La claque. La mandale. La peignée. Le coup de pied au cul. La branlée. Le passage à tabac. Y’a tant d’expressions pour désigner le fait qu’on s’est mangé un pain en pleine gueule. Non mais arrêtez de me regarder avec vos yeux exorbités, je ne me suis pas battu ! Je viens juste de sortir de l’écoute du septième et dernier album du fleuron Belge du
Brutal Death, les bien nommés chirurgiens d’
Aborted ! Car oui, ce nouvel album, c’est un crochet dans l’estomac qui vous met à genou, un uppercut qui vous met K.O., une fessée digne d’une réunion sado-masochiste, d’un... Oui, bref, rapide récapitulatif!
Créé en 1995,
Aborted est (presque) l’entité d’un seul homme, Sven de Caluwé (car seul membre restant du line-up original), et a vu passé en son sein un bon florilège de « personnalités » du
Metal : Sébastien « BST » Turvi, guitariste-chanteur dans bon nombre de formations (
The Order Of Apollyon et
Genital Grinder, pour ne citer que ceux là); Gilles Delecroix, batteur actuel des
Gronibard (ayant aussi joué dans
Belenos); Dan Welding de
Trigger The Bloodshed; etc… (Hé! Chui pas
Metal Archives!). Je ne dirais pas non plus que Sven a fait parti de pas mal de groupes (batteur-growler dans Leng Tch’e, chanteur dans
In-Quest, et actuellement growler dans le groupe de son épouse
System Divide).
Bref, avant toute chose, attaquons-nous à la discographie du groupe. Dès le début, on le savait déjà,
Aborted n’allait pas faire dans le fin : avec
The Purity of Perversion, le ton est donné,
Aborted fera dans le
Brutal Death très dégueulasse, avec quelques relents Carcassiens pour les textes et les pochettes. Un sérieux potentiel déjà, mais trop confiné dans les standards de l’époque. S’ensuit
Engineering the Dead, puis la consécration avec Goremageddon où le groupe a totalement trouvé ses repères et sa marque de fabrique : du riff rentre-dedans, pas de compromis et un sérieux décrochage de cervicales. Le tout bien entendu, soutenu par le guttural si particulier de ce cher Sven! Avec
The Archaic Abattoir, le groupe s’aventure sur des musiques plus aérées, plus construites, non sans perdre quelques fans au passage surpris par la « tournure » des évènements.
Slaughter & Apparatus confirme cette lancée dans la « mélodie » avec l’incorporation de plus de soli, et jusque là, le groupe ne m’avait jamais déçu. Jusqu’à l’arrivée de
Strychnine.213, où la déception a accompagné l’incompréhension : mais où est donc cette puissance, cette hargne, cette brutalité si chères à
Aborted? Tout n’est que platitude, soli un peu trop « épurés », et assez basique en somme.
Pas mauvais, loin de là, mais à des années lumières de ce que pouvait faire l’
Aborted que je connaissais. Même la pochette me semblait bien fade...
Le live auquel j’avais assisté au Summer Breeze m’avait foutu une bonne patate : aucun signe de
Slaughter & Apparatus, ni de
Strychnine.213, et une playlist dantesque, dont un nouveau morceau démentiel : The
Origin Of
Disease. L’annonce d’un nouvel album, ainsi que la vision de la pochette, avait fait l’effet d’une petite bombe dans ma tête : « Bordel, j’espère qu’ils vont pas faire un Strychnine 2… Pourtant,
Coronary Reconstruction avait annoncé un bon retour aux sources… Bah, on verra bien! » Si bien que deux semaines après, la vidéo de The
Origin Of
Disease fut mise en ligne… Et là, quelle avoine!
Aborted a bouffé du lion, et est revenu à ses bons vieux breaks qui vous fracassent (d’ailleurs le break à la basse vous assomme foutrement!)! Bon, c’est décidé, j’me commande le dernier! Car Sven ne s’est pas entouré de manches pour nous pondre cet album : Eran Segal, qui jouait avec lui dans
Whorecore et de Michael
Wilson de
System Divide (influences que l’on ressent tout le long de l’album au travers des soli) à la gratte; JB Van De Wal officiant dans Leaves’
Eyes à la basse et Ken Bedene à la batterie qui a officié pour les Blackeux de
Abigail Williams et les Deatheux de
Abysmal Dawn.
C’est donc de la version digipack (avec deux titres en plus) que votre cher serviteur va vous chroniquer.
