En ce 11 septembre 2001 aux alentours de 10h00, la tour sud du World Trade Center, complexe d'immeuble d'affaire du Lower Mannhattan de
New York City, s'effondre. Moins d'une demi-heure plus tard sa jumelle, la tour Nord, s'écroule à son tour. Cet attentat d'un genre nouveau fera au total plus de 2700 victimes. L'Amérique invincible vient d'être la cible d'une odieuse agression. Elle a été perpétré par de radicaux islamistes, ardents défenseurs contre le barbarisme de l'immonde impérialisme américains et de tous ces états démocrates qui sont les sentinelles de leurs terres, les affameurs de leurs enfants, les assassins de leurs sœurs et le bras armant leurs rivaux. Avec ces tours ce n'est pas seulement les certitudes d'une Amérique confortablement vautré dans ses propres convictions sécuritaires qui s'écroulent, mais celle d'un monde entier. Car désormais le danger n'a plus de frontière. La menace est partout. L'ennemi est capable de tout. Les gouvernements décisionnaires sont en périls face à un terrorisme moderne instauré par ces soldats de dieu fanatiques. La peur grandit. Une ère nouvelle est née.
Dans ce contexte hostile, l'artiste à la sensibilité exacerbée tente maladroitement d'exorciser ses démons. Il compose, il écrit, il peint, il filme. Il crée. Blackie
Lawless, atteint au plus profond de son esprit troublé, va laisser libre court à cette obscurité créative qui l'envahit. S'interrogeant avec sérieux sur l'humanisme de ces civilisations orientales parfois aveuglés, il compose fébrilement, dans une frénésie inaccoutumée, un album sombre. En 2002 sort donc ce nouvel opus intitulé
Dying for the World.
Pour commencer cette analyse évoquons, tout d'abord, quelques éléments purement logistiques et techniques. Parlons donc des départs en évoquant celui du guitariste
Chris Holmes qui, une fois encore, a quitté l'aventure laissant sa place au talentueux Darell Roberts. Mais parlons aussi de celui du batteur Stet Howland au profit de Frankie Banali, vieux compagnon de toujours. Disons, finalement, que ces changements ne vont étonnamment en rien bouleverser la nature musicale du groupe. Bien au contraire, outres les nuances introduites sciemment par un Blackie
Lawless inspiré, rien ne peut ressembler davantage à un album de
WASP que les cicatrices habituelles de
WASP que l'on retrouve sur cet album-là. Pour être tout à fait honnête ce phénomène s'explique sans doute par le fait que le chanteur guitariste règne, et parfois même seul, depuis longtemps en son royaume.
Poursuivons ensuite par l'aspect plus purement musical. Dès les premières mesures d'un
Shadow Man, au préambule alourdis de ces riffs froids et implacables que nous pourrions croire, dans une certaine mesure, issu de KFD, Blackie
Lawless, fort d'une implication émotionnelle tangible, nous entraîne dans les profondeurs ténébreuse de son âme. Le morceau délicieusement noir n'est cependant pas une variation sur le thème Indus autrefois exploré par ces américains mais bel et bien le fruit heureux de cette logique Heavy "
WASPienne" déjà retrouvé sur
Unholy Terror. A ce titre My Wicked
Heart, dans lequel Blackie fait son introspection sur ses capacités personnel à juger ceux que tout, et tous, désignent comme les coupables évidents,
Hell for
Eternity, Revengeance (Be Thy Name) ou encore, par exemple,
Stone Cold Killers sont des morceaux dans la plus pure tradition créative de l'artiste.
Mais
Dying for the World, au-delà de cet aspect traditionnel, démontrent quelques qualités supplémentaires remarquablement séduisantes. Atypique, l'œuvre s'est alourdie de la colère, de la frustration et des émois troubles de son auteur, de ses musiciens et du monde tout entier. Ainsi, loin des titres aux mélodies et aux climats moins graves déjà évoqués, elle nous propose de nous immerger dans la pénombre de morceaux plus pesant tels que sur un Black Bone Torso au rythme et aux airs pesant sur lesquels Blackie vient déposer ses mots parlés. Mais aussi tels que sur l'excellent Hallowed
Ground, repris une seconde fois dans une version acoustique afin de clore l'album, ou encore tels que, par exemple, sur Trail of Tears.
Quoiqu'il en soit cette œuvre est donc une réussite. Sombre et obscure, elle n'en oublie pas d'être âpre et virulente, défendant un Heavy inspiré dans lequel on ressent toute l'implication de son créateur tourmenté par les affres d'un monde nouveau et effrayant.
Merci pour la chro Dark. Je connaissais mal ce disque que j'avais vite revendu à sa sortie. Je l'ai racheté récemment et franchement il m'a très agréablement surpris. Darell Roberts est une belle découverte pour moi. Les compos sont solides, même si parfois très proches de titres déjà connus du groupe, mais bon...
Et enfin, bien sur, il reste Blackie. J'ai trouvé son chant excellentissime sur ce disque. Quelle émotion dans la voix! Sur un "Trail of tears" globalement poussif, il emporte le titre. Avec ce disque, je confirme que l'on revient toujours à son premier amour.
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