Un nouvel album de
Leviathan est quelque chose que l'on atTend avec une certaine impatience. Ce groupe, que j'ai découvert en achetant le double album Verrater, officie dans un black metal tordu et réellement malsain, qui fait une large place aux expérimentations (ambiant, atmosphérique voire même noise industriel). Certains sons semblent sortis d'un album de
Genocide Organ ou
Inade - pour ceux qui connaissent.
Bien trop souvent, les gens d'assez mauvaise foi comparent ce groupe à
Xasthur, de par le fait qu'ils sont tous deux américains et qu'ils ont sorti plusieurs splits albums ensemble.
Les rythmiques de
Leviathan sont beaucoup plus brutales et véloces ; la batterie bien plus audible.
Quant à "
Massive Conspiracy Against All Life", il est (je pense) assez réussi. Il comporte les ingrédients qui ont fait le succès de "
Tentacles of Whorror", même si ce dernier était plus varié et expérimental dans la structure des morceaux.
"Sacred scars", qui ouvre l'album, fait penser à l'attaque démoniaque d'un essaim de guêpes, se fondant sur l'auditeur. Une algarade sonore bourdonnante, envoyée par les cieux pour punir les hommes de leur peu de foi.
Le riff sur les dernières minutes de "Seamless garment as the morning" est de toute beauté. Wrest sait se faire plus mélancolique à partir de la huitième minute. Une longue glissade d'accords mineurs, éminemment tragique, semble annoncer un crépuscule de l'humanité.
"Last breath of expiration" est peut-être plus convenue, ce qui pourra surprendre et déranger certaines personnes (les coupures assez nettes entre le déluge de guitares et les plages ambiantes). À mon sens, cela fait aussi partie du plaisir de l'écoute et n'apporte que plus de diversité à l'ensemble.
Le début de "Flagellum raised to the sky" est vraiment bizarroïde, la guitare se mêle à des sons de clavier dans un accouplement surréaliste, puis le black metal reprend ses droits et les accords oppressants (qui peuvent rappeler le "Work which transform god" de
Blut aus Nord) refont surface.
"Sanies obnuntio" est au même titre que "History of rape sur l'album précédent, une conclusion absolument délicieuse, émotionnellement très forte.
On a affaire ici à un titre qui dépasse le cadre de la musique metal : la guitare tresse une mélodie décharnée et lugubre qui a plus avoir avec une certaine idée de la coldwave (telle que la pratique un groupe comme Lycia) qu'avec l'héritage habituel du black metal. Les parties de batterie sur ce morceau sont vraiment variées. Le début, quasi rituel et processionnel, se meut par la suite en un déluge brutal et bruitiste, fait de cymbales fracassantes.
Je le conseille à ceux qui ont aimé "
Tentacles of Whorror"
mais aussi aux autres qui cherchent du black metal très personnel et qui seraient fatigués par la musique d'aujourd'hui, extrêmement clinique et timorée.
À noter deux choses : si cet album vous plait, vous pouvez aussi vous tourner vers l'album "
Instinct:decay" de
Nachtmystium. De plus, pour ceux qui n'aiment que le caractère atmosphérique de
Leviathan, sachez que Wrest poursuit l'aventure avec son autre projet ("Lurker of chalice"), qui est dans une veine encore plus blafarde, éthérée et dépressive.
Super album sinon, même si je préfère d'un ptit chouïa Tentacles of Whorror.
Je me casse...
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