Formé en 1988 et originaire d’Halifax en Angleterre,
Paradise Lost n’a eu de cesse de faire évoluer son propos pour le meilleur et pour le pire. D’abord propulsé par un death-doom lourd et poisseux avec «
Lost Paradise », le quintette mue vers un « heavy/doom » aux relents gothiques, qui trouvera son apogée avec la cultissime et référentiel «
Draconian Times », qui fit suite à l’excellent «
Icon ».
Puis, aux dires des deux principaux protagonistes que sont Gregor Mackintosh et Nick Holmes, la paire créatrice, éreintée par la tournée qui suivit la sortie de «
Draconian Times » (la rançon du succès ?), décide d’opérer un contrepied artistique, en incorporant des « machines » dans sa musique, ainsi que de mettre au régime « Slimfast » les guitares, pourtant atout principal du son développé par les britanniques.
La sortie de «
One Second » désarçonnera de nombreux aficionados, dont votre serviteur fait partie. Nick Holmes chante, plutôt pas assurément, les chansons sont assez bien ficelées («
One Second », «
Say Just Words », «
Soul Courageous ») mais tranchent complètement avec le style pratiqué jusqu’alors.
Paradise Lost lorgne directement vers le rock gothique industriel avec comme point d’orgue « Take Me
Down » qui n’a vraiment plus rien à voir avec le métal.
Une crise passagère se disait-on ? Et bien que nenni !! Car
Paradise Lost enfoncera le clos avec «
Host » qui a plus d’accointance avec Depeche Mode que notre musique de prédilection. La majorité des fans resteront dubitatifs car il est clair que les machines ont relayé les guitares au second plan. Ce disque très décrié, sera le point d’ancrage d’une période très difficile pour les britanniques, qui verra la publication d’albums juste moyens («
Symbol of Life », «
Paradise Lost ») ou mauvais avec «
Believe in Nothing », avant de renaitre de ses cendres avec «
In Requiem ». La suite, nous la connaissons tous,
Paradise Lost explorera son côté abrupt, avant une ultime réorientation vers le « doom » pachydermique sur l’excellent «
Medusa », démarche initiée sur «
The Plague Within » qui vit le père Nick renoué avec le chant « growlé ».
La peur n’évitant pas le danger, votre serviteur fait ressortir son côté téméraire, car j’ai décidé de m’atteler à la version remasterisée de «
Host ». Comme stipulé plus haut, lors de la publication de «
Host » et même en ayant l’esprit ouvert, ce disque m’a laissé sur le carreau, mais où donc était passé le
Paradise Lost puissant et mélodique de «
Draconian Times », la lourdeur du doom, la distorsion inhérente au style, les solos atypiques de Gregor Mackintosh ?
Même si le groupe est depuis, revenu à ses premières amours, il est clair que le père Gregor était lassé du son distordu et la signature chez EMI a bien influé dans ce sens.
Nuclear Blast, en collaboration avec le quintette, décide de « réhabiliter » certains disques du gang d’Halifax, avec une remasterisation de «
Believe in Nothing » qui comporte nettement plus de poils que cette nouvelle version de «
Host », qui comporte que très peu de différences en comparaison de l’original, donc, au final, j’en cherche encore l’utilité…
Ne comptez pas sur moi pour donner une seconde chance à cette nouvelle mouture de «
Host », qui est quasiment un « copier-coller » de l’original, avec une pochette plus verdâtre. Ce disque drainera éternellement son lot de détracteurs ou d’aficionandos. «
Host » restera un OVNI dans la discographie du groupe, surtout au regard de la direction musicale empruntée sur «
Medusa ».
Les gouts et les couleurs…
Que rajouter de plus sur ce très surprenant et très agréable "Host" qui n'a déjà été dit et écrit à maintes reprises.Oui sur ce septième album Paradise Lost n'a strictement, mais strictement, plus rien de Metal.Cependant on n'y perd pas forcément au change, car le groupe nous délivre une excellente Electro-Pop très influencée par l'album "Ultra" de Depeche Mode sorti deux ans plus tôt.Bien sur certains ont parlé de trahison (d'autres groupes, et pas des moindres, avaient déjà subi ce genre de critique), mais lorsque le résultat est aussi réussi pourquoi s'en plaindre.De plus en 1999 le mouvement Gothique reprenait du poil de la bête avec des groupes tels que Marilyn Manson, Nine Inch Nails, et Rammstein (qui, d'ailleurs, ne jouent pas de Gothic Rock, mais du Metal Industriel), et il n'était pas rare d'entendre dans les divers soirées parisiennes (Caves Saint Sabin, Caves Lechapelais, L'Indépendance, et La Péniche Concorde) du Paradise Lost et du The Gathering aux cotés des éternels Bauhaus, Christian Death, Joy Division, The Sisters of Mercy, et The Cure sans que cela n'offusque qui que ce soit.Cependant conscient d'avoir été trop loin dans l'expérimentation et de ne pas avoir comblé la perte de ses anciens fans par de nouveaux, Paradise Lost fera marche arrière avec "Believe in Nothing" sur lequel les guitares seront plus présentes.
