Månegarm

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17/20
Nom du groupe Månegarm
Nom de l'album Månegarm
Type Album
Date de parution 20 Novembre 2015
Style MusicalBlack Viking
Membres possèdant cet album59

Tracklist

1. Blodörn
2. Tagen av Daga
3. Odin Owns Ye All
4. Blot
5. Vigverk - del II
6. Call of the Runes
7. Kraft
8. Bärsärkarna från Svitjod
9. Nattramn
10. Allfader
Bonustracks
11. Månljus
12. Mother Earth Father Thunder

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Månegarm


Chronique @ AlonewithL

20 Janvier 2016

Des spectacles de la nature dont on ne se lasse jamais.

Le phénomène de lune rousse se déroule à chaque éclipse de lune, quand cette dernière a la Terre lui cachant le soleil. Ce n’est pas chose fréquente, et on se plaint souvent à observer, tout comme chaque sortie de l’illustre formation « Manegarm », l’un des fleurons du pagan suédois. Après le déchainement furieux de ses trois premiers albums, le groupe a ajouté un peu d’eau dans son vin à partir de « Vredens Tid », rendant ainsi sa musique plus accessible. La part black metal s’en est trouvée diminuée. Dernièrement, suite à la signature chez Napalm Records, la troupe de Jonas Almquist a fait le choix d’un jeu plus massif pour « Legions of the North », pour un résultat discutable et discuté. « Manegarm » nous avait habitué à la quasi excellence, on sentait bien dans ce dernier effort une perte de repères et de profondeur. Ayant peut-être pris du recul avec cette œuvre, l’équipe décide pour son éponyme de faire l’exact inverse, d’y accorder une large part aux mélodies, au risque de compromettre son héritage suédois au profit d’une scène voisine. Sur le pied de guerre, le viking a les yeux rivés vers l’Est de la Baltique.

Très justement, comment ne pas penser à « Ensiferum » à l’écoute de « Blodörn ». Prenant son départ de manière solennelle dans une entame, toute finlandaise, puis prolongée par un pagan rude, ponctué des sons de la guimbarde, bien suédois cette fois, mais timoré dans le son, bien que l’on reste dans l’esprit de « Manegarm ». Le refrain, la douceur du break ne feront par contre que conformer l’influence pour l’autre rive. Que ce soit éminemment joyeux ou au contraire dans un ton attristé, comme c’est le cas pour ce « Blodörn », le groupe fait la part belle à son pays voisin. Côté joyeux l’exemple est « Tagen Av Daga », emmené par un violon enthousiaste et un rythme entrainant. La coupure du milieu laisse une ouverture toute trouvée à la cornemuse de Kaspars Bārbals, ex-membre de « Skyforger ». Et, à cet instant,…comment ne pas encore songer à « Ensiferum » ? Dans l’exploitation des contrées de l’Est, il ne sera pas toujours question de l’œuvre de Markus Toivonen et ses compères. On retrouvera cette fois l’ombre de « Finntroll », le récent, le plus ombrageux, sur un « Kraft » lourd et apaisant. Cette influence devient véritablement ostensible dès que l’on y entend le banjo entrer en action.

La Finlande ressort également de la tribale chanson acoustique « Vigverk – del II », version shamanique et prolongée de celle, instrumentale, issue de l’album « Legions of the North ». Malgré la présence de chants féminins et masculins mêlés à la ballade, on sentirait poindre la présence, du moins l’aura, d’un Jonne Järvelä, là-dessous. Ce ravissant extrait avait suivi une autre ballade acoustique, champêtre, plus fine et délicate, le dénommée « Blot ». On y sent cette fois beaucoup de mélancolie, que ce soit dans la voix ou dans les airs. Toutefois, il se dégage une petite note de confiance à travers le refrain. C’est le complet désarroi qui ressort du larmoyant et lent « Allfader », exclusivement chanté par une femme. Il n’est pas question de sinistrose en ce qui concerne l’autre morceau acoustique « Bärsärkarna från svitjod », à la rythmique syncopée par le violoncelle. Le ton est cette fois neutre, et l’influence est indiscutablement suédoise. En fait, s’il y avait à faire une parenté, on y trouverait certainement « Fejd » parmi les deux parents. C’est à quel point, « Manegarm » a exploré autour de lui pour y puiser de nouvelles ressources. Et, à vrai dire, il s’en trouve changé, plus accessible encore qu’il ne l’a été.

