Pionnier du death hexagonal,
Loudblast, six années après le très bon «
Burial Ground », publie son huitième méfait longue durée, intitulé «
Manifesto ». Stéphane Buriez, seul survivant du line-up originel et seul maitre à bord mais toujours accompagné de son fidèle lieutenant Hervé Coquerel, les bougres intègrent en leur sein Jérôme Point-Canovas (ex-
No Return) à la guitare et surtout Frédéric Leclercq (
Kreator,
Sinsaenum, ex-Dragonforce) à la basse, remplaçant respectivement Darkhian
Griffon et Alex Lenormand.
Il faut souvent raison gardée des déclarations effectuées lors de la promotion d’un nouvel album, surtout quand les membres prétendent que «
Manifesto » comportent les ingrédients de «
Burial Ground », mais également de «
Sublime Dementia » et de «
Disincarnate », deux enregistrements emblématiques de la formation. Mais à la découverte de cet enregistrement, force est de constater que les protagonistes avaient raison.
«
Manifesto » débute bille en tête, sans aucune introduction en guise de plantation de décor, avec « Todestrieg ». Cadences effrénées, blasts puissants, césures, breaks massifs, tout y est. Et le reste de l’album sera du même acabit. Ce qui ressort de cette ogive est d’abord son dynamisme, grâce à moults changement de rythmes, les blasts sont souvent suivis de cassures et vice-versa, ce qui met en exergue ceux-ci et confère à «
Manifesto » une vraie force impactante, «
Relentless Horror », « Erasing Reality », « The Promothean
Fire » ou « Invoking To Justify » et «
Festering Pyre » en sont les exemples parfaits. Cet état de fait annihile toute forme d’ennui ou de lassitude.
Loudblast sait aussi molester son auditeur à grands coups de breaks massifs et enclumesques comme celui de « Erasing Reality », « Into The Greatest Unknowns », le final de « Promothean
Fire », le refrain de «
Solace In Hell » ou l’éléphantesque « Infamy Be To You » (aux allures de
Paradise Lost, période « Medusa » sur les accords) qui clôt ce «
Manifesto » très prenant.
La noirceur de «
Burial Ground » est toujours de mise avec l’instauration d’ambiances sombres (« Infamy Be To You », « Erasing Reality » ou «
Solace In Hell »), de rythmiques lourdes ou ritualistes, laissant l’impression d’assister à une messe noire, grâce à l’introduction de chœurs inquiétants (« Todestrieg », « The Promothean
Fire », « Invoking To Justify » ou encore « Into The Greatest Of Unknowns »). Les lillois savent aussi se faire aériens (toute proportion gardée) sur le break de «
Festering Pyre » ou le commencement de « Invoking To Justify » (on y entend même des bruits de vagues), de la souffrance semble ressortir du final de « Infamy Be To You ». L’accent a également été mis sur les arrangements qui sont assez bluffants et hissent encore plus vers le haut ce «
Manifesto » qui ne manque pourtant pas d’atouts.
La mise en son organique de cet album est parfaite. Elle a été réalisé au Vamacara Studio, la production, supervisée par Stéphane Buriez et HK Krauss, a du se terminer à domicile à cause du confinement. C’est un mal pour un bien car ce huitième méfait est sans doute le mieux produit de toute la discographie du groupe. L’espace sonore est parfaitement équilibré, avec notamment une basse à la fête, et chaque musicien a loisir d’exercer ses talents. Le père Buriez alterne entre les vociférations entre growl profonds et vocaux aliénés, ajoutant un côté oppressant à la chose. Jérôme Point-Canovas multiplie les solos de haute volée, tout comme son patron d’ailleurs. Il est à noter que les parties de batterie sont assurées par Kevin Foley (ex-
Benighted, ex-
Abbath) car au moment de l’enregistrement de celles-ci, Hervé Coquerel était blessé au genou. Cependant, ce dernier a scrupuleusement respecté les parties qui avaient été composé par le père Hervé. Pour finir, l’artwork, magnifique au demeurant, est signé Elira Kantor, le contenant collant parfaitement au contenu.
Peu de défauts composent ce «
Manifesto » à la qualité intrinsèque élevée mais si votre serviteur voulait joué les rabats joie, il dirait que la dynamique s’essouffle quelque peu sur la fin, avec trois dernières compositions qui sont plus d’obédience mid-tempo ou doom (« Infamy Be To You »). Il y a bien quelques accélérations furibondes mais le final manque d’un morceau plus vif. C’est d’autant plus dommageable que l’édition limitée comporte un instrumental « Mesopotamian March », qui aurait donné plus de vigueur s’il avait été inclus vers la fin de l’album (le dernier bonus est « Shine », une cover de Motörhead).
Violent, brutal, lourd, sombre, dynamique et parfois mystique sont les qualificatifs qui correspondent le mieux à «
Manifesto », véritable pamphlet contre la bêtise humaine. Reprenant les atouts de «
Disincarnate » (les rythmiques véloces), de «
Sublime Dementia » (les mélodies) et «
Burial Ground » (la lourdeur et l’obscurité), il n’y a aucune tromperie sur la marchandise. «
Manifesto » futur classique de
Loudblast ?
Seul le temps le confirmera.
Rien sur la superbe reprise de Motorhead "shine" par le groupe sur ce (tres bon) album ?
Ce titre étant un bonus et par souci de concision, je ne l'ai pas évoqué. Merci pour ton retour sur ce très bon cru de Loudblast effectivement.
Excellent cet album....belle chronique.
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