Comment aborder un monument comme le Heavy
Metal sans parler des pères fondateurs de ce mouvement musical. En effet, si le
Metal tel que nous le connaissons aujourd’hui en est là, c’est bien grâce à des groupes comme
Black Sabbath,
Blue Cheer,
Led Zeppelin et
Deep Purple. Non pas que la musique jouée par ces monstres du Rock s’apparente à du Iron Maiden, du
Manowar ou encore du
WASP, les influences premières du Heavy
Metal sont beaucoup plus fines et profondes qu’il n’y parait. Autant la suprématie de
Black Sabbath au fondement du
Metal est indéniable, autant faire le lien entre
Deep Purple et le Heavy est beaucoup plus discuté.
Formé en 1968 à Birmingham, ville connue pour avoir abrité des groupes comme
Black Sabbath, Electric Light Orchestra, Spencer Davis Group ou encore
Judas Priest;
Deep Purple a vu le jour au noyau dur du Rock et du
Metal. Nous pouvons constater que tout au long de sa carrière, le groupe a très souvent changé de style, apportant parfois des touches Jazz, Blues voire même Classique. Le niveau exceptionnel des musiciens ayant intégré cette formation n’y est pas pour rien. Leur technique et leur polyvalence a pu permettre au groupe d’intégrer toutes ces influences diverses qui font le SON
Deep Purple.
En plus de 40 ans de carrière, vous imaginez bien que
Deep Purple a vu le passage de bons nombres de musiciens et je pense qu’une petite rétrospective sur le chemin parcouru avant le disque qui nous intéresse s’impose. Avant d’adopter ce nom là, en cette année 1967, le guitariste virtuose Ritchie Blackmore et Jon
Lord qui lui, compose et joue de l’orgue Hammond, montent Roundabout. Ils sont rapidement rejoints par Rod Evans au chant, Nick Simper à la basse et
Ian Paice derrière les fûts. Avril 68,
Deep Purple est né (le nom vient de Ritchie,
Deep Purple de Bill Crosby sorti en 1939 était la chanson préférée de sa grand-mère). Cette première formation nommée Mark I, sévira d’Avril 68 à Juin 69. Avant la sortie de leur premier opus,
Shades of Deep Purple, le groupe sort un single composé par le très avant-gardiste et aujourd’hui culte
Hush ainsi que le plus calme mais non moins terrible « One more Rainy Day ». Sorti le 21 Juin 1968 sur EMI Parlophone, ce single permet au groupe de se faire un nom dans le milieu du Rock et ce, outre-Atlantique tout particulièrement. Peu de temps après la sortie de ce single Deep Puple est contacté par le très renommé Eric Clapton et son groupe Cream ayant sorti un an plus tôt l’incontournable « Disraeli Gears ». A cette époque, Clapton et sa bande étaient très en vogue, le trio avait en quelque sorte fait voler en éclat les limites du Rock en y introduisant une virtuosité inconcevable et encore inégalée.
Pas étonnant qu’Eric Clapton ait trouvé quelque chose dans
Deep Purple vu le talent de ses jeunes membres, notamment Blackmore,
Lord et Paice ayant déjà à l’époque un jeu particulièrement novateur. Ce n’est pas la première fois que Clapton donne sa chance à un jeune groupe prometteur. Pour la petite histoire, le 1 octobre 1966 «
God » accepte de faire participer Hendrix à un de ses concerts avec Cream malgré la réticence de
Ginger Baker; première partie où Clapton prend peur vu le génie qu’était Jimi Hendrix. Je ne peux pas affirmer avec certitude que c’est bien Eric Clapton qui a mis en contact Hendrix et
Deep Purple, mais il n’empêche que les anglais furent invités quelques temps après au Hugh Hefner’s TV show aux Etats Unis pour échanger et jouer quelques morceaux comme Hey Joe et
Hush avec le guitariste prodige noir Américain. Hey Joe sera d’ailleurs repris sur le premier disque de
Deep Purple, hommage certain à Jimi Hendrix, guitariste ayant influencé Blackmore, notamment avec son utilisation si particulière des pédales à effet. Il est aussi une influence majeure des premiers groupes de Heavy
Metal et de tous les guitaristes qui ont suivis tant il a révolutionné la guitare électrique. Avec ce premier album,
Deep Purple joue dans un registre Rock mettant en avant ses influences psychédéliques voire pop, on est encore bien loin de
In Rock.
En 1969,
Deep Purple sort
The Book of Taliesyn et leur album éponyme, allant encore plus loin dans la technique avec un Jon
Lord déconcertant, alliant parfaitement sa formation classique au Rock proposé par le groupe.
April est peut-être le titre le plus représentatif de ce mélange des styles et de cette volonté d’innover mise en avant par les anglais. Le mois de juin 1969 marque le départ de Rod Evans et de Nick Simper remplacé par
Ian Gillan au chant et Roger Glover à la basse. Simper et Evans ne correspondait plus à la recherche de puissance et de vitesse souhaitée par les autres membres du groupe. Alors qu’ils étaient encore dans
Deep Purple, Blackmore est allé voir Glover et Gillan qui étaient tout deux dans Episode
Six. La performance des deux musiciens ayant laissé Ritchie sans voix, il décida d’enregistrer un titre dans le dos de Simper et Evans.
