Liste des groupes Rock Sudiste ZZ Top Mescalero

Mescalero, quatorzième méfait du trio texan de ZZ Top, est un album particulier à bien des égards.

En premier lieu parce qu'il constitue l'unique véritable témoignage concret d'une décennie durant laquelle Billy Gibbons et ses complices se seront faits plutôt rares. Même si, reconnaissons le volontiers, un tel constat n'est faisable qu'à postériori.

En second lieu parce qu'il revient, une fois encore, aux traditions séculaires de cette formation. Exprimant, en effet, à nouveau, cet amour immodéré des trois musiciens pour le sud des Etats-Unis, ce disque nous offrira un mélange métissé de Rock, de Boogie et de Blues servis par des riffs gras et tranchants. Mais aussi alourdit par ces voix si délicieusement suaves et rauques. Ajoutant à l'ensemble une légère touche de modernité de par l'usage de quelques rares samples et gimmicks "électro", il restera donc, peu ou prou, dans la droite lignée de ces deux prédécesseurs.

Une continuité qui affiche tout de même quelques divergences puisque ce manifeste, loin de se complaire uniquement dans les atmosphères enfumées de ces endroits interlopes où l'alcool, fort bien évidemment, coule à flot, comporte quelques éléments propices à distiller de ces climats plus latino. Mescalero, comme son nom le laissait donc présager, est une œuvre emplie d'effluves brumeuses, de nourritures épicées, de cocktails mexicains, d'idées noires et de petits diables bleus.

Le résultat nous offre donc quelques titres sinon mémorables, tout au moins appréciables. Citons les bons Mescalero et Two Ways to Play aux subtiles interventions de marimbas donnant une couleur très particulière et très séduisante à ces pistes. Evoquons aussi le sympathique Alley Gator et ses accordéons. Ou encore les plaisants Me so Stupid, Stackin' Paper, Dusted. Mais aussi le superbe Liquor, aux faux airs de La Grange, pourvu de ces superbes chants suaves et graves. Tramp est, quant à lui, une reprise d'un vieux standard de Blues écrit par Lowell Fulson (Tramp (1967)). Alors qu'As Time Goes By, titre caché clôturant ce disque, est une relecture d'une chanson popularisé par la B.O. du film Casablanca sur laquelle elle figurait. Ce titre a été interprété de nombreux artistes dont notamment Louis Armstrong, Chet Baker ou Frank Sinatra. Quoi qu'il en soit toutes ces pistes sont autant de chansons à même de nous offrir un plaisir certain.

Malheureusement, outre cette sempiternelle récrimination inepte, vœu pieux s'il en est, consistant à fustiger l'incapacité de ce groupe à parvenir à retrouver l'état de grâce qui lui aura inspiré Eliminator et Afterburner, l'une des critiques imputable à cet opus consisterait à lui reprocher sa longueur. Ou plutôt le défaut qui, invariablement, en découle à savoir l'inégalité d'un contenu aux qualités fluctuantes. Ainsi si les morceaux déjà énoncés sont assurément de nature à nous contenter d'autres tels que le moyen What Would you Do?, telle qu'une ballade aussi convenue que Goin' so Good ou qu'une autre à peine mieux telle que Que Lastima, apparaissent comme très dispensables.

Sans génie, mais sans tares monstrueusement rédhibitoires non plus, ZZ Top nous offre donc un Mescalero aux vertus capiteuses suffisantes pour nous enivrer. Un bon crû sans être exceptionnel en somme.

Il est loin le temps où ZZ Top balançait des tubes à la pelle à la radio ou à la télé, aujourd’hui le groupe préfère se lancer dans une approche plus expérimentale, avec notamment ce son de guitare fuzzy qui a fait la particularité des 2 albums précédents et que l’on retrouve dans celui-ci. Le précédent album XXX avançait des idées intéressantes, mais avait quand même de sacrés défauts, et le groupe se devait de remonter la pente.

Mescalero est assez dense, et il faut parfois un peu trier, surtout à la fin, mais on y trouve quand même son compte avec des titres qui sont vraiment à la hauteur de cet immense groupe. Le titre Mescalero est chanté en espagnol et annonce la couleur, approche moderne et pourtant le bon vieux Texas est plus que jamais là, avec un refrain excellent, une très bonne entrée en matière. La suite est sans reproche, avec des titres résolument modernes et surprennants comme Two Ways To Play ou plus roots comme la sublime What Would You Do ou la ballade Goin’ So Good. On retrouve aussi la trace de l’ère 83-90 avec les survoltés Buck Nekkid, Me So Stupid ou Piece, un hard rock pêchu comme on l’aime. On retrouve même la voix aigue de Gibbons façon Legs dans Stackin’ Paper, courte mais efficace. La suite de l’album part un peu en vrille, reprises, expérimentations étranges, les ratés de XXX refont surface alors qu’ils semblaient avoir été corrigé, on ne retrouve vraiment le groupe qu’à la fin avec Dusted. L’album est aussi parfois un peu gâché par des saturations de synthés, et de façon générale une qualité de son souvent désastreuse.

Le succès à grande échelle n’est plus là et ce n’est pas ça que notre trio recherche, grace à cette triologie Rhythmeen-XXX-Mescalero, ZZ Top a essayé des choses et a finalement réussi à marier tradition et modernité et trouver sa voie, avec parfois quelques loupés, mais l’album est globalement bien réussi et assez original, avec quelques titres qui figurent parmi les meilleurs du répertoire du groupe.