Bref rapide coup d’oeil sur la pochette : pochette façon affiche de film, vous savez ceux de séries Z là, un peu gore, un peu cliché, des fois à la limite du nanar, mais qu’on se fait plaisir à regarder de temps à autre. Bref,
Aborted aurait il continué son retour aux sources? Le fait de trouver trois titres de l’EP précédent (
Coronary Reconstruction, From A Tepid Whiff et
Grime) serait il un présage de bon augure? Réponse dans les quelques lignes qui vont suivre!
Pendant l’intro,
Omega Mortis, l’impatience me tue, me scie, j’veux que le prochain morceau arrive... Mais ces riffs, cette batterie, ces roulements, ce suintement gras, dégoulinant, digne de certains groupes de Slam Death... Oui! Ils l’ont fait!
Aborted est de nouveau de retour! Dès les premières notes, on reconnait cette patte si chère au groupe, ça blaste, le débit insensé de Sven qui vous emporte loin, très loin! Pour sûr, Ken Bedene, n’est pas étranger à l’affaire! La double subit un matraquage en règle, pour le plus grand plaisir de nos cervicales, de nos oreilles, de mes tympans! Car oui, c’est avec un grand plaisir que j’écoute cet album, qui je pense, sera loin de me lasser!
Cette production les enfants, qui laisse entendre tout, mise à part la basse qui reste un poil en retrait (mais qu’on entend parfaitement lors de la mise en place de breaks, comme dans The
Origin Of
Disease), rien n’est mis en avant, tout est savamment dosé qu’on en prenne plein le cornet!
Aborted a toujours eu cette science de la rythmique qui tue (Of Scabs
And Boils, Vermicular,
Obscene, Obese, From a Tepid Whiff, Our Father, Who Art Of Feces), de sortir de ces breaks pour vous en mettre plein la tête (The
Origin Of
Disease,
Coronary Reconstruction, From a Tepid Whiff), de sortir des soli qui sont loin, très loin de Strychnine (
Coronary Reconstruction et Our Father, Who Art Of Feces pour leurs solos délicieusement géniaux, et
Grime pour son solo juste dantesque). Très bien amorcés, ils me font souvent penser à ceux du Archaic et du
Slaughter (même un passage de
Grime me fait légèrement penser au final de
Dead Wreckoning). Certains titres commencent à nous achever dès le début (Of Scabs
And Boils, The Kallinger Theory), à coups de riffs assassins et de rythmiques meurtrières. Donc oui, comme je le disais au début,
Aborted est bel et bien revenu : pour vous laminer! Et non content de pratiquer encore un
Brutal Death violent de décoffrage, le groupe y insuffle une touche moderne, saupoudrée d’une technique imparable et d’une précision chirurgicale! Et il n’a carrément pas oublié de nous gratifier de quelques samples judicieusement placés en début, milieu ou fin de chanson (
Coronary Reconstruction, Fecal
Forgery,
Endstille), ainsi que de quelques touches de piano, surprenant mais pas dérangeant, dans Expurgation Euphoria.
Pour ceux possédant la version classique de l’album, le final
Endstille (qui n’a aucun rapport avec le groupe du même nom) finit de nous lacérer du haut de ses six minutes trente: du mid-tempo, de la double de temps à autre, du solo à l’arrache, presque improvisé, du riff incisif et le growl impeccable de Sven. Chanson qui se termine par la phrase suivante « I’m the coming death, the destroyer of worlds », la messe est dite…
Pour les chanceux (comme moi, hé hé...), c’est à dire ceux qui ont la version digipack avec deux titres bonus, les fans ne risquent pas d’être déçus: on retrouve un
Aborted du début, sans solo, sans fioritures, balançant un
Brutal Death de derrière les fagôts, avec des riffs démonte-pneu où notre ami Julien Truchan de
Benighted (celui là même) vient nous pousser une petite chansonnette sur Eructations Of
Carnal Artistry.
En somme, un magnifique retour d’
Aborted, qui a bien appris de ses erreurs de Strychnine, pour nous pondre une bombe en puissance en ce début
2012! Certes, ça ne réinvente pas le genre, mais le groupe confirme sa place de leader sur la scène
Brutal Death Européenne avec nos Frenchies de
Benighted. Mesdames, messieurs, à l’écoute de cet album, vous allez roter du sang, mais vous allez adorer ça, et vous en redemanderez. Des questions?
2003 pas 2005
Les ambiances et les breaks dévastateurs sont le gros point fort de l'album sans aucun doute.
Par contre, je trouve que le groupe cherche à être trop technique, et le feeling dans tout ça?
Note: 15/20
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