Bien sûr on me dira que cet album est totalement atypique dans la carrière musicale de la bande à Holmes et Mackintosh. Qu'il n'est en rien représentatif des débuts death-doom (ou des derniers albums en date du groupe). Qu'il représente une sorte de "trahison" pour les fans de la première heure (et les autres). Qu'on ne pourrait jamais accepter que Katy Perry sorte un album d'électro-indus, ou Iron Maiden un album de jazz. Certes, mais il ne me semble pas que répéter à l'infini le même style musical, en tournant en rond, soit forcément plus respectueux pour les fans. Bref, c'est un débat sans fin.
Ce serait un peu vite oublier à mon sens que Paradise Lost a expérimenté de nombreux genres (le métal gothique avec Icon, le heavy classique avec Draconian Times, le doom atmosphérique avec certains albums récents), et n'est pas réductible à un style, quel qu'il soit. De plus, Host, dont il est question ici, est le second volet d'un diptyque expérimental commencé avec One Second, qui incorporait presqu'autant de sons électronica / synth pop que cet album-ci, malgré la coloration plus rock de One Second. Les deux s'écoutent selon moi ensemble et forment une expérience musicale unique.
Unique, car elle n'est pas vraiment comparable à celle de Depeche Mode, excellent groupe au demeurant, mais à la coloration tout de même nettement plus électronique et dont le spleen est un cran en-dessous de celui de Paradise Lost. Sauf peut-être durant la période Alan Wilder. Unique, car je ne vois pas trop comment comparer Host aux albums les plus noirs des Cure, il n'est ni aussi râpeux et âpre que Pornography, ni aussi doucereux et pop que Disintegration. Il est aussi planant qu'Anathema, aussi noir que le Floodland des Sisters of Mercy. Il est surtout unique, et ne peut être confondu avec aucun autre.
C'est ce son unique, cette atmosphère triste et sobre, froide et lancinante, qui font la qualité de ces deux albums successifs One Second / Host.
One Second comme Host ne contiennent aucune mauvaise chanson, pas même de chansons moyennes. Host, album en 3 faces en version LP, est excellent de bout en bout. Je crois que j'ai écouté chaque morceau des centaines de fois, toutes éditions confondues. Celle-ci est un remaster 2018 d'excellente facture. Avec une préférence pour les deux derniers morceaux, Year of Summer et Host. Cet album est un vrai chef d'oeuvre, et s'il est inclassable, et bien c'est tant mieux ^^
Au passage, le remaster de l'album suivant, le sous-estimé Believe in Nothing, que Nuclear Blast a eu l'excellente idée de rééditer également, a lui aussi un son énorme et mérite d'être réécouté (voire réhabilité).
Chronique intéressante d'un album que j'ai en partie beaucoup aimé (une bonne moitié des titres et notamment "So much is lost", "It's too late", déchirant, ou encore "Deep", "Year of Summer" , "Host") mais aussi en partie détesté (l'indigence de titres comme "Made the same", par exemple, à l'écriture faible) mais qui à mon avis surestime l'influence de Sisters of Mercy sur cet album ("True Belief" , sur "ICON" pour moi était bien plus fragrant...par rapport à "Heartland", certes pas du plagiat) et oublie NEW ORDER (ex. sur "Year of Summer"), mais ce qui m'étonne le plus dans toutes les chroniques et commentaires c'est l'absence de la référence du plagiat énorme de cet album, à savoir que "Behind the Grey" qui pompe exactement l'intro & leitmotiv de "A Forest" de The CURE comme canevas d'intro et en partie de refrain, c'est quand même important à signaler...
Bel album qui ne s intègre pas forcement bien dans la discographie de PL mais qui n est pas non plus dénué d'intérêt.
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