Tous les groupes de Visual Kei se ressemblent. Non mais sincèrement, n'avez vous pas l'impression d'avoir toujours affaire aux même mecs déguisés en fille qui jouent des génériques de manga? Certes le propos est dur et réducteur mais il est tout de même nécéssaire de souligner que le succès du style depuis quelques années est tel que les groupes au talent discutable prolifèrent. Par conséquent les « clones » sont légion et il est nécéssaire de discerner le grain de l'ivraie.
Au premier abord
Ayabie a tout du groupe cliché qui fait son beurre sur les stéréotypes du Visual Kei et de la scène J-Rock en général. Des musiciens travestis et bariolés de manière exubérante un titre d'ouverture dont les premiers accords auraient pu provenir d'un album de l'
Arc En Ciel, d'autres titres inspirés de
Dir En Grey, bref tout cela sent le foutage de gueule à plein nez.
Oui mais voilà, lorsque les japonais font quelque chose, ils le font bien. Et
Ayabie ne déroge pas à cette règle. La musique du groupe est loin d'être mauvaise et forcément on y revient. Puis petit à petit, écoute après écoute les morceaux du groupe se font un chemin dans votre cerveau. La musique révèle alors toutes ses subtilités et sa diversité. En effet, si les influences du groupe sont reconnaissables entre mille, l'assemblage de celles ci est des plus intéressants.
Ainsi nos 5 japonais passent allègrement du J-Rock enjoué ("Kisumiisunou") à des ambiances gothiques ("
Gothic Party Speed Session") ou flirtent avec le Neo-
Metal progressif de
Dir En Grey (Da-Gi-E). Si comme dit précédemment les influences du groupe sont évidentes et non dissimulées, le groupe les incorpore à un canevas musical varié qui finit par se révéler plus original qu'il n'y paraît de prime abord.
Un morceau comme "Mazochi – Sangatsu Ni Mita Yume No Saikousei" résume bien le contenu de cet album. Entre violence et montées furieuses qui terminent sur un refrain survolté, solo de guitare hamronisé, riffs dissonants et basse syncopée qui claque. Tout cela avec une cohérence rare grâce au talent de composition des musiciens. Ou encore le surprenant "Japanese Rourezo Caramel Town" avec ses instruments traditionnels japonais en intro et son ambiance comme on n'en fait qu'au Pays du Soleil Levant, ainsi que la sublime ballade "Atama Ga Okashii" finiront par convaincre l'auditeur de la qualité de cet album.
Rien ne semble laissé au hasard sur cet album, donnant l'impression qu'
Ayabie maîtrise très bien son sujet. La polyvalence des musiciens, capables de passer d'un style à l'autre, parfois au sein d'un même morceau, est là pour en attester. Les guitaristes sont réellement inspirés pour tour à tour sortir des riffs efficaces, des mélodies douces ou sauvages, voire même de très bon soli de guitare ("Kisumiisunou" ou "Assyuku Roll" entre autre). Un batteur au jeu riche et un bassiste qui n'hésite pas à apporter des variations à ses riffs soutiennent l'ensemble. Quant au chant, s'il n'a rien d'original, celui ci est toujours juste et étonne par sa polyvalence.
Vous l'aurez donc compris,
Ayabie n'est donc pas qu'un groupe de poseurs, mais une formation de qualité. Si la musique du combo peut paraître un copier/coller de ce qui se fait déjà en terme de J-Rock, celle ci finira par se révéler à l'auditeur. Un très bon album à recommander aux fans de l'
Arc En Ciel,
Dir En Grey (toutes périodes confondues) ou
Malice Mizer. Ah décidément, ils sont irrésistibles ces Japonais...
Notamment que le batteur est vraiment bon et qu'il faut plusieurs écoutes pour apprécier la pleine mesure de cet album difficile d'accés pour un métalleux anti-visualeux.
Ceci dit je ne recommanderais pas nécessairement Ayabie à un fan de Dir en Grey. Les premiers sachant faire preuve de légèreté, d'agressivité, de nostalgie nippone tant dis que les deuxiemes s'entourent de noirceur, de désespoir glauque et de fureur (voir tous les albums de Dir en Grey mis à part quelques chansons sur Gauze et Macabre). Quant à l'Arc en Ciel on peut dire qu'Ayabie, particulierement sur cet opus, montre bien plus de folie que les compos beaucoup trop convenues du groupe cité plus haut.
Sinon merci d'avoir chroniqué cet album, ça fait plaisir!
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