Il y a des styles où la note maximale (synonyme de perfection ?) est presque impossible à obtenir, faute à des albums cultes inestimables et indépassables depuis de nombreuses années. Concernant le power speed allemand, il ne va pas sans dire qu’attribuer une telle notation depuis la sortie des deux "Keepers of The
Seven Keys" d’
Helloween, voire même depuis le premier ep (contenant tout de même "Starlight" et "
Victim of
Fate", source originelle de tout un genre !) est presque impossible. Nombreux ont essayé mais personne n’arrivait à la cheville du mythe, que ce soit
Gamma Ray,
Iron Savior,
Stormwarrior, rien n’y faisait, sans doute à cause d’une trop grande vénération pour leur aîné et une incapacité à véritablement s’en écarter. Mais
Edguy se montra conquérant dès la sortie de "
Vain Glory Opera". Mais qui s’attendait à un tel déluge de musicalité à l’aube de cette année 2004 ?
Rejetant (très) loin derrière toute forme de concurrence,
Edguy, avec "
Hellfire Club", délivre un maître album, autant culte qu’artistique, important que symbolique. Une puissance dantesque émane de ce disque, une agressivité et une musicalité hors du commun pour le style et le groupe. Et puis surtout cette impression intarissable de toucher du doigt le divin sur chaque morceau de cette galette, notamment les cinq premiers où, chacun dans leur style, ils dévoilent tout ce dont devrait être capable le style.
S’ouvrant sur une narration ténébreuse ("Ladies and Gentlemen, welcome to the Freakshow !"), le riff de "
Mysteria" retentit (se rapprochant pour ma part beaucoup du "Killing
Road" de
Megadeth sous amphétamines) et s’ajoute un cri suraigu de notre ami Tobias. Et le rythme s’emballe : double pédale à fond, riffs chirurgicaux mais néanmoins mélodiques, un Tobias Exxel déchaîné (c’est assez impressionnant en live), des textes étonnamment sombres pour
Edguy (il est question de sectes et de philosophie occulte) et un chanteur en forme olympique. Des couplets où Tobias va au maximum de ses capacités pour amener un refrain déjà culte où les adeptes de "headbanging" ne peuvent que se retrouver.
Arrive déjà l’exceptionnel "The Piper
Never Dies". Presque un article entier pourrait lui-être décerné tant sa richesse est grande. Débutant sur une imposante et languissante ligne de basse, un hurlement de Tobias (jamais je ne l’avais entendu crier comme ça, d’une jouissance absolue !) vient alourdir considérablement le tempo. Les passages mémorables se succéderont, comme une longue ascension vers les cieux. Ce qui est extraordinaire avec ce morceau (sans doute le meilleur que Tobias et Jens aient jamais composé), c’est qu’il aborde plusieurs genre mais reste toujours très cohésif, très fort et structuré, pour aboutir à une accélération finale foudroyante sur laquelle Tobias réalise de véritables exploits, inchantables pour le commun des mortels ("Oh the piper never dies, he never dies, never dies..."). Un titre ultime qui justifie à lui seul la note finale.
Mais ce n’est pas tout. La puissance et la rapidité reviennent au galop avec le dément "We Don’t
Need a Hero", ultra speed (quel batteur que ce Felix tout de même…) et destructeur et avec la géniale idée (pourtant simple, au final) de superposer un solo de batterie et de guitare, et quel résultat! Jouissif, à ne plus savoir où donner de l’oreille, ébahis que nous sommes devant tant de génie et de savoir-faire. L’orchestre fait son apparition sur le break instrumental afin d’apporter encore plus de grandeur à l’album de ce début de siècle.
"
Down to the
Devil" suit et nous pond le refrain le plus mémorable, accessible, accrocheur et inoubliable possible. Une nouvelle fois, le génie nous explose en pleine gueule avec presque une simplicité insolente, tout en ayant l’air de venir si naturellement. Un morceau plus rapide se rapprochant de l’univers d’
Avantasia, comme en témoigne la splendide intro au piano.
Puis vient le tour du single "
King of Fools", doté d’énormément de claviers et d’arrangements en tous genres, comme ce chant passé au vocodeur avant le refrain comme sait si bien le faire Shagrath de
Dimmu Borgir. Un titre plus posé, presque spatial, où le chant superposé aux nombreux chœurs du refrain (comme sur la plupart des titres de cet album) fait toute la différence avec les autres groupes.
"Under the
Megadeth" continuera d’aplatir vos neurones de par son riff central énorme et puissant surmonté d’une batterie défonçant tout sur son passage, dans un déluge de notes et de mélodie, mais dans le style propre à
Edguy. Il n’est plus question de réminiscence d’
Helloween ou d’Iron Maiden,
Edguy est
Edguy, un point c’est tout, et sans doute pour la première fois. "Navigator" ralentit considérablement le rythme après l’intro érotique "
Lucifer in Love" (titre pleinement évocateur de son contenu !) et son feeling plus hard rock et simple rafraîchira un auditeur épuisé après plus de cinquante minutes de jouissance auditive.
Cette écoute se terminera sur une splendide "The
Spirit Will Remain", entièrement orchestrale, où le précieux organe de Tobias se mêle à des symphonies troublantes de sensibilité.
La petite touche humoristique propre à
Edguy se nommera "
Lavatory Love Machine", sympathique moment de 15e degré et moment favorisé pour les délires lors des concerts.
Le son (car je m’aperçois que je n’en ai pas parlé) est limpide, puissant et possède une aura très métallique, dans le sens où elle ne sonne ni "old school" ni vraiment moderne. Elle sonne metal, point !
Que dire de plus ? "
Vain Glory Opera" est l’album le plus symphonique, "
Theater of Salvation" le plus culte, "
Mandrake" le plus conventionnel (attention, je ne le dis pas dans un sens péjoratif !), "
Rocket Ride" le plus drôle et "
Tinnitus Sanctus" sans doute le plus sombre et solennel, et bien "
Hellfire Club" restera comme l’album le plus ambitieux et le plus musical enregistré par nos Allemands préférés, dépassant même de loin, au passage, les pères fondateurs.
Il est de ces disques repoussant toutes les limites, comme "Painkiller" en son temps, et s’inscrit comme un album indispensable pour tout fan de metal se respectant.
"
Hellfire Club" restera gravé dans l’histoire du metal, ni plus, ni moins !
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