Red Fang, crée en 2005 par un groupe d'amis de longue date: Maurice Bryan Giles, Aaron Beam, David Sullivan et John Sherman, a fait son "coming out" en 2006 pendant un concert de Nouvel An dans leur ville de Portland dans l'Oregon qui, d’après les témoignages a laissé la foule en transe. Ils disent être influencés par
Led Zeppelin,
Soundgarden,
The Melvins,
Slayer, Hot Snakes,
Big Business,
Black Sabbath,
Black Flag, Cherubs et YOB. En 2009 ils sortent leur premier album "
Red Fang" et peu de temps après l'incroyable clip du morceau "
Prehistoric Dog" qui vaut largement le détour.
J’ai récemment lu une critique suggérant que
Red Fang est une sorte de ‘ménage à trois’ entre
Black Sabbath,
Black Flag et Motörhead, c’est assez juste à mon sens. Mais en plus de ça,
Red Fang est l’incarnation même de la ville de Portland. Une ville où ne pas se faire tatouer est un acte de rébellion et où les gens élèvent des poules dans leurs jardins. Comme Portland,
Red Fang mélange l’Amérique rurale et ouvrière, caractérisée par le gros barbu roulant dans son vieux camion rouillé avec un chien à l’arrière et un accoudoir spécialement aménagé pour accueillir sa cannette de bière, et l’Amérique Grunge du nord ouest, anticonformiste et cachant un élitisme intellectuel derrière une façade je-m’en-foutiste.
Murder the Mountains est l'apothéose de cette dichotomie avec des morceaux assez travaillés pour titiller l'intellect et assez heavy, a la limite du sludge pour headbanger a volonté. Ozzy, Henry et Lemmy ont eu un bébé après leur aventure a trois et ce bébé s'appelle
Red Fang. Il a un penchant pour les longs riffs, les mélodies psychédélique; il a une voix rocailleuse et une énergie rebelle.
Red Fang à l'époque du premier album était sur Sargent House Records. Aujourd’hui, pour le deuxième,
Murder the Mountains, ils s'associent à l'excellent label Relapse Records (label de quelqu'uns de mes groupes fétiches
Dying Fetus,
Mastodon,
Black Tusk, Exhhumed...)en se dotant en plus d'un producteur, Chris Funk des Decemberists et un mixeur Vance Powell (les Raconteurs, entre autres). Le résultat est que
Murder the Mountains conserve le coté brut et cru du premier album mais de façon plus rodée avec une meilleure fluidité entre les morceaux et continuité entre le style rock psychédélique et metal.
Je dois avouer que pour préparer cette chronique je me suis passée et repassée MTM en essayant à chaque fois de l’écouter de manière froide et objective. Mais c’est à peu près au 5ème morceau «Throw up» (le nouvel hymne des fêtards…) que la brume «stoner» s’est levée, que j’ai arrêté de bouger ma tête en rythme avec la basse profonde de Aaron Beam, en me disant «merde, j’ai encore oublié d’être critique» tellement j’étais transportée chez moi dans l’Oregon, bière glacée à la main et entourée d’amis, amis qui ont pour la plupart tous les mêmes têtes de bucherons que les gars de
Red Fang!
Pourtant j’avais une grosse appréhension en attendant la sortie de cet album le 12 avril dernier. L’appréhension du deuxième opus d’un groupe dont on est tombé amoureux. Mais dès les premières notes du premier titre «Malverde» j’ai poussé un «ouf» de soulagement et à la fin de «
Wires» j’étais partie pour ma deuxième lune de miel avec
Red Fang. Le duo vocal de Maurice Bryan Giles et Aaron Beam fonctionne à merveille, et les deux derniers morceaux "
Undertow" et "
Human Herd", présagent d’une évolution heureuse du style du groupe vers du stoner en apparence simple mais avec une complexité et sophistication qui se révèle au fil des écoutes.
En bref je recommande vivement
Murder the Mountains, surtout avec l’approche de l’été, c’est une musique qui s’écoute fort, les vitres de la voiture baissées…
Excellente chronique pour 1 excellent groupe qui sort des albums "rafraichissants".
Je suis on ne peut plus d accord avec la vision de bouseux du fond de l amerique....cette vision anti technocratique est reconfortante ...
En tout cas sacré album.
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