Que vois je? Est-ce une compilation de musique techno? L’album prétentieux d’une modeste formation de rap français qui aime rouler les mécaniques? Non, rien de tout ça.
Est utilisé ici un genre de couverture que l’on voit assez rarement dans le registre metal. Et pourtant quelle autre forme musicale pourrait le mieux se rapprocher de l’image du bolide de course?
Et au volant de cet engin qui retrouve t-on? Rob
Halford, vétéran des circuits. Le
Metal God, comme on aime à l’appeler, nous ramène ici son 4ème opus studio, «
Made of Metal », un nom presque trop anticipé, mais qui colle assez bien au produit.
De savoir s’il arrivera jusqu’au podium ou s’il fera une sortie de piste, une analyse de la course s’impose donc.
Pas de démarrage en trombe, mais la vitesse augmente, gardant une ligne de conduite prudente. L’engin tient correctement à la route. « Undisputed » utilise un rythme plus soutenu, grâce à une persistance de riffs acérés, maintenant hors de distance les poursuivants.
Mais quelque chose nous turlupine dans le son quand même, et cela se vérifie sur les titres «
Fire and Ice » aux enchainements « power metal »; Et de manière plus démonstrative encore sur l'entêtant «
Made of Metal » aux accents un peu plus futuristes (voix), qui désorienteront les vrais fans du groupe.
On croyait que les jolis chants de Noël du troisième volume n’était qu’une parenthèse, mais en fait non. Rob
Halford ne souhaite plus faire dans le brutal et l’explosif, dans la chair d’un «
Resurrection » ou d’un «
Crucible ». La seule référence à ses deux précédents albums se retrouvera paradoxalement en toute fin, sur le titre «
The Mower », sec et abrupte.
Il y a une perte en puissance qui fait place à un gain en mélodie. Pour le
God, il n’est plus trop question de reprendre sa voix stridente et énervée, comme je l‘ai dit. C’est presque un total retour en arrière au fin fond de sa carrière chez les «
Judas Priest » qu’il nous amène. Le flash back sera évident sur le magistral « Speed of Sound », sur le copié collé « Matador », mais plus encore sur «
Hell Razor », dont on croirait voir tout droit sorti de l’album «
Sin After
Sin »; Qui aurait pu être une énormité, s’il n’y avait eu cette défaillance de la voix, à la peine sur les refrains (ça s’entend au timbre).
Sinon, le gros de l’album se fera autour de titres heavy à mid-tempo. Un heavy reposé et délassant qui atteindra son sommet sur l’éblouissant «
Thunder and
Lightning ». Des parties guitares qui glissent toutes seules sous le commandement du chef-mécanicien Roy Z, qui œuvre aussi à la production.
Par contre la batterie de Bobby laisse un peu à désirer. Elle est même piteuse à l’écoute de « I Know We Stand a Chance ».
Une composition soft, qui n’oubliera pas quelques titres plus mélancoliques à l’image d’un «
Heartless », qui fonctionne comme les battements et les soubresauts d’un cœur qui tente de se raccrocher à la vie, et du bonjour-tristesse « Twenty-Five Years » et ses couplets acoustiques.
Un titre au beau milieu de tout ça va complètement se démarquer, aussi bien de l’album que du style général chez «
Halford ». « Till the Day I
Die » est une étonnante expérimentation south rock. Un south blindé par des sons musclés et un chant de baroudeur des bayous.
Arrivé intact au stand, pas de coupe, un bon score en revanche, avec le sentiment du travail accompli.
Après la fournaise des deux premiers opus, l’hiver enchanteur de «
Winter Songs », place à la tiédeur printanière de «
Made of Metal ». Un album que certains jugeront « facile » et dénué de vigueur.
Une facilité déconcertante qui s’écoute sans fin (ou sans faim) pour ma part. La galette pourra être fade à chaud, mais en laissant refroidir (après plus de 2 écoutes) c’est délicieux.
15/20
Putain la honte, j'ai fait fort !!!
Bon, Alone , pitié pardonne-moi, on mettra ça sur le compte de la crève que j'ai depuis 3 jour et sur mon âge avancé ...
Ce « Made of metal » s’avère une fort bonne livraison hivernale et ne décevra pas les adeptes d’un heavy metal traditionnel mais toujours de grande qualité.
A son age avancé, le Metal God a compris qu’il n’avait plus à jouer les gros bras pour prouver quoi que ce soit au monde de la musique.
Pas donc ici de cris à ébranler les montagnes des Alpes ou à fendre en deux l’épaisse couche de glace de la banquise arctique, mais une musique maîtrisée et savamment étudiée pour faire mouche.
Halford gère donc tranquillement mais toujours intelligemment son capital avec une majorité de morceaux simples, efficaces avec juste ce qu’il faut pour accrocher l’auditeur avant de réserver ses meilleurs forces pour sortir deux ou trois titres majeurs par disque laissant toujours à vrai dire pantois par autant de talent d’interprétation et d’écriture.
Moins aventureux et varié que « Crucible », plus agressif que « Winter Songs », « Made of Metal » est sans doute à rapprocher de « Resurrection » tout en lui étant légèrement inférieur.
Néanmoins, il serait fort dommageable de faire l’impasse sur cette très bonne production du meilleur artisan du heavy metal de la planète. Et si finalement cette année le père Noël conduisait une Lamborghini blanche et noire aux lignes agressives ?
Ma critique complète ici : https://lediscoursdharnois.blogspot.com/2021/02/made-of-metal-halford.html
C'est marrant comme on peut avoir des visions différentes. Enorme déception pour moi cet album, 2 ou 3 morceaux sympas sans plus, "Made of Metal" est un titre poudre aux yeux à la vue de son contenu, et pourtant j'adore Rob !
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