L'anticonformisme. Cette unique expression pourrait bien définir la manière dont un certain
Mike Patton a choisi d'appréhender le rock dans ses multiples projets, c'est-à-dire sans limite d'inspiration et sans non plus suivre le modèle routinier couplet-refrain-couplet en se permettant des cassures encore plus incohérentes que celles pratiquées dans le rock progressif, et ne parlons pas des influences qui sont loin d'être évidentes, peut-être est-il possible de citer quelques genres musicaux mais citer quelques références est pratiquement inconcevable, car Patton est un pur créateur, ne partant généralement de pas grand chose pour arriver à se forger une identité.
A peine intégré au sein de
Faith No More, le chanteur semble encore avide de folie dans sa musique. Déjà armé depuis 1985 d'une troupe formée d'un trompettiste, d'un saxophoniste, d'un gratteux, d'un bassiste et d'un percussionniste, Patton & cie ne tardent pas à sortir un album intitulé
Mr. Bungle qui fait suite à quelques démos, deux ans après The Real Thing. Porté par le succès de ce dernier, le premier opus des
Mr. Bungle a le mérite d'être signé chez la grosse écurie Warner, et c'est parti pour une diffusion internationale.
Vingt ans après sa parution, cet album s/t est toujours d'actualité et le restera certainement pour les décennies à venir. Sans blague, qui d'autre peut se vanter d'avoir crée un tel cocktail aussi enivrant? Métal, rock, ska, free-jazz, voix loufoques, musiques des années 40-50, samples de jeux vidéos, cette galette est sans conteste une des plus hilarantes jamais produite par un groupe de rock. Estampillée d'avant-gardiste, la musique du combo bouleverse tous les codes existants avec un style reconnaissable entre milles. Patton démontre pour la première fois les différentes natures de sa voix, évitant le chant nasillard par lequel il s'est fait connaître au profit d'une approche plus «mature», d'un phrasé ultra-rapide et de murmures parfois lugubres. Long de soixante-dix minutes, aucun des titres n'a une durée inférieur à cinq minutes, laissant l'auditeur pantois devant un pareil exercice de style sans non plus évoquer quelque lassitude.
Sans être des références certifiées, quelques formations surgissent à l'esprit en écoutant
Mr. Bungle: la fusion de
Fishbone pour les côtés ska et funk ainsi que le rock cartoonesque de
Primus, marqué par le jeu remarquable du bassiste Trevor Dunn. On se plaît à suivre les délires incessants de chacun des musiciens, de même que la production est d'une qualité irréprochable. Cet album s'écoute n'importe où à n'importe quelle heure, car cela fait également partie de l'expérimentation que de ne pas identifier la musique dans le temps et dans l'espace, il fallait oser et le pari est réussi en cette année 1991. Aucun des dix titres n'est à jeter, une véritable consécration, le meilleur de ce band particulier pour ceux qui ne préfèrent pas la tournure pop prise à partir de
Disco Volante. La bonne humeur n'est pas au rendez-vous? Foncez sur
Mr. Bungle!
SF.
Je lui préfère tout de même "California", aboutissement de sa recherche de travestissement/hommage de la musique populaire. (Mondo Cane n'est pas mal dans le genre...)
Tu me donnes l'envie de m'y replonger en tout cas ! ^^
Le meilleur album de Mr. Bungle comme les deux autres ^^
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