«
In Utero »…l’album qui sonna l’oméga du groupe
Nirvana. «
In Utero », le disque le plus rageur et le plus chaotique jamais écrit par ce poète torturé qu’était
Kurt Cobain. Sorti un an avant le suicide ( ?) de ce dernier, ce troisième opus n’est pas seulement représentatif du bordel artistique magnifique et pittoresque de
Kurt mais aussi l’incarnation même de l’artiste sur le fil du rasoir, au bord de l’asphyxie, sur le point de dire « Bye ! Bye ! » à ce foutu monde ! A force de se fusiller les veines à l’Afghane – comme les romantiques du XIXème siècle qui abusaient d’opium et d’absinthe – le chanteur de Seattle se sera rendu à la
Mort par la seule force de son irrésolution à vivre ! Que ce soit dans la fougue géniale de «
Bleach », la quintessence mélodique de «
Nevermind » ou dans le malaise furieux d’une certaine post-adolescence de «
In Utero »,
Kurt Cobain se donna corps et âmes à sa tâche de parolier, de compositeur et d’interprète. Comme si tous les morceaux de
Nirvana (subliment exécutés par les compagnons de toujours, Krist Novoselic et Dave Grohl) étaient chacun une part non négligeable de sa psyché, de son sang et de son cœur…
«
In Utero » personnifie mieux que n’importe quel autre disque du groupe de la Rainy City, les tensions extrêmes habitant
Kurt depuis 1991 et le succès inouï de «
Nevermind ». Car non,
Courtney Love n'est pas la cause du mal-être maladif du chanteur, elle en a été surement l’un des facteurs, peut-être l’un des déclencheurs même mais certainement pas l’origine de son mal intérieur (ce serait lui donner trop d’importance).
Kurt nuisait très bien à lui-même avec comme seul aide la came. Dans «
In Utero », il y a de la violence sonore, de la furie vocale et de la rage lyrique…en atteste « Scentless Apprentice », l’ambigu « Rape Me » (et son mid-tempo classieux) ou le cataclysmique « Tourette’s ». Dans cet album culte, il se trouve que les fantasmes les plus noirs ont leurs places comme sur « Milk It » et ses couplets balbutiés et que l’autocritique est de mise avec le planant «
Dumb » et l’impétueux « Very
Ape ». Sur « Frances Farmer
Will Have Her
Revenge On Seattle »,
Kurt & Co rendent hommage à une femme ayant vécu un calvaire aussi effroyable que l’époque à laquelle elle vécut (internements à répétitions, médication forcée, électrochocs à gogo et pire, prostitution aux soldats servant de mâtons). Un martyr qu’on ne pourra jamais prouver tant la vérité fut noyé dans un océan de mensonges, autant dans les biographies qu’au procès mêmes !
On retrouvera des tubes mondiaux dans cette galette comme la confession sentimentale torturée baptisée «
Heart Shaped Box » ou la ballade onirique «
Pennyroyal Tea » dont on aura la version finale que neuf après sur le best of éponyme trop sobre à mon goût. Un album qui est, à mon humble avis, le reflet distordu et criant de vérité de la psyché du chanteur américain. Un instantané plus sombre que «
Nevermind » et plus mature que «
Bleach ». Un an plus tard,
Kurt Cobain se fera sauter le caisson sous l’empire de l’héroïne (est-ce vrai ou faux, ça, seul le principal intéressé pourrait nous le dire mais bon…). Un drame qui n’entachera en rien la carrière fulgurante de
Nirvana, légende du rock alternatif (aussi appelé grunge) qui signe cette année-là un chef d’œuvre de noirceur et de violence, moins varié musicalement que l’opus précédent mais terriblement plus fort dans ces ambiances ténébreuses de fureur. La fureur de mourir ? Probablement quand on sait que cet album devait, au départ, s’appeler «
I Hate Myself and I Want to Die »…
Bj
@Lamikawet , on parle de Nirvana et pas de Sonic Youth et pas des Pixies ou de Dinausor bidul , tu aime pas trop Nirvana , c'est commerciale bla bla bla
Nirvana est et restera dans les mémoires parce que leur musique avait une Ame et c'est ça qui compte
non?
« In utero » ne peut être considéré comme un album du déclin ou d’un prétendu suicide commercial.
Son aspect parfois faussement chaotique ne saurait faire oublier la terrible puissance rythmique du duo infernal Grohl-Novoselic et les riffs bien trempés de Cobain qui assurent à l’ensemble une cohérence d’acier.
Eléments importants à cette thèse, les trois ou quatre indiscutables hits du disque qui sans avoir l’impact d’un « Smells like teen spirit » suffiront à assurer des excellentes ventes à « In utero ».
Alors oui Cobain était sans doute bien fatigué, au bord du précipice puisqu’il se suicidera l’année d’après mais a vrai dire peu de choses le laissent supposer à l’écoute de ce disque.
Aujourd’hui Dave Grohl obtient un succès honorable avec son groupe de rock Foo Fighters montrant qu’il excelle non seulement à la batterie mais aussi à la guitare et au chant.
Pourtant le plus ahurissant à mes yeux est que les parties guitare/voix furent entièrement laissées à Cobain dans Nirvana ce qui en dit long sur le génie du blondinet dépressif.
Cobain possédait assurément une forme de génie dans le songwritting et dans la mélodie, ensuite les émotions passant dans sa voix d’être humain fracassé par le poids de la vie faisaient le reste.
Le succès phénoménal de ce groupe fut donc en un sens logique et « In utero » est non seulement un très bon album de Nirvana mais dans l’absolu un très bon album de rock.
Critique complète sur mon blog :
https://lediscoursdharnois.blogspot.com/2021/02/in-utero-nirvana.html
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