Par Odin ! Qu’il a changé, en effet ! On n’avait pas relevé autant d’entrain et de sympathique sur des pistes de « Manegarm ». Prenez, par exemple, « Odin Owns Ye All », c’est un vrai ouragan de plaisir, un pagan frénétique vivifiant de vitalité, débordant même. Ce renfort mélodique semble se vérifier également à travers « Call of the Runes », néanmoins légèrement abrasif si on s’en tient au chant. On est déjà plus à proximité avec l’expérience antérieure de « Manegarm », notamment si on s’en tient à leur ouvrage de 2009, « Nattväsen », réputé parmi les moins pêchus de la discographie, mais pas des moins efficaces. Le groupe reste plutôt dans la conformité avec un rude et conquérant « Nattramn », où on relève un arrière-goût de « Mithotyn », aussi bien dans le chant décharné que dans les coups de boutoir. Plus fort encore, le titre bonus « Manljus » ne fait aucunement dans la fine bouche. Suite à une entame rappelant fortement le compatriote « Candlemass », on rempile ensuite sur quelque chose de complètement déchainé, de précipité, de death. L’autre surprise qu’accorde la version digipack, c’est la reprise de « Mother Earth Father Thunder » de « Bathory ». Une reprise voluptueuse sublimant même la version originale, dans un registre folk, à chants féminin et masculin, par la petite sœur de Quorthon, Jennie Tebler, et par le vocaliste de « Primordial », Alan Averill.

La lune « Manegarm » ne sera sans doute pas l’égal du soleil « Bathory », mais il en est le digne héritier. Avec ce dernier volume, l’héritage ressort beaucoup plus sur la forme que sur le fond. On y découvre une illustre formation suédoise plus encline aux grandes embardées mélodiques, aux ballades douçâtres et acoustiques, qu’à l’accoutumé. Ce qui est déroutant, c’est que cet éponyme aurait très bien pu être le dernier volume d’« Ensiferum ». A juger de la qualité d’« One Man Army » sorti en 2015, mieux aurait valu que cela soit ainsi. Hormis cette petite invasion sur le terrain du voisin et cette perte de caractère et de personnalité, on s’éprend curieusement de cet album. Il s’illustre exceptionnellement riche. Ses airs nous revigorent ou à l’inverse nous isolent. Il joue de nos émotions, comme le ferait n’importe quel volume diablement efficace. Comme le ferait la lune, aussi. En attendant que la lune et le soleil soient dévorés par Hati et Skoll, profitons des spectacles de la nature dont on ne se lasse jamais.

15/20

5 Commentaires

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NeCRoN - 20 Janvier 2016: Excellent album, je l'écoute en boucle depuis quelques jours. Il me transporte vraiment. Mention spéciale pour le titre Kraft.
Ensiferum93 - 20 Janvier 2016: Merci beaucoup pour ta chronique !! Je ne connaissais que de nom mais vu les références citées je vais me jeter dessus =)
AlonewithL - 20 Janvier 2016: @Ensiferum93 Celui-là est très accessible, comme Nattväsen. Néanmoins, toute la discographie du groupe mérite intérêt mis à part peut-être "Legions of the North" qui fait un peu du sur place.
Ensiferum93 - 21 Janvier 2016: Merci pour l'info, je suis en pleine écoute et ça commence vraiment bien !! Je me plongerai dans leur discographie ce week-end.
Et petit message en retard, je trouve ton style d'écriture vraiment très intéressant, donc encore merci pour ces belles chroniques que tu nous donnes à lire =)
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