Fort de trois albums solides et du succès la tournée mondiale actuelle sobrement intitulée ‘
Terrible Certainty Tour 1987/1988’,
Kreator et son label Noise Records sentent qu’il est désormais temps de passer à la vitesse supérieure, en prenant un ingénieur du son d’envergure internationale. Impressionné par
Megadeth et son atemporel Peace Sells, Mille Petrozza suggère l’ingénieur américain
Randy Burns, proposition aussitôt acceptée par l’ingénieur et le label. Le quatuor (Petrozza, Ventor, Fioretti et Tritze) entre donc au Hansa Tonsudio de Berlin en septembre 1988, dès la fin de la tournée mondiale.
Toutefois, bien que persévérant et optimiste,
Randy Burns doit se rendre à l’évidence, alors que Mille commence à enregistrer ses lignes vocales : le matériel mis à disposition ne permet pas d’avoir le son recherché et tout doit reprendre à zéro, en particulier le son de batterie le plus insatisfaisant. Si Roy Rowland n’a pas eu cette seconde chance lors de l’enregistrement en demi-teinte de
Terrible Certainty, Noise Records décide cette fois de mettre le paquet en envoyant
Kreator à
Los Angeles en janvier 1989, aux fameux Music
Grinder Studios, que
Randy connait comme sa poche. A l’aise sur scène mais peu enclin aux sessions en studios, Tritze reste quant à lui en Allemagne, charge à Petrozza de se charger de l’enregistrement de toutes les guitares, comme ce fût d’ailleurs le cas sur
Endless Pain et
Pleasure to Kill.
De son côté, Noise Records marque un point essentiel en parvenant à confier toute la promotion et la distribution aux Etats-Unis à la major
Epic Records, disposant d’une manne financière considérable. Désirant changer de dessinateur à la place de l’excellent Phil Lawvere,
Kreator contacte quant à lui Robert Gonnella, pour illustrer son quatrième album à venir, baptisé
Extreme Aggression, en lien direct avec l’un des morceaux les plus percutants du nouvel album à venir. Le dessin proposé ne plait toutefois ni au groupe ni au label, hélas désormais pris par le temps, la sortie du disque étant déjà programmée en juin 1989, ce qui explique le choix de dernière minute d’une photo du line-up retouchée, qui ne sera majoritairement ni du goût de la presse ni du public, bien que je n’aie personnellement jamais bien compris cette aversion.
Malgré quelques inquiétudes générées par le contenant, le thrasher s’aperçoit dès les premières écoutes que, quoiqu'un poil moins brutal et armé d'un son plus propre (mais toujours aussi corrosif et plus percutant),
Kreator n'a pas vraiment changé dans le fond.
Extreme Aggression s’ouvre en effet sur le titre éponyme donnant de suite le ton, avec les rythmiques nerveuses de Ventor soutenant les riffs incisifs de Mille Petrozza, et son chant toujours aussi teigneux et rocailleux.
Kreator enchaîne les bons morceaux, comme
Stream Of Consciousness ou Love Us Or
Hate Us, tout en lâchant quelques ogives bien plus meurtrières, à l’image de
Betrayer, Dont’
Trust ou No
Reason To
Exist aux accélérations assassines, sans compter l'incontournable Some
Pain Will Last, titre impeccablement calibré et montant idéalement en puissance, à la force et à l'atmosphère formidables.
Extreme Aggression bénéficie en outre d’une production nette, dotant l’ensemble d'un dynamisme qui apporte du mordant et de la clarté, sans perdre une once de l'odeur de souffre caractéristique du quatuor germanique.
Très thrash (à la manière d'un
Agent Orange ou d'un Release From
Agony), moins sombre que ses trois prédécesseurs,
Extreme Aggression montre
Kreator toujours aussi rageur et inspiré, bien déterminé à conserver une place de choix sur le trône du thrashmetal allemand, aux côtés de Sodom et
Destruction, dont le stakhanovisme (répétitions, sessions studio et concerts à répétition) est loin d'être étranger à leur succès respectif.
Fabien.
Pochette très réussie par ailleurs qui aurait été beaucoup plus adaptée et ayant été montrée dans les magazines de l'époque pour en assurer la promo.
Quoiqu'il en soit, j'ai un faible pour cet album. Les paroles de "Betrayer" ayant été gravées sur un bureau d'école et sur mon classeur de maths en cette année 1989(!).
Le dernier titre, dans une veine progressive à tout casser est une tuerie, mais ce n'est pas le seul!
on a les mêmes souvenirs...
Juste pas d'accord pour le fait de qualifier le titre "Betrayer" de simplement honnête car c'est perso une des tueries de l'album aux côté de celle que tu cites; pour le reste chro nickel rapport à mon ressenti. Le clip passait chaque semaine sur Headnager's ball, il m'hypnotisait ... cette accélération de la caméra suivant celle du solo ... Un classique.
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