En traversant les moindres paysages de ce
Gladiator's Tale, premier véritable album des Suédois de
Veonity, rapidement, une interrogation germe en nos esprits retors: le
Power Metal est-il voué à disparaître ? Loin de moi l'idée de jouer les devins de pacotilles tentant de prédire l'avenir en un globe de cristal embrumé mais force est de constater, en une époque, de plus, aux aspirations aussi versatiles que changeantes, qu'une créativité aussi convenue que celle présente ici ne peut, en aucun cas, constituer l'avenir du genre.
Mais point de constat définitif sans une analyse, aussi superficielle fut-elle. Le premier effort de ces Nordiques de
Veonity, d'un point de vue strictement musical, est un endroit dont chaque recoin nous est immédiatement familier. Désespérément familier même. Et ressassant sans cesse les gammes apprises d'un
Power Metal dangereusement classique (avec des groupes tels
Hammerfall en ligne de mire), usant donc de chacun de ces artifices les plus connus, le quatuor natif de Vänersborg étouffe d'emblée la moindre de nos velléités bienveillante à son égard.
En outre, cet aspect résolument guilleret que certains passages revêtent, et notamment les refrains, ne sera pas nécessairement du goût de chacun (des pistes telles qu'Into the
Eternity,
Slaves in à Holy
War ou
Farewell en sont l'exemple le plus consternant). Tout comme d'ailleurs cette tendance à souvent offrir à ces titres une cadence plutôt élevée soutenue par ces sempiternelles doubles-croches de doubles grosses-caisses (
Phoenix Arise, For the
Glory,
Gladiator's Tale,
King of the Sky...). Et ne parlons même pas de ces claviers symptomatiques, certes, peu envahissants mais dont chaque intervention nous rappelle douloureusement les pires heures de cette mouvance. Ni même de ces soli de guitares dont certains passages un peu trop démonstratifs nous ennuient.
Au cœur de cette tragédie où chaque pan terne s'écroule écrasant nos âmes contrites, seul le travail vocal d'un Anders Sköld arrive péniblement à nous extraire de ces décombres. Enfin tout au moins lorsque le vocaliste nous propose autres choses que ces aigus coutumiers stéréotypés et qu'il se contente de ces prestations médiums au grain intéressant proche parfois, toutes proportions gardées, d'Hansi Kursch (comme par exemple sur Let me
Die ou sur
King of the Sky) ou de Joakim Brodén.
Evidemment, bon sang ne saurait mentir, ce
Gladiator's Tale, en élève appliqué, nous offre aussi les instants intimistes et suaves d'une ballade sucrée. Ce
Warrior of Steel puisque c'est lui dont il s'agit, baigne tour à tour dans la bravitude épique, l'émotionalité touchante et la théâtralitude aux accents légèrement britanniques (Queen) voir américains (
Meat Loaf). Malheureusement, là encore, le voyage s'égare bien trop dans les poncifs les plus consacrés pour véritablement nous séduire.
Gladiator's Tale est donc un disque perclus de défauts qui s'enlise dans les clichés les plus traditionnels, et, accessoirement, les plus embarrassants, d'une mouvance qui peine à se réinventer. L'horizon est donc bien morne pour cette scène
Power Metal moribonde. Allongé au fond de ce trou, elle agonise sans cesse alors que certains fossoyeurs, tels
Veonity, n'hésitent pas à jeter une poignée de terre, essayant de la recouvrir définitivement.
Non Veonity n'a rien inventé.....mais ça sonne bonbon et c'est bon!!!!!
Maintenant que la technologie est à la portée de tous...chacun essaye d'en tirer profit.....et surtout de vivre d'espoir de leur PASSION.
Point à la ligne.
Cela étant dit, on peut ne rien avoir inventé et faire preuve d'un minimum de personnalité. Je ne vois pas pourquoi se contenter de cultiver, ad vitae æternam, les mêmes clichés éculés, serait acceptable.
Chacun son truc mais, personnellement, je préfère largement la démarche de Rocka Rollas qui, dans un genre un peu différent,n'a, lui non plus, rien inventé mais qui lui, au moins, se sort les tripes...
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