Mine de rien, il faut un moral de fer pour supporter la drogue et ce qu'elle entraîne. L'usage de stupéfiants est aujourd'hui utilisé par les masses comme un moyen de détente (j'adhère), et parfois même comme un moyen de défonce (vous savez, les cafards apathiques qui passent la soirée à baver sur un canapé). Utiliser la drogue pour se mettre minable n'est absolument pas l'objectif de Saint-Vincent, la tête pensante du trident
Blacklodge. A l'instar des aztèques, le bonhomme utilise les psychotropes comme moyen de rentrer en communion avec son maître
Satan (vous me direz, c'est pas plus con que n'importe quelle messe noire). Haschich, Coke, Meth, Ecstas, Trip, Pills, Speed, Amphétamines et Barbituriques, telles sont les armes qu'utilise Saint-Vincent pour combattre l'homme et le monde actuel (encore une fois, c'est pas plus con que d'utiliser des flingues). "Login:SataN" est le premier véritable album du groupe, une éloge des perversions humaines, des plaisirs chimiques et fugaces, avec une bonne louche de diableries en prime.
Musicalement parlant, c'est assez difficile d'accés. Le blackist lambda (j'aime ce mot) peinera à accrocher à la mixture indus' de
Blacklodge. Point de batterie, seulement une boîte à rythme complètement Techno Hardcore, et des riffs stridents et assassins, comme des ongles que l'on ferait crisser sur un tableau noir. Chaque chanson évoque à l'amateur le rush que l'on ressent à la prise de certaines substances : il y a une montée, une sorte "d'extase", et puis une descente. "Login:SataN" me rapelle un peu la définition du plaisir des Cénobites, créatures tout droit sorties de l'imagination de Clive Barker : il passe par une douleur extrême. Car oui, ce disque relève plus du bad-trip que de l'expérience mystique. C'est malsain, inhumain, un peu comme si the Berzerker et
Mysticum avaient forniqué avec
Mayhem et
Burzum.
Les paroles valent leur pesant de cacahuètes. A mi-chemin entre prière hallucinée ("T.A.O.S."), éloges de la poudre blanche ("W.Y.N.F.S."), récit d'un manque physique à la drogue ("
Need a Needle...") ou encore glorification d'un site porno (Redway, à l'occasion, passez-y, vous ne serez pas déçus du voyage - que les mineurs ne tiennent pas compte de cette remarque), l'auditeur ne sait plus comment il doit prendre la machine
Blacklodge : à la rigolade ? Ou au sérieux ? Parce que franchement, ces liturgies sont difficiles à avaler. Soit saint-Vincent est complétement fou, les neurones ravagées à force de se poudrer le nez, soit il est complétement fanatique. Ma réponse ? Probablement un peu des deux. Il suffit de lire ses propos pour se rendre compte que jamais fou n'avait été aussi sérieux que lui.
Bref, tout ça c'est bien gentil. La poudre, l'herbe, les cachetons, c'est rigolo cinq minutes. Mais les compositions, messieurs, ça donne quoi ? Ben... C'est un début, répondrons-nous gentiment.
Blacklodge en est à son premier full-length, et il hésite encore. Trop frileux pour les expérimentations (quelques pointes sur le dernier titre, et encore, c'est plus de l'électro basique qu'autre chose), "Login:SataN" se concentre sur un Black
Metal "à la
Mysticum", mais en beaucoup plus dissonant et en moins sombre. Et sur 49 minutes, ça lasse rapidement, car en plus des facteurs que nous avons vus plus haut, l'art de
Blacklodge est franchement minimaliste.
"Login:SataN" est la véritable naissance de la créature qu'est
Blacklodge. Elle a su grandir et assimiler des élèments extérieurs pour évoluer, preuve en est la suite de leur discographie : "Solarkult" marque le début des expérimentations réelles pour le groupe, la fin de ce couple énervant BaR qui tabasse/grattes distordues, et surtout porte la griffe si distinctive de
Blacklodge, dont le style atteindra son paroxysme sur "T/ME". "Login:SataN" est intéressant à écouter, ne serait-ce que pour prendre la mesure de l'évolution du groupe.
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