Pressé de clore le contrat de
Lethal Records, écurie avec laquelle les relations ont été plus que tendues lors de l’épisode
Hail Victory (
Satanic Victory) en 94, sans compter l’absence de soutien financier de la part du label, Vincent
Crowley met rapidement en place l’ossature de son troisième album
Lex Talionis, en reprenant notamment à son compte les riffs de sa période passée chez
Nocturnus aux côtés du batteur Mike Browning, de Gino
Marino et Richard Bateman en 1987. Notre désormais révérend à l’église de
Satan avait en effet pris la sage précaution de partir avec toutes ses idées, pour citer le titre The
Entity présent à la fois sur la première démo-tape de
Nocturnus et sur ce nouvel album.
Autour de notre growler et de notre batteur, on retrouve Vincent Breeding qui sévissait déjà sur
Hail Victory, ainsi que le nouveau venu Troy Heffern à la basse, ne jouant toutefois que sur le morceau
INRI (
False Prophet), toutes les autres parties étant assurées par Vincent
Crowley. Si la version officielle veut que
Lex Talionis ait été enregistré en Autriche au studio
Power Vienna Station de
Lethal Records, Mike Browning soutient dans une interview de 2007 accordée aux fanzines allemands
Carnage et Mystical Music, que la capture et le mixage se sont déroulées sur place à l’Audiolab Studio de Tampa en Floride, comme pour le précédent album, pour un budget de 500 USD et sur un seul week-end. Bref, deux versions contradictoires mettant en avant une fois encore les nombreuses entourloupes du label autrichien.
Quoi qu’il en soit,
Lex Talionis bénéficie cette fois d’un enregistrement plus épais, dotant les guitares d’une lourdeur et d’une agressivité qui manquaient sur les précédents albums. Le disque possède ainsi un son plus énergique s’accordant idéalement à des compositions plus mordantes et abouties, sans occulter une technicité en progression constante depuis les débuts relativement faiblards de
Rites of the Black Mass. L’entrainant Slaughterisation for
Satan ou encore les notables Enter the Coven & Inner
Beast aux bonnes accélérations, sont ainsi autant de signes montrant
Acheron avec un bel angle d’attaque, tandis que d’autres morceaux comme le plus lent
Voices Within restent davantage immersifs. La qualité des soli de Vincent Breeding, plus à l’aise sur cet album, est également notable, à l’image des ses nombreuses leads claires et inspirées qui parsèment les bons
INRI &
Legions of
Hatred.
Plus consistants, les morceaux sont aussi plus nombreux, le leader proposant cette fois huit nouvelles pièces deathmetal, contre seulement cinq inédits sur
Hail Victory (et quatre sur la version tronquée
Satanic Victory de
Lethal Records).
Pour ne rien gâcher, le magister Pete Gilmore (frère spirituel de Vincent
Crowley) remplace ses narrations qui entouraient traditionnellement chaque morceau, par des interludes majoritairement instrumentaux, où s'exprime parfois le Malin. Ces passages aux claviers tantôt sombres ou triomphants s’accordent cette fois idéalement avec le deathmetal de la formation, permettant d’assombrir notoirement l’ambiance de
Lex Talionis et d’accroître son côté occulte. Ainsi, si la tentation de zapper les invocations était parfois forte sur les deux précédents albums, ces petites pièces instrumentales forment désormais un ensemble plus homogène avec les compositions de notre leader.
Bon album dans la carrière d’
Acheron,
Lex Talionis est non seulement plus conséquent que son prédécesseur, mais montre aussi notre groupe nord-américain plus rentre-dedans et en progression notoire.
Outre le divorce programmé avec
Lethal Records, la sortie du disque est hélas rapidement suivie du départ de l’équipage et donc la fin de la collaboration entre Mike Browning et Vincent
Crowley, ce dernier désirant tourner en Europe tout en étant parallèlement dans l’incapacité de garantir à ses interprètes la moindre source de revenu, faute à son écurie autrichienne l’ayant truandé de la même façon que les allemands de
Turbo Music quelques années auparavant. Notre révérend et disciple d’
Anton LaVey ne tardera toutefois pas à mettre en place un nouveau line-up et à trouver un autre label, mais ceci est une autre histoire...
Fabien.
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