Into the Abyss ... EP sorti en auto-production sur cassette qui se vît reproduire en 1993 par l'éphémère
Midian Creations. En effet, bien que contemporain du célèbre et fameux 7th day of
Doom des fiévreux Hongrois
Tormentor,
Into the Abyss n'eut pas la chance d'avoir une seconde vie malgré des qualités éclatantes.
Into the Abyss par
Poison c'est avant tout une gemme trouvée sur Youtube il y a quelques années. Du Thrash allemand, certes, mais pas que. En fait bien plus que cela.
Into the Abyss - chronologiquement parlant - se place sûrement comme l'une des pépites que tout fan de musique extrême espère déterrer. Agressivité sardonique, densité tentaculaire, atmosphère antédiluvienne ... et des passages aux limites du cosmique. En réalité, une oeuvre difficilement concevable pour l'auditeur - même d'aujourd'hui - à replacer dans le contexte de 1987.
Quatre pistes, 35 minutes. On est aussi loin d'un rock progressif acidulé, qu'on l'est d'un Outbreak of
Evil de leurs compatriotes Sodom. Car
Poison nous transporte. Il ne cherche pas la violence comme base de ses compositions. Il mise sur une atmosphère qui s'installe insidieusement. En témoigne ces intros funèbres aux échos angoissants (Alive (Undead) -
Slaves of the
Crucifix) nous dévoilant peu à peu une page poignante du metal extrême récemment né. S'ensuivent des riffs inspirés, pleinement conformes à l'atmosphère créée, mais qui permettent à l'agressivité de surgir des vapeurs distillées. Les couplets pourront sembler répétitifs à certains, mais une seconde écoute démontrera le contraire et complaira l'auditeur dans la richesse des compositions de
Poison. Les couplets s'estompent souvent sur des descentes caractéristiques de l'album pour laisser place à des refrains poignants, magnifiés par le chant varié et possédé de "
Virgin Slaughter" laissant ainsi transparaître la puissante efficacité des titres du combo allemand.
La force de
Poison c'est bel et bien l'équilibrage de ses compositions - qui suivent toutes le même plan rythmique - mais avec une inspiration génialement démoniaque. Des riffs accrocheurs, une rythmique soutenue - et sans gros pains -,
Poison réalise l'exploit de produire un black thrash déjà brumeux, insaisissable (le low-temp en début de deuxième partie dans
Slaves of the
Crucifix...), tout en étant énergique, pour nous faire voyager vers des horizons lugubres.
Mélange astucieux et génial entre violence et compositions soignées, par des solos cosmiques, aériens, abyssaux - suivant la psyché de chacun -
Poison réussit également l'exploit de nous transfigurer, sinon de révéler musicalement des délires loftcraftiens hallucinés (Sphynx -
Yog Sogoth).
En définitive, un EP incompris (?), mal-distribué (?), qui mérite une deuxième chance. En effet, rares sont les groupes qui peuvent émouvoir autant par leur spontanéité aussi bien que par leur intelligence musicale. Quelque chose de frais et de neuf, même aujourd'hui à vrai dire.
TG.
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