Liberté, Egalité, Sensualité

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14/20
Nom du groupe Eklipse
Nom de l'album Liberté, Egalité, Sensualité
Type EP
Date de parution 30 Janvier 2015
Style MusicalHeavy Symphonique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1. Poupée de Cire, Poupée de Son (France Gall Cover) 02:24
2. Marcial Baila (Les Rita Mitsouko Cover) 04:22
3. Le Vent Nous Portera (Noir Désir Cover) 04:00
4. Clair de Lune (Claude Debussy Cover) 03:53
5. Poupée de Cire, Poupée de Son (Eklipse vs Ryan Tennison Remix) 06:07
Total playing time 20:46

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Eklipse


Chronique @ ericb4

04 Fevrier 2015

Une redoutable opération de séduction instrumentale pour nous servir !

Que voici un étrange et saisissant ballet qui s'invite à nos tympans alanguis! Pas l'ombre d'une voix se fait entendre, ni le moindre coup de batterie, pas même un riff circonstancié! Non. Toute la magie procède d'un inattendu quatuor violoneux de charme qui se plaît à faire virevolter ses notes au fil des pistes investies. Suite à un album full length intitulé "A Night in Strings", sorti il y a trois ans, les quatre virtuoses nous initient à un modeste EP conçu, lui également, sur le principe des covers d'artistes de référence mais issus d'univers très variés.

L'artwork de la pochette, aussi sobre dans son concept que lumineux dans le choix des composants et de la palette de couleurs, nous indique déjà que la surprise auditive sera au bout du chemin. Ainsi voit-on nos quatre dames s'avancer, chacune équipée de son instrument de prédilection, et prendre place pour un mini concerto néo-classique d'une vingtaine de minutes. Le tour de scène nous met en présence de la violoncelliste Helena, de l'altiste Viola et des deux violonistes Scarlet et Miss E. Une fois le silence installé, elles prennent possession de l'espace auditif pour laisser s'égrainer cinq titres, inspirés chacun d'artistes du patrimoine français du rock, de la chanson et du classique.

L'aura instrumentale qui se dégage de l'ensemble témoigne d'une parfaite cohésion entre ces quatre artistes. De plus, la superposition de ces romantiques instruments à cordes confère à l'orchestre une belle profondeur de champ acoustique. En outre, la manière experte d'accorder les violons donne également une stupéfiante dynamique, simulant ainsi un duet batterie/basse devenu classique dans le heavy symphonique. Cette logique de production s'inscrit dans la même veine que Silenzium, groupe russe issu du même registre metal et habillant instrumentalement, lui aussi, des covers de standards du rock et du metal. Sur le plan de l'ambiance de fond, l'influence d'Apocalyptica n'est pas loin.

Tout d'abord, le combo a parodié en partie un symbole de la République Française sur le titre de l'opus. Seule la "fraternité" s'est muée en "sensualité" à l'aune des sulfureux arpèges distillés dans cette oeuvre. Ainsi, les enchaînements s'opèrent avec une grande efficacité et rares sont les moments où l'on n'est pas rattrapé par ses émotions. Quels sont donc les arguments de nos belles pour nous happer ?

L'instrumentation nous croque littéralement sur les reprises de morceaux rock. Ainsi, "Marcial Baila" des Rita Mitsouko envoûte déjà par son introduction. Et ce, avant de nous propulser vers une énergie procurée par un magmatique staccato dispensé par l'une des violonistes, pendant que le violoncelle chauffe l'ambiance par son corps de notes plombant. Couplets et refrains sont restitués à l'identique mais avec une touche d'originalité, que l'on doit à la dispersion des sonorités aiguës induites par les deux chevaliers servants. Ce qui procure alors un climat énigmatique à un titre qui se voulait paradoxalement immédiatement accessible. En outre, la symbiose est parfaite entre nos instrumentistes et chaque note est apte à chatouiller nos sens. Tout aussi enjouée, la reprise de "Le Vent Nous Portera" du groupe rock français Noir Désir témoigne d'un habile jeu de sinuosités violoneuses, à la manière de Silenzium. Une ouverture tout en douceur, sobrement colorée, nous mène rapidement à une chevauchée fantastique au son d'un violoncelle au top de sa forme. Celui-ci se fait escorter par deux violons audacieux, pleins de grâce et opportunément investis sur ce terrain. L'alto se fait aussi entendre sur cette piste, cette dernière témoignant d'un embrasement progressif confondant. Ainsi savamment rythmé, ce morceau est sublimé par la maestria de nos brillantes cordistes.

Nos déesses se sont également engagées sur une autre voie, et non des moindres, à l'instar de celle d'un standard de la chanson française. Le titre "Poupée de Cire, Poupée de Son", composé par Serge Gainsbourg et interprété par France Gall, déjà repris par Therion, a été choisi. La mise en musique a fait l'objet d'une attention particulière sur les variations rythmiques et sur les accords. C'est dire qu'il a été restitué dans ses moindres détails harmoniques. Les violons s'ingénient alors à virevolter tout en respectant l'économie-même de la partition originale. Ainsi, la précision des suites de notes a pour corollaire l'observation stricte des gammes du compositeur. La finesse des arrangements est de mise et le circuit des cordes est d'une cohérence difficile à prendre en défaut.
Curieusement, il nous est proposé une seconde version, orientée electro. Ce même titre use d'une beatbox et parsème l'espace auditif de sonorités électroniques aussi invasives que répétitives. Dans cette mouture "Eklipse vs Ryan Tennison Remix", les violons suivent le rythme, soudain stoppent leur progression et reprennent de plus belle, en alternance avec les ondulations du serpent synthétique. Ce qui confère une atmosphère surréaliste à un morceau au message plutôt expressif et direct à la base.

Enfin, c'est vers le classique que s'est orienté le quatuor, à l'aune d'un pénétrant "Clair de Lune", composé par Claude Debussy. Les arpèges sont précisément restitués et les gammes expertes, éminemment complexes, n'ont pas échappé au fulgurant et émouvant doigté de nos sirènes. Il en résulte une agrégation violoneuse de fort bon aloi. Les notes volètent, tournoient dans un ballet incessant, d'où s'échappent de fines perles de pluie au violoncelle. C'est alors dans un environnement ouaté que choisissent de nous émouvoir ici les impétrantes.

On ressort de cet EP avec un doux sentiment de plénitude, de forte émotion face à une modeste mais très efficace formation. Nos protagonistes font chanter leurs instruments comme personne, tout en se calant dans un heavy symphonique d'inspiration néo-classique singulier. Il s'agit là d'une façon originale de réécouter des plages bien connues. Ceci dit, on aurait aimé une rallonge avec d'autres pistes pour goûter encore aux vibes de leurs cordes délicates. De plus, en complément d'incontournables covers, on aurait souhaité quelques compositions personnelles, ne serait-ce que pour explorer une autre facette de leur oeuvre.

On conseillera cet EP à tous les amateurs de heavy symphonique instrumental. Pour une première approche, cet opus constitue déjà un bon tremplin dans l'univers musical de nos quatre virtuoses. Pour ceux que les covers intéressent, ils ne seront pas décontenancés par cette exquise et originale mouture. Pour l'heure, il semble que le quatuor a d'autres projets en tête. On attend la suite avec impatience!



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