtres inspirateurs et bénéficiant d'une ingénierie du son coulée dans le bronze, ce set de partitions se parcourt d'un seul tenant. Pour se sustenter, d'aucuns auraient probablement espéré davantage de variété en matière d'exercices de style, fresques, instrumentaux et autres duos manquant ici à l'appel. Moult sonorités propres ainsi qu'une identité vocale dorénavant affirmée sont néanmoins à mettre au crédit de nos acolytes. De louables qualités qui ont pour corolaire une technicité instrumentale éprouvée et des lignes mélodiques finement esquissées et des plus immersives. Bref, un palpitant et solaire mouvement insufflé par le combo belge, apte à faire de lui un sérieux espoir du metal symphonique à chant féminin. Un groupe à suivre de près, donc...

Note : 15,5/20