L’incompréhension fut total, lorsque le beffroi laissa la cloche silencieuse, dont les derniers échos résonnaient à l’infini dans les cœurs serrés de ceux qui voyaient, en cette solennelle cérémonie funeste, se refermer le couvercle du cercueil sur les dernières illusions d’un
Stryper qui, pourtant, avec un excellent
Against the Law avait donné le meilleur de lui-même, allant même jusqu’à laisser sa fâcheuse tendance à une ferveur chrétienne exacerbé, défenseurs armés de bible et de White
Metal, au placard, ou plutôt, dans les confessionnaux des églises. Enfin « total », si l’on peut dire ; car ne pas comprendre les raisons qui firent de ce disque l’épitaphe ignoré de
Stryper, c’est assurément méconnaitre, ou oublier, le contexte dans lequel celui-ci sortis. Un temps trouble très marqué par l’avènement de nouvelles tendances nettement plus radicales, ou par la confirmation de l’intérêt d’un public à l’égard d’autres nettement moins inexorablement tournés vers le passé. Un contexte dans lequel ce
Against the Law en total décalage avec son époque, comme tant d’autres, ne pourra trouver la place mérité qui était pourtant la sienne.
Stryper exhala donc son dernier souffle tandis que le glas sonnait sur lui.
Il ne fallut pas moins de 15 longues années pour que la carcasse froide ne ressurgisses du tombeau et ne brandisse, de ces mains décharnés les divagations d’un
Reborn, très justement intitulés, relents étrangement décalés aux riffs Neo Groove
Metal et aux propos nettement plus modernes que son prédécesseur. Perdu dans les errements d’un style qui n’était pas vraiment le sien (cocasse si l’on songe qu’il fut un de ceux dont l’apparition contribua au trépas des comparses des frères Sweet),
Stryper, avec ce
Reborn, jettera, d’une part, dans les affres d’un trouble déconcertant ses adeptes les plus assidus et d’autres part ne pourra pas réellement en convaincre beaucoup de nouveaux à rejoindre sa cause, tant le Neo, en ce milieu des années 2000 est à l’agonie. Il fallait donc réagir.
Et d’emblée, avec ce
Murder by Pride, on sent le groupe mû par cette volonté de composer une musique plus proche de celle de ses inspirations d’antan. Sur les chemins à la croisée d’un
Hard Rock US très inspiré des années 80 et d’un Rock très accrocheur, il n’a gardé de son prédécesseur aux effluves Neo, que les stigmates de riffs aux sons lourds et massifs sans en garder le particularisme des mélodies. Ainsi après les premiers pas d’un
Eclipse of the Son, morceau rock très entrainant, mais étonnamment atypique au milieu du reste de cette œuvre, on retrouve l’esprit du classicisme de
Stryper avec des titres tels que 4 Leafs Clover, The Plan,
Murder by Pride, Love Is
Why,
Mercy Over Blame ou encore Everything. Paradoxalement si l’on y retrouve les parfums de ce conservatisme, c’est uniquement en apparence, puisque les différences qui séparent
Against the Law et
Murder by Pride sont pourtant assez incontestables. Il y a d’abord ces guitares plus graves, plus pesantes qui sévissent ici tout au long de l’album à contrario de ces temps jadis où elles se faisaient clairement plus Rock, clairement plus aérienne. Il y a ensuite le traitement de ces refrains aux chœurs nettement plus présents, nettement plus travaillé, là où autrefois la simplicité accrocheuse et direct était de rigueur. L’ensemble cohérent qui en résulte, bien que réussie, n’en demeure pas moins en deçà de la spontanéité évidente d’avant. L’autre point qui prêtera forcement à discussion, c’est la présence, sans doute, bien trop nombreuse, de morceaux qui, s’ils ne sont pas tout à fait des ballades, peuvent être assimilés comme telles, tant la fougue et l’ardeur de ces titres n’est pas des plus virulentes, et sacrifie l’exaltation à l’harmonie bien plus mélodieuse. Ainsi excepté Alive qui lui nous entraine, bel et bien, dans les sphères de romance pas réellement transcendante, mais dans lequel la présence intelligemment composé de violon est suffisamment intéressante pour qu’elle nous empêche de nous conduire vers un inexorable ennui ; en dehors de ce Alive, disais-je, il y a d’autres morceaux nettement moins passionnant. Ainsi les douceurs telles I Believe, Run in You et Love Is
Why, alourdissent considérablement cet album. Cependant, même si ces titres placés les uns derrières les autres constituent véritablement le ventre mou de ce disque, il est important de se souvenir que le groupe nous les proposent comme un exercice de style inhérent et cohérent avec le genre de musique qu’il pratique aujourd’hui.
Assurément
Stryper n’est ni
Napalm Death, ni
Marduk et trouver ballades, et autres sucreries dans sa musique n’a donc rien d’étonnant. De plus considérant la longueur de l’album, il reste suffisaient de titres plaisant à ce disque pour définitivement nous convaincre.
Un album infiniment plus intéressant que
Reborn donc, mais infiniment moins que
Against the Law. Quoiqu’il en soit
Stryper est assurément sur le chemin de la rédemption et il y avance à grand pas.
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