Hallelujah voyait le jour, premier titre enregistré par le Pourpre sous sa forme la plus emblématique. C’est ce nouveau line-up nommé Mark II qui sortira les 2 albums les plus influents du groupe sur la scène
Metal et
Hard Rock. L’influence première vient d’un
Ian Gillan particulièrement efficace au chant. Son timbre exceptionnel, sa capacité de monter dans les aiguës font de lui une influence majeure de tous les groupes de la NWOBHM.
Le temps d’adaptation des deux nouveaux arrivants fût de courte durée. En effet, de fin 69 à mi 70, le groupe rentre aux studios IBC (réputé pour avoir vu passer les Who, les Beatles ou encore Hendrix et les Stones) pour enregistrer sur un 4 pistes analogique ce qui va être l’album posant en partie les bases d’un nouveau courant musical que les critiques de l’époque nommèrent
Hard Rock / Heavy
Metal, les deux styles n’étant pas encore réellement démarqués. La consécration
In Rock est sortie en septembre 1970, et quelle claque pour la scène rock. Un son nouveau, relativement proche de ce que faisait Blues Cheer, a mis les anglais sous les projecteurs. En 1970
Deep Purple est incontournable, enchaînant les concerts qui remplissaient des salles entières.
In Rock c’est des rythmiques imparables avec un
Ian Paice monstrueux derrière les fûts, un Blackmore fidèle à lui-même, un Jon
Lord d’une virtuosité exceptionnelle et sans parler d’un Gillan totalement monstrueux et novateur, qui grâce à sa puissance permet à
Deep Purple d’explorer des contrées encore inconnues. L’album démarre fort, le titre
Speed King pose le ton; c’est énervé, ça va vite et c’est exécuté à merveille. Le changement par rapport au disque précédent est radical. Des titres comme Flight Of The
Rats, qui fini d’une manière apocalyptique, ou encore Into
The Fire qui est très rock & roll sont la preuve que le groupe peut toujours mélanger les influences accumulées jusque-là à merveille. D’ailleurs, sur ce titre, Gillan montre qu’il peut durcir sa voix pour donner une autre atmosphère foncièrement plus
Hard à la musique de
Deep Purple. Cet album regorge de titre plus terribles les uns que les autres, qui en plus d'être joué parfaitement grâce à la virtuosité indéniable des musiciens composant le groupe mettent en avant un sens minutieux de la composition. Virtuose il faut l'être pour réussir à composer un hymne tel que "
Child in Time". Le titre démarre sur quelques notes d’orgue, inspirée par le titre
Bombay Calling de "Vince Wallace", où le style de
Lord est immédiatement reconnaissable (à noter que sur
In Rock il a branché sa machine sur un ampli
Marshall pour durcir le ton et coller à la guitare électrique). Imparable à tous les niveaux, mêlant plans complexes, montée en puissance redoutable et surtout une voix de possédé encore jamais entendu,
Child in Time atomise, pul-vé-rise la concurrence. Quand Gillan pousse dans les aigüe sur la rythmique ravageuse que nous assène
Ian Paice (écoutez au casque vous allez comprendre), c'est une grande partie du Heavy
Metal qui né sur ce morceau (Iron Maiden et
Judas Priest en tête)! Le solo joué à la vitesse de la lumière qui part dans tous les sens mais maîtrisé de bout en bout tout comme la fin cacophonique à la limite de la rupture dépasse clairement la définition du Rock et du
Hard comme ils étaient vu dans les années 70.
In Rock est arrivé comme un OVNI, laissant tout le monde sur le carreau avec ce qui est peut-être l'album le plus puissant enregistré sur un 4 pistes jusque-là.
Une des premières pierres du Heavy
Metal fût posée de la plus remarquable des manières avec un album intemporel qui, 43 ans après sa sortie, continue à mettre des gifles monumentales aux mécréants n’ayant encore jamais posé l’oreille dessus. Musicalement parfait et réellement novateur,
In Rock s’inscrit clairement parmi les plus grands disques de Rock de tous les temps. Vital!
Je viens de prendre bcp de plaisir a lire cette chronique si bien renseignée.
Deep purple fait parti des groupes qui ont revolutionné leur temps et permis de repousser les frontieres du rock.
LARS ULRICH avouait que sa participation à 1 concert de Deep Purple avait ete l'element declencheur de sa passion pour le hard au sens large....
Pour revenir à cet album il est bien dans son epoque 70's....
superbe chronique pour un album qui ne l'est pas moins !!!
A mon avis,cet album est un direct du gauche à destination de Led Zep qui ne s'en remettra jamais...In rock porte son nom à Merveille!!!!Masterpiece ultime!!!
Ce disque a une place toute particulière dans ma discothèque et surtout dans mon coeur.
Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est le tout 1er disque que j'ai acheté.
J'avais 10 ans, j'en ai 63 aujourd'hui, ça fait donc plus d'un demi siècle que j'ai ce petit bijou de Hard Rock dans ma longue collection.
Petit bijou car c'est la naissance du Hard Rock, il est sorti un peu avant le Paranoid de Black Sabbath.
Speed King, Child In Time, Into The Fire, Black Night ( en bonus ) que des bombes.
Child In Time est un petit bijou de morceau, aussi bien musicalement que vocalement ( Quelle performance de Ian Gillan )
Si vous comptez un jour, faire la collection des 30 plus grands albums de Hard Rock de l'histoire, celui çi doit, sans aucune hésitation y figurer.
19/20
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